Les présentations insolites de la F1 : Brawn GP en 2009
Un shakedown en catimini avant une domination sans partage
En cette période de présentations, lors desquelles les équipes cherchent à se démarquer malgré la distanciation sociale et des événements majoritairement en ligne, nous revenons sur des lancements de monoplaces qui ont marqué la F1, que ce soit par leur aspect inédit, ou par le spectacle proposé par les équipes.
Fin 2008, la F1 a subi son premier coup de semonce lié à la crise économique, avec le départ de Honda. La marque japonaise allait être suivie l’année d’après par BMW et Toyota, les trois marques ayant décidé de se retirer de la Formule 1 en catastrophe, mais l’urgence concernait bien Honda F1.
La F1 et les investisseurs se sont tous manifestés pour sauver la structure de Brackley, puisque Honda se laissait trois mois avant de fermer boutique. David Richards, Carlos Slim, Vijay Mallya ou encore Martin Leach se sont montrés, mais tout a échoué.
Honda a allongé son délai d’un mois alors que la FIA a publié, en février 2009, une liste d’engagés avec deux places vacantes. Les négociations avec Ross Brawn venaient de commencer, mais le temps pressait, et Bernie Ecclestone est alors monté au créneau.
Un délai administratif a bloqué la monoplace
Le grand argentier de la F1 a proposé à Brawn et Nick Fry, qui était directeur de Honda F1 et encore au conseil d’administration de l’équipe, de payer les frais d’inscription, mais les deux hommes ont refusé pour éviter tout conflit d’intérêt.
Brawn et Fry avaient les moyens de lancer l’équipe et le premier cité négociait déjà en coulisses avec Mercedes pour la fourniture d’un V8. La voiture était prête, mais il lui manquait un moteur. Conscient de son potentiel, Brawn voulait qu’elle soit mise en piste dans les règles de l’art.
Il a fallu attendre le 6 mars, un peu plus de trois semaines avant l’ouverture de la saison, pour que Brawn GP naisse officiellement. Jenson Button a décidé de rester fidèle à la structure et a réduit son salaire de 80%, tandis que Rubens Barrichello a également conservé sa place, menacée pourtant par Bruno Senna.
Ross Brawn a récupéré la propriété de l’équipe au début du mois de mars et a choisi le nom Brawn GP F1 Team. Dans la foulée, la voiture a été mise en piste, avec quelques mécaniciens pour un shakedown à Silverstone. La BGP001 arborait une livrée blanche, vierge de tout sponsor, et soulignée par une pointe de jaune fluo et de noir.
Cette présentation à peine organisée laissait imaginer que Brawn GP allait truster le fond de grille, d’autant que Honda F1 sortait de deux saisons catastrophiques. Trois jours plus tard, l’équipe était présente pour les dernières séances hivernales (photo ci-dessus), mais le doute planait toujours.
Une F1 parfaitement née et intouchable en début de saison
Pour Brawn GP, qui avait donc effectué une présentation sous forme de quelques images prises par un temps nuageux et envoyées aux médias, le destin était bien plus glorieux que cette cérémonie inexistante.
Equipée d’un redoutable moteur Mercedes, pourtant intégré au dernier moment, elle bénéficiait aussi de l’apport du double diffuseur. Le fait que Button et Barrichello aient montré des performances impressionnantes en tests hivernaux a été mis sur le compte de la recherche de sponsors de Brawn GP.
A Melbourne, après que l’équipe a dominé les essais libres et verrouillé la première ligne en qualifications, certains disaient encore qu’elle avait effectué la séance à vide pour bien se qualifier, mais que la course serait bien plus difficile.
Le lendemain, Button a paradé en tête et Barrichello est remonté après un départ raté, pour signer un doublé retentissant. Sur le podium (photo ci-dessous), Brawn exaltait, comprenant que son pari pris durant les semaines précédentes allait payer.
L’hiver difficile, la présentation fade, les doutes : tout était oublié, et Brawn GP allait filer vers les deux titres. Un ’one-off’ qui allait se terminer par la vente de la structure à Mercedes, le constructeur ayant décidé de faire son retour en F1.
Pour Brawn GP, arrivée en Formule 1 par la petite porte, sans strasses ni paillettes, la sortie était bien plus glorieuse. Après une saison entré dans l’Histoire, l’équipe quittait la discipline par la grande porte.