Vergne : Mon éviction de la F1 fut une grande claque, je ne savais plus où j’en étais

Il compare aussi Formule E et Formule 1

Par Alexandre C.

24 février 2021 - 15:58
Vergne : Mon éviction de la F1 fut (…)

Écarté de Toro Rosso fin 2014 (photo), alors qu’il aurait pu aller remplacer Sebastian Vettel chez Red Bull, Jean-Eric Vergne a su rebondir, et de quelle manière, en Formule E, où il a été le seul à rempoter deux titres pilotes d’affilée avec DS.

Cependant, comme il l’a reconnu au Figaro, son éviction de Toro Rosso avait été très douloureuse pour lui, et l’avait à l’époque totalement décontenancé.

« Le fait de quitter la F1 m’a mis une grande claque. Je pensais que le talent serait suffisant, et cela ne l’a pas été. Des circonstances n’ont pas joué en ma faveur, mais je ne suis pas là pour mettre la faute sur X ou Y. Je suis le seul à prendre la responsabilité de mon échec en F1. Après, il fallait que je réussisse à apprendre de cet échec et que je devienne meilleur, ce que je pense avoir réussi à faire en Formule E. Donc finalement, de cette mauvaise chose dans ma carrière est née une autre bien meilleure. Et aujourd’hui je suis extrêmement heureux de là où j’en suis. »

Ainsi « JEV », qu’on disait parfois difficile à vivre en Formule 1, a radicalement changé en tant que pilote mais aussi en tant que homme…

« Oui, c’est un virage à 180 degrés. »

« Quand je suis arrivé en Formule E, honnêtement, je ne m’attendais à rien. Je ne savais plus où j’en étais. Je me souviens avoir eu une discussion avec mon manager après mon dernier GP en F1 et je lui demandais ce qu’on allait faire. Un peu d’Endurance ? Mais il n’y avait rien d’un tant soit peu concret. Et puis 24 heures après, il m’a appelé pour me dire que je devrais considérer la Formule E. À l’époque, je savais à peine de quoi il s’agissait mais un baquet venait de se libérer dans l’écurie Andretti pour la prochaine course. Je demande à mon manager combien je serais payé et il me dit : « ils te paient ton voyage et ton hôtel ». La course en question était à Punta Del Este, donc il y a pire comme destination (rires). »

« J’étais vraiment arrivé la fleur au fusil, sans connaître ni la voiture, ni le circuit, ni avoir fait de simulateur. »

« Mais la base, comme partout ailleurs, c’est le travail. L’avantage que nous avons chez DS vis-à-vis des grands groupes allemands, c’est qu’eux doivent respecter scrupuleusement les 35 heures. En France, nous avons aussi les 35 heures, sauf que nous n’avons pas du tout cette mentalité. Du coup, nous travaillons comme des forcenés. Nous pouvons finir une journée de simulateur à minuit, sans compter nos heures. Nous avons des objectifs et nous n’arrêtons pas avant de les avoir atteints. Il y a une éthique de travail exceptionnelle dans l’équipe. »

Désormais figure reconnue de la discipline électrique, JEV voit-il la Formule E bientôt damer le pion à la F1 ? A moyen terme au moins ?

« C’est toujours difficile de demander cela à un pilote impliqué dans la discipline (sourire). Ce n’est pas à moi de juger. On peut le faire objectivement en regardant le nom des pilotes et des constructeurs qui y participent, au nombre des sponsors qui le financent, au nombre de villes qui veulent accueillir une étape… Quand on regarde tout ça d’un point de vue factuel, oui, la Formule E a un très bel avenir. »

« L’évolution est très positive, même si j’estime qu’il y a eu un petit ralentissement cette année (en 2020) du fait déjà qu’Alejandro Agag ne soit plus à la tête de la compétition. La discipline a besoin de trouver de nouvelles marques et il faut lui laisser le temps. Mais c’est dommage car il y a un an ou deux, on avait ce sentiment que la Formule E, en termes d’intérêt médiatique et sportif se rapprochait de la Formule 1 et puis l’écart s’est de nouveau accentué l’an passé. »

« Militant, je trouve que le terme a toujours une connotation péjorative. En revanche, je crois en une cause. Je crois réellement que les énergies fossiles sont amenées à disparaître et que c’est à nous, constructeurs et championnat de sport auto, à pousser cette technologie afin que ces énergies fossiles disparaissent le plus rapidement possible. Il y a des domaines où elles existeront toujours, mais pas dans l’automobile. »

Budgétairement, ce qui est certain, c’est que la Formule E est plus accessible et attractive sur le papier que la F1.

C’est ce que confirme Xavier Mestelan Pinon, le patron de D.S. en Formule E, aussi au Figaro… Et c’est là enfin l’occasion de comparer les deux disciplines.

« La Formule E gère au mieux la course aux moyens pour laisser la possibilité à chacun de s’imposer, ce qui n’est pas vraiment le cas en F1 par exemple. [Il faut] un budget de 30-35 millions d’euros. Ce n’est pas très vertueux de dépenser des fortunes pour faire du sport auto. Si derrière il y a un objectif pour développer les voitures de série, c’est bien. Mais si c’est juste pour le fun, j’estime que c’est grossier. Surtout dans le contexte actuel. »

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