Vettel, Leclerc et Rosberg expliquent pourquoi la préparation mentale est critique en F1
Un bon pilote est-il un bon bouddhiste ?
Aki Hintsa est un nom qui ne dit pas grand-chose au grand public de la F1, mais qui pourtant a beaucoup compté dans l’histoire récente de la discipline. Ancien chirurgien, Aki Hintsa, disparu en 2016, est par la suite devenu un champion de la préparation mentale pour les sportifs de haut niveau.
C’est notamment lui qui a permis à Mika Hakkinen, après son grave accident à Adelaïde en 1995, de se reconstruire mentalement et ainsi de devenir, dans sa tête puis sur la piste, un double champion du monde en puissance – il officiait chez McLaren en tant que « médecin de l’équipe et coach de la performance ». Lewis Hamilton a ensuite travaillé avec le Dr Hintsa chez McLaren, en le qualifiant même de « mentor. »
« Si quelqu’un veut être meilleur dans un sport, il doit il y avoir de la science derrière son progrès » explique ainsi Mika Hakkinen pour le premier numéro du tout nouveau magazine de la F1.
Sebastian Vettel a lui aussi suivi les enseignements du Docteur Hintsa. Il a retenu en particulier sa méthode de « visualisation », inspirée du bouddhisme zen : il se passe, dans sa tête, un tour de piste avant notamment chaque séance de qualifications.
« La qualification est un exercice très pur, brut, donc vous prenez du temps pour examiner le tour dans votre tête. Quels sont les points clés ? Où devez-vous vous améliorer par rapport au Grand Prix précédent ? » explique sur ce sujet le pilote Ferrari.
« Une fois que vous avez commencé le tour, vous n’avez plus le temps de réfléchir, alors vous vous videz l’esprit et vous devez être dans l’instant présent. Même si vous faites une erreur, il est important de ne pas y penser. Vous vous concentrez juste en prenant le tour virage après virage, idéalement, vous laissez le tout s’enchaîner. »
Cette technique de visualisation a été aussi adoptée par le coéquipier de Sebastian Vettel, Charles Leclerc. Le Monégasque a lui suivi les enseignements de Riccardo Ceccarelli, son coach mental depuis maintenant une décennie.
« J’ai beaucoup grandi mentalement ces dernières années » raconte Charles Leclerc. « Il y a beaucoup de techniques qui peuvent être utilisées ; personnellement, j’aime bien celle qui consiste à imaginer le tour parfait dans ma tête, surtout avant les qualifications. Je le fais souvent parce que ça m’aide vraiment. »
« Lorsque je ne suis pas dans la voiture, ces images m’aident énormément à être pleinement concentré et à me réadapter plus rapidement à la voiture. »
« Ensuite, pour la course, il s’agit de regarder les Grands Prix précédents et d’imaginer tous les scénarios possibles pour être prêt pour l’un d’entre eux, comme par exemple pour savoir où se trouver au premier virage. »
La performance mentale fut aussi décisive, pour Nico Rosberg, afin de supporter la pression infligée par Lewis Hamilton chez Mercedes ; et si le titre 2016 de Nico Rosberg s’expliquait par ces progrès effectués sur le plan mental ? L’Allemand en mesure en tout cas l’influence aujourd’hui…
« Nous nous entraînons tous à fond chaque jour, mais pas tant que ça au niveau mental. »
« J’ai donc vraiment accéléré le rythme en 2016 et j’ai trouvé une façon de travailler intensément avec un coach mental. Je me suis concentré sur la méditation. Le mot est souvent mal interprété, mais dans mon cas, il s’agissait de pratiquer la concentration et d’apprendre à contrôler son esprit. »
« Vous ne pouvez pas effacer les émotions négatives, mais vous pouvez changer la façon dont vous y réagissez. Si vous en êtes conscient, vous pouvez les ralentir et faire évoluer votre esprit vers des pensées plus positives. »
« J’y ai travaillé pendant 20 minutes chaque matin et chaque soir pendant toute l’année 2016, et cela a été bénéfique à la fois pour la course et pour ma vie dans son ensemble. Cela m’a donné ce petit plus - et c’est en partie pour cela que je suis devenu champion du monde » estime Nico Rosberg.
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