24H du Mans : Tout le monde est prêt pour le grand défi ?

Pierre Fillon s’attend à une belle édition 2013

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3 février 2013 - 09:20
24H du Mans : Tout le monde est (...)

Ils étaient 71 et ils ne sont plus que 56 ! On est loin d’une émission de télé réalité mais le résultat est bien là. Chaque année la liste des sélectionnés pour les 24 Heures du Mans fait des heureux et des malheureux. Avec 71 dossiers à traiter, le Comité de Sélection a tranché pour n’en retenir que 56 plus dix suppléants. Avec les retraits annoncés du JMB Racing et de JRM Racing, on ne compte que trois vrais recalés, ce qui est peu. On ne peut pas se plaindre de la qualité du plateau proposé. Certes on aurait aimé plus de LMP1 mais la crise est passée par là. On est passé de 22 LMP1 en 2008 à 8 cinq ans plus tard. Le credo de Pierre Fillon, Président de l’ACO, est valable aussi bien pour les 24 Heures du Mans que le Championnat du Monde d’Endurance : « réduction des coûts, stabilité des règlements et amélioration des retombées médias. » Le ton est donné.

On ne va pas revenir sur la liste détaillée des concurrents, tout le monde l’ayant maintenant bien en tête. On aura Audi vs Toyota, Rebellion vs Strakka Racing, Ferrari vs Porsche vs Corvette vs Aston Martin vs Viper et un plateau LMP2 au complet pour la gagne. 2013 une année de transition ? Oui mais l’édition du 90ème anniversaire ne sera pas sans intérêt. Le nombre de LMP1 est en berne mais comment pouvait-il en être autrement. 2014 se prépare dès maintenant et rouler dans la catégorie reine revient très cher. JRM Racing en fait d’ailleurs les frais. Afin d’offrir un spectacle plus resserré, les trois LMP1 alignées par des équipes privées auront droit à des brides plus avantageuses, les Audi et Toyota étant lestées de 15 kg sans oublier un débit en carburant lors du ravitaillement moins important. Le législateur estime qu’elles seront arrêtées huit à dix secondes de plus. Suffisant pour aller titiller les deux gros blockbusters ? Rien n’est moins sûr...

C’est donc en LMP2 que les regards vont se tourner avec une catégorie qui passe de 18 à 22 autos (30 dossiers déposés). Nissan a quasiment récupéré le monopole moteur avec 16 autos équipées. Du côté des constructeurs, c’est plus ouvert avec ORECA (x8), Morgan (x4), Lotus (x2), Lola (x3), HPD (x2) et Zytek (x3). Michelin fait aussi un retour remarqué en LMP2 avec au moins trois autos dont celles de Philippe Sinault (Signatech). On suivra avec intérêt les Chinois de KCMG et le rôle de Sébastien Loeb au poste de team manager de sa propre écurie. La réglementation évolue quelque peu cette année avec la possibilité d’utiliser des châssis conformes au règlement 2014, ce qui sera notamment le cas des Lotus T128. Le moteur diesel est autorisé même si personne n’a encore relevé le défi. Un maximum de trois moteurs par an (y compris Le Mans) sera autorisé. Le nombre de type de pneus sera lui aussi contingenté. Quant à l’évolution des autos, le coût est plafonné à 35 000 euros sans que ces évolutions n’apportent un gain de performance.

La lutte qui s’annonce en GTE vaudra elle aussi le déplacement, surtout en GTE-Pro où tout le monde sera à armes égales : Porsche, Ferrari, Corvette, Aston Martin et Viper. Ces dernières pourraient toutefois être encore un peu tendres face à la concurrence. On aura deux voitures dans chaque camp. La pauvre Ferrari F458 Italia/JMW Mortorsport sera bien esseulée au milieu des furieux. On devrait aussi assister à une belle bagarre en GTE-Am où là aussi tout est ouvert. Comme en LMP2, le nombre de type de pneus sera limité, la commande électronique de l’accélérateur autorisée et une seule évolution par période de deux ans pour les GTE-Am.

