Le déroulement d’un vendredi de Grand Prix

Une journée pas si normale que ça

Par Franck Drui

24 août 2010 - 13:01
Le déroulement d'un vendredi (...)

Le vendredi d’un week-end de Grand Prix est toujours une course folle même si le communiqué de presse de fin de journée parle souvent d’un ‘vendredi normal’. La liste des tâches à accomplir en trois heures de temps de piste est très longue. Il faut à la fois évaluer les pneumatiques et récolter des données tandis que les pilotes doivent trouver une mise au point efficace pour le restant du week-end. En quoi consiste donc cette journée, plus précisément ?

Afin d’attaquer cette liste de tâches, Robert et Vitaly travaillent ensemble et partagent les données récoltées pour permettre à l’équipe de venir à bout de la charge de travail. Il est évident que certains facteurs doivent être évalués par chaque pilote, comme les pneumatiques. Cependant, il n’est pas nécessaire de réaliser deux fois le même programme.

Les monoplaces se lancent en piste avec différentes charges d’essence. Le Renault F1 Team commence généralement avec une voiture légère pour que les pilotes puissent travailler sur la mise au point et bien cerner leur voiture. Les charges d’essence élevées sont utilisées pour évaluer la dégradation des gommes, l’endurance du système de freinage et le rythme de course, ainsi que pour aider les ingénieurs à planifier la stratégie. L’équipe peut ainsi préparer la séance de qualifications et la course.

En plus du travail de mise au point spécifique au circuit, les vendredi sont également l’unique opportunité de tester et valider les développements. Récemment, par exemple, l’équipe a développé de nouveaux éléments de boîte de vitesse et les a testés sur trois vendredis avant de les valider pour la course. Le développement principal à Spa sera le f-duct, dont l’apport sera mesuré afin d’établir si la performance en piste rejoint les simulations de l’usine.

Un des principaux challenges du vendredi est l’évaluation des pneumatiques. Cette tâche est rendue plus difficile par le nombre restreint des allocations de pneus. Seul un train de pneus « prime » est à disposition pour les EL1 et il ne peut être utilisé que lors de cette séance. Pour les EL2, les équipes ne disposent que d’un train de pneus « prime » et d’un train de pneus « option ». Chaque pilote n’a donc pas plus d’un train de chaque type de pneumatiques à sa disposition le vendredi ; cela veut dire qu’on est toujours à court de gommes neuves.

Bridgestone propose les pneumatiques durs et tendres de sa gamme ce week-end car Spa présente des virages très rapides et l’on observe généralement des niveaux de dégradation élevés. Il n’est pas inhabituel que la température ambiante et celle de la piste soit assez basse, et cela pourrait rendre la montée en température des pneumatiques assez difficile.

Le programme de mise au point du vendredi à Spa inclura certainement une dose d’expérimentation des niveaux de charge aérodynamique. Le premier et le dernier secteur sont dominés par des lignes droites où la vitesse de pointe est importante, tandis que le secteur n°2 requiert plus d’appuis pour les virages rapides tel que Pouhon. L’équipe fera donc différentes évaluations pour déterminer l’option la plus efficace.

Qu’en est-il du plus célèbre virage de Spa ? De nos jours, Eau Rouge ne présente plus le challenge d’autrefois, tout simplement grâce au niveau d’adhérence élevé procuré par les voitures. Cela ne veut pas dire qu’il faut l’ignorer le vendredi matin, mais les voitures pourront le prendre à fond assez rapidement.

A la fin des essais libres du vendredi, il reste encore beaucoup de travail. L’équipe peut effectuer toutes sortes de changements sur les voitures durant la nuit et il n’est pas inhabituel que les mécaniciens travaillent tard dans la nuit pour démonter et remonter les monoplaces. Une nuit blanche est toujours possible. Le changement de moteur et de boite de vitesses fait partie des tâches usuelles en vue de la course, tout comme le remplacement des radiateurs et de quelques éléments de suspension. De plus, c’est l’occasion de modifier les réglages nécessaires pour le samedi matin.

Le challenge final du vendredi est d’essayer d’interpréter les temps de la concurrence et de mesurer sa propre compétitivité. Ce n’est pas une mission facile, les temps au tour peuvent varier jusqu’à quatre secondes en fonction du niveau de carburant embarqué, mais les ingénieurs ont une idée assez claire du niveau de compétitivité en fin de journée. C’est en analysant le rythme des runs courts et longs de la concurrence qu’ils peuvent se faire une idée assez précise du rapport de forces.

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