Ludo Badey : Comme un gamin qui ouvre son cadeau de Noël

Il pilotera la Lola n°28 au Mans cette semaine

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12 juin 2012 - 10:29
Ludo Badey : Comme un gamin qui (...)

Parmi les nombreux rookies des 24 Heures du Mans 2012 se trouve Ludovic Badey. Rookie certes, mais certainement pas le moins rapide. On a souvent tendance à dire que Ludo fait partie des plus professionnels des gentlemen drivers en allant régulièrement taquiner les pilotes pros. Chef d’entreprise la semaine, on le retrouve le week-end aussi bien en Blancpain Endurance Series qu’en GT Tour à chaque fois au sein du Team SOFREV-ASP de Jérôme Policand au volant d’une Ferrari 458 Italia GT3. Vainqueur des 24 Heures de Spa 2011 (Pro-Am Cup) en compagnie de Jean-Luc Beaubelique, Franck Morel et du capitaine de route Guillaume Moreau, Ludovic Badey délaisse la catégorie GT3 le temps des 24 Heures du Mans pour rejoindre la Lola B12/80 #28 du Gulf Racing Middle East partagée avec Fabien Giroix et Stefan Johansson. Lors de la Journée Test, Ludo s’est contenté de faire ses dix tours obligatoires avant de rejoindre Silverstone pour le meeting Blancpain.

Laurent Mercier : Ludo, comment se passe ton début de semaine ?

Ludovic Badey : « Le deal s’est fait assez tard et je découvre tout d’un coup. J’ai à peine eu le temps de voir le déroulement du planning de la semaine. Je suis comme un gamin qui ouvre son cadeau de Noël. J’ai passé un très bon moment Place de la République avec tout le public. On y trouve aussi bien des passionnés que des curieux. C’est incroyable comme les gens peuvent être connaisseurs. J’ai signé des photos du temps de ma présence en Formule Renault il y a une dizaine d’années. Tout le monde est très respectueux et cela ressemble à ce que l’on peut voir aux Etats-Unis. C’est ce qui est bien en Endurance. On ne retrouve cette ambiance nulle part ailleurs. »

Tu étais déjà venu au Mans ?

« Oui plusieurs fois en invité. En 2002, j’ai roulé dans le meeting de Formule France en ouverture de la course. C’était mes débuts sur le grand circuit. A l’époque j’avais une vingtaine d’années et je pensais encore à la monoplace et au sprint. J’y suis ensuite revenu il y a quelques années plus tard pour rouler en Formula Le Mans. Je n’avais pas encore la fibre endurance. Au fil des années, j’ai compris que la discipline était loin d’être un truc pour les « pilotes retraités ». En sprint, il faut aller chercher le dernier centième et c’est là que je me suis dit que l’Endurance était une voie pour moi, où la place sur la grille n’est pas forcément primordiale. Partir P4 ou P10 n’est pas essentiel. Il faut de la constance. Si tu as cette constance, c’est plus bénéfique. »

Tu as goûté à l’Endurance avec les 24 Heures de Spa 2011 et tu es reparti avec la victoire. Un grand moment ?

« Je ne peux pas dire le contraire. Toute l’équipe a fait un boulot énorme pour arriver à ce résultat. Nous étions partis quasiment d’une feuille blanche avec une Ferrari 458 Italia GT3 qui n’avait rien prouvé sur un double tour d’horloge. Jusqu’à Dijon (en mai), on ne terminait pas les courses d’une heure. Le Team SOFREV-ASP et Ferrari ont identifié les problèmes. Jérôme (Policand) a mis le paquet pour préparer les autos du mieux possible et le résultat est là. C’était une grande première pour Jean-Luc, Franck et moi, et Guillaume est venu jouer son rôle de pilote professionnel. Il a fait le job à 110%. Il a le parfait état d’esprit pour rouler avec nous et il va nous manquer le mois prochain. Il n’est pas facile pour un pilote professionnel de se mettre au niveau des « Am » en jouant la constance. Trouver un remplaçant de sa stature va être compliqué. »

« Je lui souhaite le meilleur rétablissement possible. J’ai confiance en son moral pour supporter cette épreuve. Nous aurons une grosse pensée pour lui samedi au moment du départ. C’est un ami et lorsque j’ai eu plusieurs possibilités pour disputer les 24 Heures du Mans, c’est vers lui que je me suis tourné. Il m’a fait prendre la décision de venir rouler. Ce qui est sûr, c’est qu’à Spa, nous porterons haut les couleurs de la #20 pour lui. On a tracé le chemin ensemble en 2011 et on va le refaire cette année, ne serait-ce pour lui. »

La Journée Test du Mans n’a pas été trop compliquée à gérer ?

« C’était le vrai rush, pas pour le nombre de tours bouclés, mais pour le timing et l’intensité. Je suis parti pour Silverstone le vendredi pour rouler le lendemain. Je suis arrivé au Mans le samedi soir. J’ai juste eu le temps de regarder la position de conduite. J’ai pris la piste dimanche à 9h pour boucler les dix tours. Il fallait que je sois dans l’avion à 10h30 pour rejoindre Silverstone et prendre mon relais. J’ai bouclé les dix tours sur une piste grasse séchante, ce qui n’était pas les meilleures conditions pour débuter en LMP2. J’ai pris beaucoup de plaisir même si j’étais en mode découverte. L’auto a un grip d’enfer et le freinage est hallucinant. Il me faut encore du temps de roulage pour mieux appréhender la voiture. Mes deux coéquipiers ont énormément d’expérience et je vais m’appuyer sur eux. »

Quel sera l’objectif en course ?

« Déjà il faudra terminer. Nous avons une Lola B12/80 qui est fiable et je suis confiant. Il ne faudra pas prendre de risques inconsidérés. Je suis aussi là pour apprendre en vue de 2013. En réalité, il faudra appliquer la même chose qu’à Spa l’an dernier, c’est-à-dire ménager l’auto et ne pas commettre d’erreurs. Si on rentre dans un sprint de 24 heures, ça ne le fera pas. Il faut respecter la mécanique. »

Pourquoi débuter directement par le LMP2 et pas en GT ?

« Il est clair que si j’avais décidé de le faire en GT, l’apprentissage aurait été plus rapide. Il y a un tel écart avec les protos de pointe qu’il est préférable de rouler en LMP2. Lors de la Journée Test, j’ai dépassé une GT qui s’est bien mise sur la gauche et moi à droite. Une Audi a tout de même réussi à passer entre nous deux, alors qu’il devait être à peine 9h15 le matin, soit 15 minutes seulement après le début des essais. Les gentlemen sont souvent décriés, mais sans les gentlemen, il n’y a plus de sport automobile. Je suis d’accord pour qu’il y ait une limite de temps car on ne peut pas acheter Le Mans. »

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