Christophe Bouchut : Level 5 Motorsports est mon Eldorado

"C’est une équipe fantastique"

Par

14 juin 2012 - 12:53
Christophe Bouchut : Level 5 Motorsports

Avec 18 participations aux 24 Heures du Mans, Christophe Bouchut est le pilote le plus assidu au départ, avec une édition d’avance sur David Brabham et Manu Collard. Pour son 19ème départ, le vainqueur des 24 Heures du Mans 1993 roule à nouveau pour le compte du Level 5 Motorsports en compagnie de son compère Scott Tucker et Luis Diaz.

Laurent Mercier : Christophe, cette course a toujours beaucoup compté pour toi ?

Christophe Bouchut : « Oui car elle m’a énormément apporté et m’a permis de devenir pilote professionnel. Je dirai que mes dix premières participations étaient plutôt faciles car j’ai eu le choix des équipes. Pour les neuf dernières, il a fallu démarcher. Le Mans a beaucoup changé depuis mes débuts. Si on regarde le nombre de rookies cette année, on ne doit pas être loin d’un sur trois. Cela devient de plus en plus dur pour un pilote professionnel. »

Tu poursuis donc le bail avec Level 5 Motorsports et Scott Tucker. Une vraie amitié s’est créée au fil du temps ?

« C’est une équipe fantastique. Cela n’a pas été forcément facile de tisser des liens étroits avec une équipe américaine, du fait notamment de la logistique ou du relationnel. Pour moi, Level 5, c’est l’Eldorado ! J’ai roulé dans de nombreuses équipes, mais jamais comme celle-ci. Les conditions de travail y sont exceptionnelles et mon objectif est de les remercier de leur confiance en décrochant les meilleurs résultats possibles. »

« Scott contribue au sport automobile aux Etats-Unis. C’est quelqu’un qui ne se plaint jamais et il est très généreux. Rien que cela force le respect. Il a beaucoup de respect pour son équipe. Il ne faut pas oublier que Level 5 Motorsports est encore une jeune équipe qui a moins de cinq ans et j’étais là dès le départ. Ils ont progressé petit à petit. »

Pourquoi avoir choisi l’ALMS et pas le WEC cette année ?

« L’équipe est venue en ILMC l’an passé, car c’est un peu moi qui les ai aiguillé dans ce championnat, compte tenu de mon expérience. C’était un peu compliqué à gérer au niveau logistique et notre auto en début de saison n’a pas forcément donné entière satisfaction. Sur le papier, c’était le meilleur package, mais pas forcément en piste. On a tout de même pu faire de bons résultats, du fait de la bonne préparation de l’équipe. Pour Level 5 Motorsports, l’American Le Mans Series est une priorité. Il a aussi fallu composer avec un calendrier 2012 arrivé assez tard et le championnat était encore incertain quant au niveau d’engagés en fin d’année dernière. »

« Les Américains travaillent d’une autre façon, avec un calendrier qui est annoncé assez tôt dans la saison. En octobre, on sait déjà où l’on va aller la saison suivante. Le Mans est une course fantastique, mais on ne sait jamais si l’on va être sélectionné. C’est toujours l’incertitude. On ne prépare pas Le Mans trois mois avant, mais quasiment un an auparavant. Pour le moment, le WEC est clairement réservé aux LMP1 et il n’est pas question que Level 5 vienne dans cette catégorie. Quel intérêt aurait Scott à aller en LMP1 ? Il est en excellente condition physique mais il ne pourra rien contre des professionnels aguerris. Il se lève chaque jour à 5 heures du matin pour aller faire du sport. Il va bientôt avoir plus de victoires que moi (rires), alors qu’il a commencé très tard en compétition. Il roule tellement souvent et dans beaucoup de championnats... C’est la meilleure solution pour apprendre assez vite. Rien qu’au Mans, nous avons 7 ingénieurs. Scott ne laisse rien au hasard. Tout est mis en place pour bien figurer. »

On peut dire que Christophe Bouchut est comme le bon vin, c’est-à-dire qu’il se bonifie avec le temps ?

« Disons que je suis aussi rapide qu’il y a dix ans. Je fais toujours de mon mieux en piste, et je ne rechigne pas à aller chercher le dernier dixième. Je n’ai jamais pratiqué la langue de bois et j’ai toujours dit ce que j’avais à dire. Il est mieux de dire les choses plutôt que de les garder pour soi. C’est aussi cela qui fait avancer les choses. Le team Level 5 a toujours trouvé mes actions positives. Atteindre ses objectifs est mon leitmotiv ! »

Tu as beaucoup roulé en GT. Tu fais une pause dans la catégorie ?

« Rouler pour Level 5 Motorsports a changé les choses pour moi. Il y a quelques années, je devais renouveler mes accords avec Larbre Compétition, mais cela a traîné. Level 5 et Scott Tucker sont ensuite arrivés. Scott est un fan de Ferrari et il avait acheté une F360 pour rouler en Grand-Am. J’ai roulé à Salt Lake City et cela s’est très mal passé. Scott m’a demandé mon avis et j’ai été clair : il faut vendre la voiture. C’est à ce moment que nous avons parlé de l’avenir. Je lui ai dit de penser au prototype et c’est parti comme cela. Ma philosophie a toujours été de rouler dans plusieurs teams afin d’assurer l’avenir. Cependant, il y avait beaucoup trop de déplacements et j’ai décidé de me concentrer sur un seul championnat. Je suis très bien chez Level 5 Motorsports et ma situation actuelle est parfaite. »

Vous discutez déjà de 2013 ?

« On discute, mais c’est encore trop tôt pour annoncer quoi que ce soit. Ils ont des préférences et il faut voir selon ce que l’on nous propose et pas l’inverse. Il faut de la stabilité dans les championnats et les règlements. Le Mans est de toute façon une course importante pour l’équipe. Il y a beaucoup de championnats et chacun a un intérêt. Il faut juste trouver le bon équilibre entre les séries. L’idéal serait de pouvoir faire rouler les autos dans tous les championnats. Cela permet de mixer les championnats, de rentabiliser les investissements et de revendre plus facilement les autos. A mon sens, les constructeurs sortent trop d’évolutions qui n’apportent pas grand-chose pour la performance, notamment en GT où il y a une Balance de Performance. Tout est aseptisé par des brides. C’est compliqué de choisir le bon championnat pour un jeune pilote. »

Justement, ton fils Romain roule en karting. Il a déjà des envies pour le futur ?

« En karting, les temps ont changé et cela coûte beaucoup d’argent. Ma famille est très occupée, car ma fille est en Equipe de France d’Equitation. Romain a connu une bonne saison, puis une moins bonne l’année suivante. S’il veut poursuivre en sport automobile, je l’aiderai dans ce qu’il veut faire. Le but n’est pas forcément de limer les circuits comme j’ai pu le faire. Je n’ai pas envie qu’il soit cssé de tous les côtés. Pour ma part, j’ai commencé à 14 ans et à 25, je gagnais Le Mans. On peut voir que ça peut aller très vite. Lui a débuté bien plus jeune. »

Endurance

Recherche

Info Motorsport

Photos

Vidéos