Montoya explique pourquoi il avait une relation ’hostile’ avec Schumacher
Une approche qui lui permettait de l’affronter sans relâche en piste

Juan Pablo Montoya pense que la F1 a grandement changé, et il s’étonne de voir aujourd’hui des rivaux et des équipiers se montrer ensemble en toute amitié sur les réseaux sociaux. Selon lui, cela vient de ce partage public, mais aussi de la manière dont ont évolué les règles d’engagement en piste, qui sont un peu plus restrictives.
"Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les coéquipiers sont les meilleurs amis du monde ! Ils vont dîner, ils jouent au padel ensemble ! À mon époque, on ne parlait à personne. Je parlais à Fernando Alonso, et c’est toujours le cas, et à Rubens Barrichello. Felipe Massa parfois, mais c’est tout" se souvient Montoya dans le podcast Beyond the Grid de la F1.
"C’était très hostile. Vous ne parliez à personne. Chip Ganassi a eu l’une des meilleures répliques de tous les temps. J’étais gentil avec quelqu’un, je n’étais pas agressif quand je faisais la course avec lui. Il m’a dit ’Si tu veux des amis, amène-les, tu n’es pas là pour te faire des amis’. C’est vrai."
"Maintenant, tout le monde parle et tout le monde est gentil. Mais quand on est gentil, c’est difficile d’être un connard. C’est difficile de faire une manœuvre pour pousser un gars de la piste, si on l’aime bien."
"Si c’est le gars avec qui vous avez dîné hier soir ? C’est plus difficile de jeter la voiture à l’attaque. Ce n’est pas aussi impitoyable. Aujourd’hui, les règles ne sont plus aussi extrêmes. À mon époque, on pouvait les pousser de la piste !"
Montoya s’est souvenu d’un échange qu’il avait eu avec Michael Schumacher en conférence de presse du Grand Prix de Saint-Marin 2004 (photo en bas), lorsque l’Allemand l’avait poussé hors piste et qu’il avait dit qu’il devait être "aveugle ou stupide" pour ne pas l’avoir vu.
Malgré ces mots durs, Montoya avait parfaitement compris la manœuvre de son rival mais s’agaçait de l’hypocrisie de son excuse : "Ils étaient plus rapides que nous. Mais nous étions rapides et nous avions des pneus frais. Pour le dépasser, j’ai dû aller tout droit. Il m’a fait sortir de la piste mais ça allait."
"J’aurais fait la même chose ! Je n’avais pas de problème. S’il avait dit dans l’interview ’je l’ai sorti de la piste’, j’aurais été d’accord. Mais il a dit ’je ne l’ai pas vu’. Tout le monde pense puis parle, mais moi je parle puis je pense ! Je surprends tout le monde autour de moi !"
Le Colombien n’a jamais parlé à Michael Schumacher hors des circuits, et c’est aussi comme ça qu’il se sentait légitime à aller l’affronter en piste : "Ce qui était ennuyeux avec Michael ? C’est que personne ne faisait la course avec lui. Personne ne lui résistait. Quand il arrivait de l’arrière, c’était ’ah, Michael arrive, pousse-toi de là’."
"C’est ce qui me mettait hors de moi. C’était ’oh, c’est Michael, ne foire pas avec Michael’. Il y avait tellement de respect. Mon approche de la course ? J’étais un vrai connard en course. Les gens pensaient que j’étais fou, et ça marchait. Quand je lançais la voiture, ils savaient que je ne m’écarterais pas du chemin."
"Vous aviez deux choix : vous me laissiez de la place ou c’était l’accident. La seule fois où j’ai parlé à Michael, c’est lorsque je courais pour BMW et qu’il était chez Ferrari. Nous étions invités à une fête au Nürburgring après la course. Il y avait moi, Michael et Rubens. Nous nous sommes saoulés tous les trois, et c’est tout !"
