Alpine F1 est-elle devenue une ‘machine à broyer’ les carrières ?

Comment sortir de la transition permanente ?

Par Franck Drui

29 janvier 2024 - 14:39
Alpine F1 est-elle devenue une (...)

Laurent Rossi, Otmar Szafnauer, Alan Permane, Pat Fry… plusieurs hauts dirigeants d’Alpine F1 ont été renvoyés dans leurs pénates ces derniers mois.

Désormais, Bruno Famin a instauré une hiérarchie plus claire à la direction de l’équipe. Mais le fait est qu’Alpine est en retard sur son calendrier sportif.

L’an dernier, l’équipe a été débordée par Aston Martin F1 et McLaren au classement des constructeurs, et sauf surprise, Alpine ne devrait pas figurer au rang des écuries de pointe cette année non plus.

Matt Gallagher a livré son jugement sur la situation actuelle de l’équipe. L’ancien patron des moteurs Cosworth en F1, aujourd’hui observateur du sport, estime que le mal d’Alpine venait de plus loin. Mais Gallagher, contrairement à beaucoup, ne pense pas forcément à l’organisation géographique même de l’équipe, séparée entre l’usine châssis à Enstone et l’usine moteur à Viry, de l’autre côté de la Manche.

« Ce qui est regrettable, c’est que rien de tout cela n’est une surprise dans l’histoire d’Alpine. »

« Tout est terriblement prévisible, parce que les problèmes semblent se répéter, se répéter et se répéter. »

« Et on se demande pourquoi Renault ne réalise pas que le problème n’est pas à Enstone, mais bien eux. Regardez dans le miroir. Le problème vient de la façon dont Renault structure cette organisation, l’a structurée dans le passé, la façon dont les dirigeants ont été nommés, les rôles et les responsabilités attribués. »

« Laurent Rossi, manager très expérimenté, très qualifié sur le plan académique, ayant une grande expérience de la gestion dans le monde des affaires, est un parfait novice en matière de Formule 1. Pourquoi quelqu’un, que ce soit lui ou quelqu’un d’autre, pense-t-il qu’il va se glisser dans ce rôle et qu’il sera immédiatement capable de faire le genre de progrès et la différence qui s’imposent ? C’est pourquoi l’expérience est si importante. »

« Qu’il s’agisse d’un pilote, d’un ingénieur ou d’un directeur d’écurie, connaissez-vous parfaitement ce secteur, ce qui fait la différence et comment il fonctionne ? Et si la réponse est non, vous ne pouvez pas apprendre sur le tas, car il s’agit d’un environnement incroyablement compétitif, qui n’accepte pas les idiots [sic] avec plaisir. »

« C’est pourquoi je suis désolé de constater que cet environnement est devenu une sorte de machine à broyer pour les personnes dont la carrière et la réputation ont été endommagées. Et je suis désolé pour une équipe qui n’atteint pas le succès final que nous voudrions qu’elle atteigne. C’est un peu comme si l’équipe était en transition permanente. »

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Alpine pourrait imiter le modèle Mercedes

Pour Gallagher, il faut un patron, et un seul à la tête d’une équipe. Comme Christian Horner chez Red Bull ou Toto Wolff chez Mercedes.

Alpine a au moins avoir emprunté cette voie, depuis la nomination de Bruno Famin qui semble seul maître à bord...

« Il faut une structure claire et concise, des rôles et des responsabilités, quelqu’un qui a son nom sur le bureau, c’est à lui que revient la responsabilité. »

« Qu’il s’agisse de Toto Wolff chez Mercedes-Benz, de Christian Horner chez Red Bull ou de Frédéric Vasseur chez Ferrari, vous avez besoin de cette personne qui dirige littéralement l’équipe. »

« Peu importe qu’une équipe de Formule 1 soit aujourd’hui une très grande organisation, elle a toujours besoin d’un patron d’équipe, d’un chef d’équipe avec une responsabilité claire pour conduire le succès de l’organisation. Et les responsables de la F1 doivent être clairement distincts de ceux de la division automobile. »

Autre solution à mettre en place selon Gallagher : détacher davantage l’équipe F1 de l’ensemble du Groupe Renault.

Là encore, c’est une direction prise par Alpine F1, qui a vendu 24 % de son capital à un groupe d’investisseurs incluant des sportifs célèbres comme Ryan Reynolds, ou Rory McIlroy.

« Cet accord est intéressant. »

« En effet, Mercedes ne possède que 33 % de son écurie de Formule 1 et, si j’étais Renault, je regarderais de très près le modèle de Mercedes.

« Parce que c’est une chose dont Alpine n’a pas besoin : être gérée comme une filiale d’un constructeur automobile. Elle a besoin d’une autonomie totale, de son propre budget, de sa propre direction, de sa propre structure, et de pouvoir faire son travail comme Mercedes a permis à Toto Wolff de le faire. »

« Oui, bien sûr, Toto et Niki Lauda étaient responsables. Ils avaient leurs réunions de conseil d’administration à Stuttgart et ils s’asseyaient pour parler à Mercedes de ce dont ils avaient besoin pour gagner, mais ils partaient ensuite avec une autonomie totale pour faire ce qu’ils avaient à faire. »

« Pour moi, il manque une étape dans la structure de Renault et d’Alpine. Il faut une sorte de cloison très claire entre l’équipe de Formule 1 et l’ensemble de l’activité automobile. »

« Ainsi, l’équipe de Formule 1 pourrait simplement avancer, faire le travail qu’elle doit faire, dirigée par des personnes qui ont une grande expérience du sport et qui peuvent simplement demander aux actionnaires, "voici l’argent dont nous avons besoin pour l’investissement, voici ce dont nous avons besoin pour faire les pas que nous devons faire en tant qu’équipe pour aller de l’avant". »

« Alpine, ce n’est pas une mauvaise équipe de Formule 1, mais elle n’est pas de première classe, mais de deuxième. Si elle aspire à gagner, ce que Luca de Meo dit vouloir, elle est loin, très loin d’avoir fait cette percée. »

Alpine F1 Team - Renault

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