Un état des lieux des forces en présence en FIA WEC et ELMS

Même aux Emirats Arabes Unis beaucoup de gens nous ont demandé combien d’autos seront sur les grilles départ des séries Le Mans cette saison ainsi qu’en Championnat du Monde d’Endurance. Les questions sur le sujet n’ont pas arrêté de la semaine. La manche du FIA WEC au Bahrain a semble-t-il fait des émules dans cette région du Moyen-Orient. Pour ce qui est du FIA WEC et des 24 Heures du Mans, il faudra attendre le 1er février pour avoir une liste détaillée des différents protagonistes. Si l’engouement pour les différents championnats badgés ACO est indiscutable, le paramètre financier ramène bon nombre d’équipes à la raison. Les séries sont alléchantes, mais faut-il pour cela avoir les reins assez solides pour renvoyer les dossiers d’inscription. Les confirmations et les programmes tardent à se finaliser du fait d’une situation économique toujours en berne. S’il y a quelques mois, nous faisions partie des vrais optimistes sur les diverses séries, il faut peut-être maintenant que le réalisme l’emporte. Les promoteurs ne sont pour rien dans ce marasme financier car eux ne demandent qu’à avoir des grilles pleines à craquer. Une chose est sûre, l’envie des équipes est là, mais la raison peut parfois supplanter cette passion. Il convient donc de faire un tour d’horizon des forces en présence à la mi-janvier.

Un plateau correct en FIA-WEC...

Après une belle première saison, le Championnat du Monde d’Endurance s’annonçait sous de bons auspices avec un calendrier bien plus judicieux. Si quelques semaines plus tôt nous tablions sur un potentiel d’engagés supérieur à 30 autos, nos dernières estimations sont un peu en baisse. La catégorie reine devrait sans aucun doute être la moins fournie du plateau avec selon nous un maximum de six autos. Outre les deux Audi R18 e-tron quattro, on devrait avoir en face deux Toyota TS030 HYBRID, une Lola-Toyota/Rebellion Racing et une HPD ARX-03c/Strakka Racing. Il semble que l’aventure JRM Racing en LMP1 s’arrête faute de financement sachant que la piste ALMS a été un temps évoquée. Le JRM pourrait donc bien se recentrer sur le développement de la Nissan GT-R. L’absence de la OAK-Pesacrolo ne fait quasiment plus aucun doute. En LMP2, on doit pouvoir compter sur au moins dix autos, à commencer par les deux Lola B12/80 du Gulf Racing Middle East, dont Fabien Giroix nous a confié la présence. Lotus LMP2 doit faire débuter sa Lotus T128 avec l’engagement de deux autos. Amato Ferrari nous a confirmé la présence de la ORECA 03/Pecom Racing, et HVM-Status GP a aussi annoncé sa présence avec une Lola B12/80. Sans grande surprise, OAK Racing représentera la marque Morgan avec semble-t-il une ou deux autos. Chez Greaves Motorsport, on cherche encore à boucler les budgets comme l’a indiqué il y a peu Jacob Greaves. On attend encore des nouvelles de Signatech-Nissan dont une ORECA 03 serait confirmée. Même constat d’attente chez Starworks Motorsport, ADR-Delta, 8Star et Level 5 Motorsports, dont c’est le calme plat actuellement, si bien que l’on ne sait pas si ces quatre équipes seront de la partie sur un programme FIA WEC complet. Certaines pourraient même carrément être absentes.

Finalement, c’est la catégorie GTE-Pro qui devrait connaître un souffle nouveau avec deux Ferrari F458 Italia/AF Corse contre deux Aston Martin Vantage GTE/AMR et deux Porsche 911 GT3-RSR/Porsche Team Manthey. Une autre équipe nous a précisé il y a quelques jours vouloir en être avec une Ferrari. Le contingent devrait être sensiblement identique en GTE-Am avec on peut l’espérer une Aston Martin Vantage GTE, une Porsche 911 GT3-RSR/IMSA Performance Matmut, une Ferrari F458 Italia/Krohn Racing, une Corvette C6.R/Larbre Compétition et une Ferrari F458 Italia/AF Corse.

Bien sûr nous ne sommes pas à l’abri de quelques bonnes surprises, tout comme des mauvaises. Le syndrome Peugeot hante encore tous les fans d’Endurance. Si le plateau global à l’année se situe entre 25 et 30, on ne peut pas crier au loup par les temps qui courent. L’argent ne se trouve pas sous un matelas et une saison à l’échelon mondial coûte plusieurs millions d’euros.

