Développement des F1 : Mercedes et Red Bull bridées, Ferrari avantagée
Le cancre récompensé : pourquoi Ferrari a bien fait de finir 6e…
Afin de réduire les coûts et de niveler les différences de performance entre les équipes, la FIA a décidé, en mai dernier, d’introduire une petite révolution : limiter le temps de développement aérodynamique (en soufflerie et en simulation numérique CFD) en fonction du classement de chaque au classement des constructeurs.
En clair, une équipe finissant dernière du championnat, en 2021, aura plus de temps de développement, en 2022, que l’équipe classée première.
Mais à combien précisément s’élèveront ces limitations ? Il est possible de le savoir désormais que le classement des constructeurs 2020 est connu…
Il s’agit là d’un élément très important : car le temps de développement en 2021 (concerné par la nouvelle règlementation donc) sera consacré, en majeure partie, au développement des F1 2022, pour le nouveau règlement. Autrement dit, le classement des constructeurs 2020 a peut-être décidé de la compétitivité des équipes en 2022, pour la nouvelle ère du sport.
La base « 100 % » de temps de développement possible correspondra à 40 tests en soufflerie par semaine (contre 65 aujourd’hui). La FIA a donc réduit le temps passé en soufflerie en général, de manière significative ; mais cette réduction sera donc encore plus importante pour les équipes les mieux classées. De 2022 à 2025, ce temps de développement maximal autorisé se réduira encore.
C’est donc sans surprise Mercedes qui sera la plus affectée par la mesure. L’équipe allemande aura ainsi 90 % du temps de développement possible.
Cela signifie que Red Bull, qui a fini 2e au classement des constructeurs en 2020, aura 2,5 % de temps de développement en plus en soufflerie et CFD par rapport à Mercedes (92,5 %).
La bonne affaire est clairement pour Ferrari : en finissant seulement 6e au classement des constructeurs, la Scuderia aura, en 2021, 12,5 % de temps de développement en plus que Mercedes et 10 % de plus que Red Bull, avec des moyens équivalents !
Voici pourquoi la Scuderia a peut-être bien fait, finalement, de rater autant sa saison 2020, avant une saison 2021 décisive pour le développement.
Renault est l’équipe occupant la position « neutre » de la base 100 %, à la 5e place au classement des constructeurs. Avec des moyens réduits ou équivalents, McLaren aura 5 % de temps de développement en moins. Là encore Enstone a fait peut-être la bonne affaire à moyen terme.
En bas de tableau, Williams sera l’équipe la plus avantagée avec un temps de développement de 112,5 %, soit 25 % de plus que Mercedes !
Ce chiffre peut paraître significatif et il l’est quand on connaît la limitation globale des tests en soufflerie à 40 runs par semaine.
Mais il ne faut pas oublier qu’au-delà de l’aspect quantitatif, il y a l’aspect qualitatif : autrement dit, avec plus de moyens, une meilleure organisation, des processs bien rodés, une soufflerie bien corrélée, Mercedes sera peut-être plus efficace que Ferrari même avec 12,5 % de temps de développement en moins. De même, il faut par exemple que Haas trouve les ressources pour bien occuper sa base 110 % de temps de développement.
Il faudra ensuite jongler, en 2021, avec le développement de la monoplace contemporaine et celle de 2022 : avec un tel temps de développement réduit, l’équation sera difficile pour Mercedes et Red Bull, plus facile pour Ferrari.
Notons enfin qu’après 2022, les différences entre chaque équipe seront encore plus grande (70 % pour le 1er, 90 % pour le 5e au classement des constructeurs par exemple) : cela veut dire que les écarts entre équipes continueront de se réduire rapidement voire de s’inverser.
Tableau du développement aérodynamique autorisé à partir de 2021 :
Fonctionnement : si une équipe est 4e du championnat en 2020, elle aura le droit à 97,5% du maximum autorisé par le règlement (40 tests en soufflerie par semaine représentent 100%). La remise à zéro se fait au 30 juin afin de refléter au mieux le niveau de performance actuel. De 2022 à 2025, l’échelle devient plus dure : une équipe qui serait 4e aura droit à seulement 85% du maximum.
Pour la dernière équipe du championnat, ou pour de nouvelles équipes (la ligne 10 ou plus), en 2021, ce serait 45 tests par semaine possibles et même 46 à partir de 2022).
Pos. au championnat année d’avant | % de développement max en 2021 | % de développement max de 2022 à 2025 |
---|---|---|
1 | 90% (Mercedes) | 70% |
2 | 92.5% (Red Bull) | 75% |
3 | 95% (McLaren) | 80% |
4 | 97.5% (Racing Point) | 85% |
5 | 100% (Renault) | 90% |
6 | 102.5% (Ferrari) | 95% |
7 | 105% (AlphaTauri) | 100% |
8 | 107.5% (Alfa Romeo) | 105% |
9 | 110% (Haas F1) | 110% |
10 ou plus | 112.5% (Williams) | 115% |
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