McNish raconte les deux manœuvres de Verstappen qui l’ont impressionné au Brésil
Séance de rattrapage
Comme l’ensemble des connaisseurs du paddock, Allan McNish a été impressionné par la danse pluvieuse de Max Verstappen à Interlagos. Pour le pilote écossais, ancien de Toyota, le Néerlandais a réalisé l’une des performances les plus étourdissantes de la dernière décennie. Il a particulièrement apprécié plusieurs manœuvres durant la course…
« Il y a eu beaucoup de choses impressionnantes dans le pilotage de Verstappen, d’abord au moment où sa course a presque été terminée : son demi tête-à-queue dans la ligne droite des stands. C’est arrivé parce que la voiture était en aquaplaning et est passée sur de l’eau stagnante, comme de nombreux pilotes durant la course. Mais c’est arrivé pour une raison différente dans le cas de Verstappen. »
« La plupart des pilotes ont de l’aquaplaning parce qu’ils roulent sur la ligne blanche à l’intérieur de la piste, alors qu’ils accélèrent sur la première partie de la ligne droite des stands, légèrement incurvée, à la sortie du dernier virage. Et ils passent sur cette ligne parce qu’ils essaient de conserver le pneu arrière-droit hors de la partie mouillée. A un moment, ils ne pouvaient pas éviter ces rigoles, donc l’arrière perd de l’adhérence et ils perdent le contrôle de la voiture : c’est arrivé, entre autres, à Sebastian Vettel et à Fernando Alonso. »
« Cependant, Verstappen utilisait des trajectoires très différentes en de nombreux endroits, dont Juncao, le dernier virage. Il est parti vraiment au large, toujours sur la partie plus mouillée du circuit, à l’extérieur. En faisant cela, il avait une sortie plus courte vers le dernier virage, donc il avait une meilleure accélération. »
« Mais le côté négatif, c’était qu’il allait davantage dans l’eau, bien plus que les autres gars, et sur la fin, cela l’a surpris. En se rattrapant, il a réalisé deux choses hautement impressionnantes. D’abord, Verstappen a tourné dans la direction contraire extrêmement rapidement, tout en cessant d’accélérer. Ses réactions étaient instantanées. Mais ensuite, il a redressé le volant. Il a pu ensuite relâcher les freins, donc la voiture était à nouveau bien maniable, et a poursuivi son chemin. Il ne s’agit pas seulement de réactions rapides, mais aussi de toute la réflexion sur ce qu’il fallait faire pour garder la voiture un peu sous contrôle. C’était la clef pour lui : ne pas frapper le mur, comme Felipe Massa et Marcus Ericsson l’ont fait ici. »
Allan McNish a également particulièrement apprécié les manœuvres de dépassement du Néerlandais…
« Les trajectoires que Verstappen utilisait n’étaient pas aussi radicales que suggérées. Elles étaient assez logiques, il recherchait de l’adhérence. Une trajectoire de course standard sur le sec devient généralement plus glissante une fois mouillée en raison des dépôts de gomme et d’huile qui restent sur l’asphalte. En plus d’essayer différentes trajectoires, Verstappen a employé un style de pilotage offensif. Cela fait chauffer les pneus, alors que les autres pilotes étaient plus raisonnables avec leur voiture. Cela ressemble à ce qui est arrivé à Jenson Button dimanche : il était par exemple bien moins rapide que son coéquipier Fernando Alonso. Et à Nico Rosberg à Monaco, face à Lewis Hamilton. »
« La confiance mène à l’attaque, l’attaque fait monter les températures de pneus, et ainsi, le grip augmente. Cela lui a permis de rouler sur des trajectoires extérieures et de passer sur des endroits de la piste où les autres sentaient qu’ils ne pouvaient pas aller. »
La manœuvre préférée de McNish est celle sur Sebastian Vettel lors de la grande remontée de Verstappen durant les 15 derniers tours.
« Il a pensé tenter le coup aux alentours du virage 4, mais a décidé de ne pas le faire. Ensuite, j’ai pensé qu’il le ferait aux alentours du virage 11, où il avait dépassé son coéquipier Ricciardo quelques tours avant – une autre très belle manœuvre. Mais il n’a pas eu une assez bonne sortie de l’épingle précédente, donc il n’était pas assez proche. »
« Alors, à la place, il a changé de côté et il a plongé à l’intérieur du dernier virage, et peut-être en raison du virage 4, il s’est assuré que Vettel savait qu’il était là, et l’a poussé vers l’extérieur. C’était vraiment un dépassement très doux, Verstappen a montré de la maturité en ne se précipitant pas tôt dans le tour. »