L’efficacité des pneus pluie mise en cause après Interlagos
Le paddock se plaint des gommes bleues
Les conditions du Grand Prix du Brésil étaient les plus difficiles rencontrées cette saison avec une pluie torrentielle et de l’eau stagnante sur la piste d’Interlagos. Interrompue à plusieurs reprises, la course a finalement pu aller à son terme après avoir été interrompue par des accidents.
La capacité de drainage des pneus pluie a directement été mise en cause dans ces derniers, puisque Grosjean, Ericsson, Massa et Räikkönen ont accidenté leur monoplace dans la montée vers les stands tandis que Verstappen, Alonso, Pérez et Rosberg s’en sont miraculeusement tirés quand leurs monoplaces se sont mises à l’équerre au même endroit. Les pilotes étaient quasiment à chaque fois équipés des pneus pour la pluie, obligatoires lors des départs dans ces conditions.
"Il est très facile de glisser avec ces pneus, même quand la pluie n’est pas très forte" regrette Räikkönen, qui a perdu le contrôle de sa Ferrari en pleine ligne droite. "Nous l’avons dit plusieurs fois, mais ça dépend aussi du circuit et d’autres choses. Si on regarde 10 ou 12 ans en arrière, les pneus pluie pouvaient sans problème supporter une grosse quantité d’eau sans qu’on arrive à de l’aquaplaning. Et c’est le plus gros problème, dès qu’on a un peu d’eau stagnante il n’y a plus aucune adhérence".
Romain Grosjean n’a pas pu essayer ces gommes en condition de course puisque le Français a envoyé sa Haas dans le mur lors de son tour pour rejoindre la grille de départ. Il se défend d’avoir accéléré trop fort mais n’a rien pu faire pour empêcher le tête à queue qui l’a envoyé hors de la piste. Son argument principal est aussi que les pilotes en intermédiaires étaient capables de tourner aussi vite que les pilotes chaussées de gommes pour la pluie.
"Mon accident montre à quel point ils sont horribles et les pneus intermédiaires sont plus rapides, même s’il faut prendre des plus gros risques. C’était terminé en une fraction de seconde, je n’ai rien pu faire et je ne sais même pas ce qu’il s’est passé, j’ai vu deux autres voitures avoir exactement le même problème".
"Nous devons améliorer ces pneus car je n’attaquais même pas, c’est vraiment étrange. Il n’y a pas d’adhérence avec ce pneu qui est vraiment mauvais. Il faut prendre beaucoup de risques pour passer en intermédiaires car ils sont plus rapides, mais on ne peut pas contrôler la voiture en ligne droite" précise Grosjean.
Les pneus pluie n’ont pas été souvent essayés depuis l’arrivée en F1 de Pirelli et le manufacturier, conscient du problème, a organisé six journées d’essais sur le mouillé cette année, soit un programme plus complet que lors des cinq premières années réunies.
"C’est vraiment le problème des pneus si nous n’arrivons pas à gérer l’aquaplaning" renchérit Rosberg. "C’est compliqué car ils sont imprévisibles dès lors qu’il y a un peu plus d’eau en piste, on ne sait jamais ce qu’il va se passer. Pirelli travaille dessus actuellement, c’est pour cela que nous avons fait des essais sur piste mouillée en vue de l’année prochaine. Ce serait bien pour le spectacle car on n’aurait pas besoin de sortir le drapeau rouge et les courses pourraient continuer normalement".
Marcus Ericsson a perdu une belle occasion de briller à cause d’un aquaplaning dans la dernière montée du circuit brésilien : "Quand on va a grande vitesse et qu’il y a de l’eau stagnante, il y a un grand risque de perdre le contrôle avec ces gommes, je n’ai pas été le seul. Le reste de la piste était largement praticable, mais dans de telles conditions, il n’y aurait pas eu de problèmes il y a 10 ans. Il faut que l’on puisse passer dans les flaques sans avoir d’aquaplaning".
Verstappen se veut optimiste pour l’année prochaine, sans toutefois envisager que la solution puisse venir de Pirelli. Malgré les essais déjà accomplis sur piste humide avec les pneus larges, le pilote Red Bull semble penser que ce sont les voitures elles-mêmes qui aideront à récupérer de l’adhérence dans ces conditions.
"Je pense qu’on peut améliorer les pneus, nous y travaillons pour l’année prochaine. Mais avec plus d’appui aérodynamique, une partie du problème sera déjà réglée. Et je pense que ça sera suffisant pour que ces problèmes disparaissent, ce sera plus simple de piloter sous la pluie en ayant bien plus d’appui".
Pour Christian Horner, son directeur, c’est l’absence de différence entre les types de gommes utilisés sous la pluie qui pose problème : "On a vu les pilotes subir de l’aquaplaning en pneus pluie ainsi qu’en pneus intermédiaires. Kimi s’est crashé devant nous avec les pneus les plus rainurés tandis qu’Ericsson était en intermédiaires. Nous avons fait des essais pour Pirelli en début d’année et il semble qu’il reste encore beaucoup de progrès à faire sur les pneus pluie".
Seul dissident à ces avis, Lewis Hamilton a connu une course parfaite et ne s’est fait aucune frayeur en piste, contrairement aux deux hommes qui l’accompagnaient sur le podium.
"Ces pneus allaient très bien, je n’ai eu aucun problème" confirme le triple champion du monde. "C’est la Formule 1 et ces conditions sont les pires. Si tout le monde pouvait tourner sans faire d’erreur, ce serait trop facile et tout le monde pourrait le faire. Nous allons très vite et il y a beaucoup d’eau à évacuer avec les pneus, c’est pour ça qu’ils ont des difficultés. Le plus vite nous allons, le plus dur c’est pour les pneus. Ce n’était pas une course très compliquée au niveau de la quantité de pluie, il y a eu bien pire du côté de l’aquaplaning".