Plateau Championnat du Monde estimé : 25/28 autos

L’European Le Mans Series compte se refaire une santé...

Les nouvelles en ELMS arrivent aussi au compte gouttes. On devrait avoir selon toute vraisemblance une dizaine de LMP2. Sam Hignett et Jota Sport ont confirmé une Zytek Z11SN et OREX ressortira la HPD ARX-01g qu’avait RML par le passé. Benoît Morand nous a précisé l’engagement d’une Morgan 2012 LMP2, et il serait étonnant de ne pas y voir OAK Racing, Jacques Nicolet n’hésitant pas à ce que son team relève plusieurs défis à la fois. Chez Boutsen Ginion Racing, l’objectif est d’aligner à nouveau la ORECA 03, tout comme Race Performance. Fort d’un titre européen, le Thiriet by TDS Racing avait coché le FIA WEC sur son agenda, mais un programme européen n’était pas écarté. La donne est la même pour le Sébastien Loeb Racing, Murphy Prototypes ou Greaves Motorsport.

On attend aussi des nouvelles du programme ORECA « Arrive and Drive » dont on sait toutefois que plusieurs ORECA-FLM09 sont confirmées. Pas de GTE-Pro ni de GTE-Am mais une seule catégorie GTE au menu de cette saison 2013. Il serait logique d’y voir : AF Corse, RAM Racing, IMSA Performance Matmut, JMW Motorsport, JMB Racing, Aston Martin Racing et pourquoi pas Felbermayr-Proton et JWA-Avila. Pour ce qui est des GTC, les annonces tardent, sachant que Pro GT by Alméras veut en être, tout comme Autorlando. Là aussi, on sait que d’autres équipes sont sur les rangs.

Comme en FIA WEC, on pourrait donc bien avoir entre 25 et 30 autos en ELMS, ce qui serait le double de ce que l’on a connu notamment à Donington l’année passée. Cependant, les équipes doivent renvoyer le bulletin d’engagement le plus rapidement, ce qui pourrait coincer car une partie n’a pas bouclé le montage financier. Dans les deux championnats, il faut s’attendre à des engagés à la course si bien que l’on peut se demander s’il ne serait pas plus judicieux de réunir les deux plateaux à Silverstone et à Spa. On sait bien que le championnat européen fait dorénavant la part belle aux courses de trois heures, mais la majorité des équipes devant demander une invitation au Mans, cela permettrait de rouler encore plus et de s’étalonner face à la concurrence mondiale. Une chose est sûre, certaines équipes ne seraient pas contre cette solution. On va aussi parler d’un sujet qui fâche avec la sécurité en piste. Les budgets étant de plus en plus compliqués à réunir, il faut s’attendre à voir de plus en plus de gentlemen en piste. Comme vous le savez nous sommes les premiers à dire que sans les gentlemen, le château de cartes s’écroule. Cependant, il convient de faire attention et de ne pas tout accepter. Certains pilotes pourraient bien se retrouver au Mans sans avoir connu la moindre course parmi des LMP1.

Plateau European Le Mans Series estimé : 25/27 autos

La situation économique évolue tellement vite que les équipes doivent y faire face et s’adapter. Un team manager bien connu nous confiait le mois dernier : « Il y a quelques années, nous avions une vraie intersaison, ce qui n’est plus le cas maintenant. La saison n’est pas encore terminée qu’il faut déjà que la prochaine soit quasiment bouclée. Les budgets sont de plus en plus compliqués à trouver, et il nous faut plus de temps pour finaliser le tout. Les partenaires veulent avoir toutes les garanties possibles avant de signer le moindre contrat, ce qui se retrouve dans le monde des affaires. » Par chance, la saison FIA WEC ne débute pas en mars comme l’an dernier, car nous aurions pu avoir des surprises. Pour être totalement transparent, des infos nous en avons un bon paquet, et ce dans les différents championnats. Le seul problème est qu’aucune ne peut être divulguée puisque rien n’est finalisé. Les pilotes savent ce qu’ils veulent faire, tout comme les équipes, mais il manque l’essentiel : les moyens financiers. Malgré tout, nous continuons à rester positif tout en étant vigilant. On ne va quand même pas scier une branche sur laquelle nous sommes assis. Les différents championnats GT nationaux affichent pour leur part une belle santé, tout comme la Blancpain Endurance Series ou les VdeV Michelin Endurance Series. D’ailleurs ce n’est pas innocent si des équipes cumuleront ces divers championnats. Allez on va le dire une nouvelle fois : 2013 sera une année de transition. Fingers crossed !

Laurent Mercier