Neale explique le cauchemar logistique que causerait un hard Brexit

Un risque qui n’est pas improbable aujourd’hui

Par Alexandre C.

30 novembre 2018 - 18:15
Neale explique le cauchemar logistique

Après Toto Wolff, c’est au tour de Jonathan Neale, le directeur de l’exploitation de McLaren, de tirer la sonnette d’alarme : un « hard Brexit » ou « no-deal Brexit » serait potentiellement destructeur pour l’industrie du sport automobile au Royaume-Uni.

Le 11 décembre, Theresa May doit proposer au vote, à la Chambre des Communes le « deal » qu’elle a trouvée avec l’UE sur le Brexit. Il est probable que le vote soit négatif, en raison des oppositions des conservateurs « hard Brexiters », des travaillistes et du petit parti unioniste nord-irlandais, le DUP, qui conditionne la majorité gouvernementale. En cas de vote négatif, la possibilité d’un no-deal Brexit serait ainsi considérablement renforcée.

Or, de nombreuses écuries sont basées au Royaume-Uni : Mercedes, McLaren, Williams, Racing Point Force India, Renault (à Enstone) et Red Bull. Haas a également des installations à Banbury. Seules Sauber, Ferrari et Toro Rosso sont basées en Suisse ou en Italie.

Jonathan Neale suivra ainsi avec attention l’actualité parlementaire des prochains jours… et non sans une certaine angoisse.

« Les problèmes décisifs seront l’efficacité du franchissement de la frontière pour les deux parties et les personnes, ainsi que les coûts administratifs. McLaren F1, toutes les deux semaines, pour un Grand Prix, transporte 40 tonnes et 100 personnes dans 20 pays et cinq continents, et doit réaliser une grande diversité de contrôles aux frontières. Actuellement, il y a des procédures bien normées pour régler ces problèmes douaniers de manière fluide. »

« L’une des choses que nous faisons, c’est travailler avec la F1, les douanes britanniques, et nos fournisseurs logistiques comme Fedex et DHL, pour essayer d’anticiper la décision et de faire du lobbying, pour s’assurer que nous puissions continuer à travailler de manière efficiente, pour éviter encore que les coûts administratifs et les charges ne s’alourdissent démesurément, ce qui mettrait en risque notre capacité à assurer le spectacle sur la piste. »

« En cas de no-Brexit, les points de frictions sont les recrutements de talents étrangers, la chaîne logistique, l’exportation de nos produits ; il y a aussi les coûts administratifs en raison du coût du franchissement de frontières et des retards occasionnés. »

« Il faudra attendre et voir. Nous ne voulons pas dramatiser outre-mesure la situation, mais nous nous en occupons absolument. »

Si la libre circulation des personnes venait à être remise en cause, McLaren devrait sans doute être prête à perdre de nombreux talents. Jonathan Neale révèle que les 800 employés de McLaren sont de 23 nationalités différentes.

« Nous voudrions éviter d’avoir des démarches administratives folles, coûteuses et interminables à remplir, pour demander des visas de travail ou pour des recrutements futurs. Nous voulons engager des talents sur le seul critère du mérite. »

Le 30 mars 2019, au lendemain du Brexit, si aucun accord n’est trouvé, le chaos risque de s’organiser à la frontière britannique… le début de saison en serait ainsi chamboulé.

« Dans 10 semaines, nous commencerons à construire notre F1 2019 » poursuit Neale. « Une F1 est composée d’environ 14 000 pièces dont 90 % de nouvelles par rapport à l’ancienne F1. Beaucoup de ces pièces sont fournies par des PME basées au Royaume-Uni mais aussi en Europe. Des sous-assemblages complexes traverseront de nombreuses fois des frontières avant d’arriver à Woking. »

« A chaque fois qu’une frontière est franchie, s’il y a une transaction, des contrôles, des démarches, alors, il y aura énormément d’inertie et d’inefficience dans notre chaîne logistique. Ce sera la même chose pour tout le monde. Mais comme toute entreprise qui doit faire du business, nous aimerions vraiment éviter tout cela. »

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