Honda a discuté avec plusieurs équipes de F1 pour 2026

Le programme n’aura "pas d’impact négatif" sur l’entreprise

Par Emmanuel Touzot

25 mai 2023 - 13:43

Honda a annoncé son retour en Formule 1 pour 2026, au travers d’un partenariat avec Aston Martin F1. Le constructeur japonais n’en est pas encore parti officiellement, mais son PDG, Toshihiro Mibe, explique les raisons de ce départ, et surtout de ce retour. Entre durabilité et envie de compétition, le constructeur a trouvé son intérêt en catégorie reine.

"En 2020, lorsque nous avons pris la décision de mettre un terme à notre participation à la F1, nous avons reçu de nombreux commentaires sévères de la part des médias et de nos fans" se souvient Mibe. "Il s’agissait d’une décision difficile et nécessaire pour Honda afin de renforcer nos initiatives visant à atteindre la neutralité carbone."

"La décision a produit l’effet désiré au sein de notre entreprise. Comme je l’ai dit, l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons décidé de relever le défi de la F1 est que la plus grande course automobile du monde s’efforce de devenir une série de courses durables."

"À la lumière de ces changements en F1, de nombreux jeunes ingénieurs de Honda ont exprimé le désir de relever de nouveaux défis, insistant sur le fait que la nouvelle réglementation nous permettra de rivaliser de front en tirant pleinement parti de l’ensemble des compétences et des technologies que Honda a accumulées jusqu’à présent."

"L’ambition de défier les meilleurs pilotes du monde a toujours fait partie de l’ADN de Honda, depuis la création de l’entreprise. En prenant ces facteurs en considération, y compris son efficacité en tant qu’opportunité de développement des ressources humaines, nous avons affirmé que nous pourrions tirer une valeur significative de notre participation à la F1."

Le plafond budgétaire est convaincant

Honda ne s’inquiète pas du coût de développement du moteur et du retour sur investissement. Avec un programme récent déjà absorbé et le plafond budgétaire pour les moteurs, le coût sera moindre, et la F1 rapporte davantage. Cela n’impactera aucunement les finances de l’entreprise.

"Bien sûr, les investissements sont nécessaires et il y a un plafond budgétaire, c’est pourquoi nous plaçons une limite maximale sur le montant que nous pouvons investir. Nous n’allons pas faire des investissements illimités comme nous l’avons fait dans le passé. Les dépenses d’investissement n’ont pas seulement un effet de levier sur les courses."

"Nous développons actuellement des outils pour les véhicules électriques et nous pouvons tirer parti de cet investissement. Les batteries de F1 devraient être très performantes, de sorte que ces technologies peuvent également être utilisées pour le développement d’outils pour les véhicules électriques."

"Il est très difficile de différencier les investissements qui seront alloués à tel ou tel objectif, mais nous avons une valeur globale à l’esprit. Honda n’ajoute pas d’investissements à l’entreprise en revenant en F1, et il n’y aura pas d’impact négatif sur les autres activités. La clé sera de se développer avec efficacité."

"Cette fois-ci, nous voulons être beaucoup plus efficaces et essayer de réduire les coûts autant que possible afin de mettre au point un moteur de gagner. En ce qui concerne le développement, je pense que nous pouvons absorber le coût de l’activité. Ce sera beaucoup moins que les coûts que nous avons dépensés dans le passé."

Des discussions avec plusieurs équipes

Mibe confirme que des discussions ont eu lieu avec plusieurs équipes, alors que les rumeurs d’une association avec McLaren F1 ou Williams avaient fait surface : "Nous avons été approchés par de nombreuses équipes. Il y a eu beaucoup de discussions, de débats pour savoir si nous voulions vraiment participer en 2026."

"Il y a eu des offres formidables et merveilleuses de la part de diverses équipes. Mais c’est surtout l’offre passionnée d’Aston Martin et sa détermination à gagner coûte que coûte qui nous ont touchés. Nous avons pensé que leur vision et leur passion étaient très proches des nôtres."

Koji Watanabe, directeur de Honda Racing Corporation, confirme ces dires : "En novembre de l’année dernière, nous nous sommes inscrits en tant que fournisseur d’unités de puissance pour la saison 2026. Après cela, nous avons eu des discussions avec de multiples équipes afin de déterminer l’avenir qui se dessinait alors."

"Au fil des discussions, nous avons pensé qu’Aston Martin avait la plus grande envie de gagner le championnat. J’ai été personnellement honoré de visiter physiquement l’usine et de voir que l’équipe investissait dans divers domaines, y compris le personnel, et qu’elle progressait régulièrement."

"Ils nous ont également attribué une note élevée pour les capacités de notre moteur, donc ce n’est pas seulement le fait qu’Aston Martin a besoin de nous. Nous voulions vraiment travailler avec Aston Martin. C’est pourquoi nous avons choisi Aston Martin."

Aston Martin a "beaucoup à apprendre de Honda"

Avec ses progrès énormes en 2023, Aston Martin F1 est vue comme une future championne du monde, et une candidate à la victoire dans les prochains mois. Martin Whitmarsh, directeur d’Aston Martin Performance Technologies, relativise pour le moment ces objectifs, mais salue le rôle que jouera Honda dans ce processus.

"Nous restons humbles. Nous savons qu’il nous reste beaucoup à accomplir, que nous avons beaucoup à apprendre de Honda et que nous devons nous développer" assure Whitmarsh. "Mais dans ce sport, si vous n’avez pas une véritable passion, un désir, une faim et une détermination à gagner, vous ne réussirez pas."

"Nous sommes au sommet du sport automobile mondial. C’est un sport extrêmement compétitif. Mais nous sommes absolument déterminés, Lawrence [Stroll, PDG d’Aston Martin], moi-même et tous les autres membres de l’équipe, à gagner. Et c’est ce qui est passionnant."

"Nous voyons la même passion et le même acharnement chez Honda, ce sont des gagnants. C’est pourquoi nous avons été très attirés par cette opportunité. Nous nous sommes donc fixé comme objectif de gagner en 2026, puis de gagner régulièrement par la suite. Ce n’est pas une mince affaire."