Pierre Fillon s’attend à une belle édition 2013 qualifiée de transitoire : « Une fois de plus, les 24 Heures du Mans démontrent toute leur attractivité grâce à un concept, peut-être vieux de 90 ans, mais plus moderne que jamais. Il n’y a pas de meilleur banc d’essais que cette épreuve et les grands constructeurs le savent mieux que quiconque puisque, années après années, ils nous font confiance. Il n’y a pas de course plus prestigieuse à gagner puisque les meilleurs pilotes mondiaux se précipitent dans la Sarthe. Il n’y a pas de plus beau laboratoire puisque cette année, dans le cadre du 56e Stand participera une voiture qui, pour toute émission, rejettera dans l’atmosphère de la vapeur d’eau ! Les 24 Heures du Mans sont uniques : voilà ce qui explique cette magnifique longévité. »

Le sentiment est le même chez Vincent Beaumesnil, Directeur des Sports à l’ACO : « A l’analyse du plateau 2013, on ne peut que se réjouir des bagarres qui s’annoncent. Toyota n’est plus le débutant vu au Mans en 2012 mais un concurrent bien armé pour faire trébucher Audi, écurie qui possède une expérience unique. Grâce aux évolutions réglementaires décidées par l’ACO, les équipes privées de LM P1 auront les moyens de venir bousculer les usines en tête de course. En catégorie LM P2, plus gros plateau de cette année, la très grande majorité des engagés peut gagner ! Et nous nous réjouissons de voir une écurie chinoise se mêler à cette lutte alors que nous lançons cette année l’Asian Le Mans Series. Enfin, jamais il n’y a eu en GT une concurrence aussi relevée : cinq constructeurs se battront avec des moyens d’usine pour la victoire ! 2013 est une année historique pour les 24 Heures du Mans ; tous les ingrédients sont réunis pour en faire une édition qui marquera l’Histoire. »

L’affiche des 24 Heures du Mans 2013 donne le ton : « Prêt pour le grand défi ? » En marge de la course, l’ACO poursuit le renforcement de la sécurité des riverains avec la mise en place de 1,2 km de panneaux modulaires supplémentaires le long de la piste. Le Trophée des 24 Heures du Mans reviendra au Mans par ballon dirigeable depuis le siège d’Audi à Ingolstadt, le tout dans un écrin Louis Vuitton. Le Trophée 2013 recevra une réplique de la Coupe Rudge-Whitworth. Les spectateurs pourront se faire photographier le vendredi après-midi aux côtés du Trophée. Quant aux dix voitures désignées par le vote « 24 Heures du Mans 2013 - 90 ans ! », elles prendront la piste le samedi pour un roulage de démonstration. Pour ce 90ème anniversaire, un spectateur sera chargé de lancer les autos pour le tour de formation. Une belle initiative ! Les animations ne devraient donc pas manquer...

La liste des 56 heureux est à peine diffusée que l’on spécule déjà pour savoir qui sera forfait. On ne se lancera surtout pas dans ce genre de débat même s’il ne faut pas se voiler la face. Certaines équipes ont une santé financière fébrile et rien ne dit qu’elles trouveront les ressources nécessaires pour aller au Mans. On a tout de même dix suppléants sachant que quatre d’entre eux ont déjà une monture sélectionnée. Comment JRM Racing n’arrive pas à fédérer de partenaires pour aller au Mans, que Status s’associe avec HVM pour une réduction de coût, que Delta-ADR communique peu sur la saison à venir, et qu’au final ces deux dernières équipes montent un dossier pour aligner une seconde auto. Chez Signatech on possède deux châssis ORECA 03 et un troisième est sur liste d’attente.

Ce n’est pas la crise pour tout le monde puisque AF Corse s’occupera de sept autos, ce qui constituera à coup sûr un record. Le Mans intéresse toujours et les équipes n’hésitent pas à se couper en quatre pour en être. Bien que nous ne soyons pas agent de pilotes ou d’équipes, nous sommes en relation constante avec les deux parties pour servir de joint. Il ne passe pas une journée sans que l’on reçoive un mail ou un appel d’un pilote en mal d’équipe ou d’une équipe en mal de pilote. Sauf que l’un n’a pas le budget et que l’autre ne peut rien faire sans ce budget. Nous ne sommes qu’en février, mais les budgets sont compliqués à trouver, même pour aller au Mans sachant qu’à cela il faut rajouter un championnat complet, qu’il soit américain, asiatique ou européen. Ne reste plus qu’à croiser les doigts...

Laurent Mercier

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