Antonelli hanté par son rôle dans le titre perdu de Verstappen

Kimi Antonelli a laissé transparaître toute la pression accumulée lors des dernières semaines de la saison en interrogeant son équipe, immédiatement après l’arrivée du Grand Prix d’Abu Dhabi, sur l’écart ayant privé Max Verstappen du titre mondial.

Dimanche, à Yas Marina, Verstappen a remporté sa huitième victoire de l’année, mais a échoué à seulement deux longueurs du nouveau champion du monde, Lando Norris, troisième en course et sacré pour la première fois.

À peine passé sous le drapeau à damier en 15e position, Antonelli a demandé à son ingénieur de course Peter Bonnington un point sur la situation au championnat.

"Donc Norris a remporté le championnat ?" a lancé le jeune Italien.

"Affirmatif, oui," lui a répondu Bonnington.

Antonelli a alors enchaîné : "De combien ?"

"Alors Norris P3, 16 secondes et demie...," a commencé Bonnington.

"Non, mais... de combien de points ?" a rectifié Antonelli.

Bonnington a finalement précisé : "C’était juste deux, seulement deux points."

Un soupçon infondé qui avait mis le feu aux poudres

Cet échange intervient dans un contexte déjà lourd autour d’Antonelli. Le pilote Mercedes avait été accusé quelques jours plus tôt, par Helmut Marko, alors encore conseiller de Red Bull, d’avoir "volontairement" laissé passer Norris lors du Grand Prix du Qatar.

À Losail, Antonelli avait commis une erreur dans l’avant-dernier tour, permettant à Norris de s’emparer de la quatrième place et de marquer deux points supplémentaires… ceux-là mêmes qui, in fine, ont fait basculer le championnat.

Sous la pression d’un tollé immédiat et après une vague de commentaires haineux - jusqu’à des menaces de mort - envers Antonelli, Marko avait présenté ses excuses et retiré ses propos.

Antonelli s’était déjà retrouvé malgré lui au cœur de la lutte pour le titre en Autriche, où il avait accidentellement envoyé Verstappen en tête-à-queue et provoqué son abandon. À chaque fois, le quadruple champion du monde avait pris sa défense, rappelant que son jeune rival n’avait rien fait de mal et lui apportant un soutien public clair.

Après Abu Dhabi, le pilote Mercedes semblait vouloir assumer une part de responsabilité dans l’issue du championnat. Dans une vidéo diffusée par l’équipe allemande, on le voit aller retrouver Verstappen dans la zone média pour lui présenter ses excuses.

Verstappen, fidèle à la ligne qu’il a affichée ces dernières semaines, l’a immédiatement rassuré.

"Mec, ne t’inquiète pas," lui a-t-il dit avec un sourire et une accolade chaleureuse.

En dépit de ce geste apaisant, Antonelli a de nouveau été la cible de menaces en ligne après la course d’Abu Dhabi, au point de désactiver à nouveau les commentaires sur ses réseaux sociaux.

Il reste à espérer que l’attitude mature et bienveillante de Verstappen pourra contribuer à calmer les esprits et protéger Antonelli, encore âgé de seulement 19 ans et plongé au cœur d’une bataille pour le titre qu’il n’avait jamais souhaité influencer.