Ces failles réglementaires que la FIA devrait corriger en 2024 (2/2)

Drapeaux rouges et Parc fermé : vers plus de pragmatisme ?

Par Alexandre C.

28 janvier 2024 - 13:31
Ces failles réglementaires que la (...)

Depuis le Grand Prix d’Abu Dhabi 2021 au moins, les fans de F1 ont parfois l’impression qu’il y a plus de courses avec une polémique liée à l’application du règlement, par la FIA, que de courses sans polémique…

Il faut dire que les derniers GP ont fait apparaître plusieurs failles, incertitudes ou injustices réglementaires – que la FIA ferait bien de régler.

Si des progrès sont tout de même à saluer du côté de Niels Wittich, le directeur de course de la FIA, la Fédération sise place de la Concorde doit aussi faire face à un turn-over important, qui complique la donne.

Suite et fin de ce tour d’horizon réglementaire…

Sanctionner les pilotes qui déclenchent des drapeaux rouges ou jaunes en qualifications ?

Michael Schumacher, Nico Rosberg, Charles Leclerc et Sergio Pérez, que ce soit volontairement ou involontairement, l’ont expérimenté à Monaco : ces pilotes avaient signé un temps probant dans le premier tour en Q3 ; puis, dans leur deuxième, ils avaient causé un drapeau jaune ou rouge.

Par exemple en 2014, après avoir signé le meilleur temps, Nico Rosberg loupait son freinage au Portier et tirait tout droit. S’il l’avait fait exprès, c’était en tout cas du grand art…

Charles Leclerc, lui, en 2021, avait signé le meilleur temps dans son premier tour de Q3… avant de se crasher dans son deuxième tour de Q3. Il ne put prendre le départ le lendemain, à cause d’une boîte de vitesses endommagée.

Ces incidents posent question : faut-il sanctionner les pilotes causant des drapeaux rouges ou jaunes en qualifications, pour empêcher toute tentation coupable ?

C’est le cas en IndyCar, où depuis des années, les deux tours les plus rapides de tout pilote jugé responsable d’un drapeau rouge pendant n’importe quelle phase de qualification sont supprimés.

En F1, Carlos Sainz est par exemple de ceux voulant qu’une telle règle, similaire à l’IndyCar, soit adoptée. « Sans commenter le fait de savoir si c’est vrai ou non » soulignait-il en 2022 au sujet de l’incident causé par Sergio Pérez à Monaco (crash en Q3), « la vérité est que tous les pilotes aimeraient une règle stipulant que quelque chose doit être fait si quelqu’un provoque un drapeau rouge ou un drapeau jaune, que ce soit intentionnel ou pas, car il compromet les autres pilotes. Il doit y avoir une pénalité pour cela. Sinon, nous allons tous commencer à jouer avec ça. Et j’ai vu des choses se produire ces dernières années, bien plus qu’on ne le dit dans les médias. »

Face à la demande des pilotes, qui veulent expérimenter cette règle, la FIA va lancer cette année un test, en F2 et F3. Les commissaires pourront supprimer le meilleur temps au tour d’un pilote jugé "seul responsable de l’émission d’un drapeau rouge". Désormais, l’article 33.5 du règlement sportif disposera donc que le pilote à l’origine d’un drapeau rouge ‘peut’ être puni.

Le mot intéressant ici est "peut". La FIA a délibérément choisi cette formulation pour laisser la possibilité aux commissaires sportifs de déterminer si la pénalité est effectivement infligée. Ainsi, une exception peut être faite dans des cas exceptionnels ou en cas d’accident.

Changer les règles du Parc fermé pour le sprint

Les règles du Parc fermé lors des week-ends sprint sont-elles trop strictes pour les équipes ?

Sur un GP au format normal, les directives régissant les ajustements possibles sur les réglages et la structure des véhicules ne prennent effet qu’au moment des qualifications – juste après les EL3.

Toutefois, dans le cadre des sprints (format 2023), les qualifications arrivent dès le vendredi soir, après une seule séance d’essais libres.

Les équipes sont donc tenues de fixer des réglages définitifs, pour le reste du week-end, après seulement une heure de roulage. Or si une équipe se trompe, ce qui est probable compte tenu du peu de roulage, elle devra traîner ces mauvais réglages comme un boulet jusqu’au dimanche soir.

À Austin, cette situation a même mené aux disqualifications de Lewis Hamilton et Charles Leclerc : Mercedes et Ferrari n’avaient pas récolté assez de données pour jauger de l’usure trop importante du fond plat. Les réglages adoptés avaient été ainsi bien trop permissifs.

« Si vous vous êtes trompé ne serait-ce qu’un peu lors des Libres dans vos réglages, vous êtes coincé avec cette configuration pour le reste du week-end sprint. C’est vraiment nul » souligne par exemple Max Verstappen, pas un grand amateur d’ailleurs des sprints. « Mais une fois que vous prenez le mauvais virage en termes de réglages, vous ne pouvez plus revenir en arrière. Tout au plus, vous pouvez forcer un peu les choses avec la pression des pneus. Mais si les valeurs prescrites sont déjà très élevées, alors vous êtes foutu. »

L’ajustement du week-end sprint prévu cette année (reprogrammer les qualifications pour le Grand Prix au créneau traditionnel du samedi après-midi) pourrait donner l’occasion de changer la règle du Parc fermé en week-end sprint. La FIA pourrait ainsi repositionner le début du Parc Fermé après la course sprint (qui serait désormais prévue le samedi, avant les qualifications).

Cette règle étrange sur le drapeau rouge...

Un aspect singulier du règlement a été révélé durant le Grand Prix du Brésil l’année passée, et avait grandement nui à la course de Daniel Ricciardo et Oscar Piastri.

Suite à des dommages subis lors du tour initial de la course, ces deux pilotes avaient dû s’arrêter aux stands pour réparations - alors que la voiture de sécurité était en piste.

Or au tour suivant, le drapeau rouge avait été brandi suite aux incidents du premier tour. Les pilotes avaient alors passé la ligne de chronométrage dans la voie des stands.

Mais, lors du redémarrage de la course, il fut considéré que Ricciardo et Piastri étaient un tour derrière le reste des participants.

En clair, Ricciardo était rentré au garage à la fin du premier tour, tout comme Oscar Piastri, tandis que les autres pilotes encore en course avaient effectué un deuxième tour avant le drapeau rouge. Une fois passées par la voie des stands après la décision de mettre un drapeau rouge, les autres voitures ont donc pris un tour d’avance, mais l’Australien ne comprenait pas qu’il n’ait pas eu l’occasion de reprendre son tour.

« Je pense tout d’abord que cela a mis en évidence une faille ou quelque chose dans les règles parce que je n’ai jamais eu l’impression que nous ayons fait un tour de course - et puis vous commencez déjà la course avec un tour de retard » avait ainsi râlé Daniel Ricciardo.

Le cas était certes exceptionnel ; mais a mis en lumière une certaine inconstance dans le règlement. Car en temps normal, durant les périodes de voiture de sécurité, les pilotes ont la possibilité de recoller au tour de tête.

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