Neale : Difficile d’avancer si les équipes ne savent pas où investir

Le PDG de McLaren s’inquiète de l’absence de stratégie à long terme

Par Franck Drui

1er juillet 2015 - 15:03
Neale : Difficile d'avancer si (…)

Le Groupe Stratégie se réunit aujourd’hui dans l’espoir d’arriver à se mettre d’accord pour proposer un spectacle plus palpitant en Formule 1 pour 2017 et après. Mais le PDG de McLaren-Honda, Jonathan Neale, s’inquiète de ne pas voir des plans pour établir une stratégie à long terme inscrits au programme de la réunion.

« McLaren croit fermement que la Formule 1 devrait être le sommet du sport automobile et qu’elle doit se différencier des autres par sa vitesse et sa technologie. Mais il y a plusieurs défis à relever, car il n’est pas possible de représenter le summum d’une discipline pour 3 euros. De même, nous ne pouvons pas avoir des budgets infinis. Il faut être prudent et de mon point de vue plutôt que de celui de McLaren, ce qui nous manque actuellement, c’est une stratégie. »

« Je pense que la FIA avait des intentions tout à fait louables quand elle a introduit les V6 hybrides, et ces histoires d’efficacité énergétique, c’est super. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas pensé en amont comment les promouvoir, et ce sont principalement les équipes qui en parlent aujourd’hui. Chez McLaren, nous sommes heureux de jouer un rôle à ce niveau, mais les instances gouvernantes devraient en faire de même. Nous avons besoin d’être cohérents et d’avoir une gestion claire au lieu de jouer à pile ou face quand il s’agit d’établir les règlements. »

« Il faudra une une direction solide ainsi que quelqu’un avec une vision à long terme : nous ne pouvons pas nous présenter à une réunion avec 10 propositions auxquelles nous venons de penser la veille et espérer en débattre de façon sérieuse. »

Christian Horner de Red Bull avait récemment suggéré que les équipes soient mises à l’écart du processus décisionnel mais Neale n’est pas entièrement d’accord.

« Gardez à l’esprit qu’à chaque fois que les règles changent, ce sont les écuries qui mettent la main à la poche. Il faut s’adresser à toutes les parties et décider quel mode de fonctionnement adopter. À mes yeux, Toyota est un exemple criant de vérité : ils ont construit deux souffleries pour leurs voitures à l’échelle 1/1 quand ils étaient en F1, ce qui a dû leur coûter dans les 100 millions de dollars. Et 12 mois plus tard, la FIA a banni les tests sur les monoplaces grandeur nature. Difficile d’avancer si les équipes ne savent pas comment ni dans quoi investir leurs ressources. »

La gestion de la F1 est également en faute, selon Neale.

«  Gérer la Formule 1, c’est comme mener une entreprise : il faut un bon président, un conseil d’administration qui comprend ses responsabilités et prêt à se mettre au travail, de la cohérence et de l’attention portée à votre marché. »

« Le revers de la médaille, c’est que nous aimons tous les intrigues : on ne parle pas du ’Piranha Club’ pour rien ! C’est un milieu dur, et durant tout le temps que j’ai passé avec les investisseurs en Formule 1, j’ai toujours dit : ‘voilà une marque qui pèse 3 milliards, et si je compare par exemple ses revenus en Turquie par rapport à la ligue de football turque, c’est médiocre.’ Nous ne boxons donc pas vraiment dans la bonne catégorie et nous ferions mieux de commencer à nous demander ce qu’il faudrait pour en faire une entreprise qui vaille 5 milliards et répartir les bénéfices pour financer les équipes de façon appropriée et limiter les risques qu’elles doivent prendre. »

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