Le défi de Sakhir, côté moteur

Quelques éléments-clés sur Bahreïn

Par Franck Drui

18 avril 2012 - 15:41
Le défi de Sakhir, côté moteur

Disputé sur le circuit international de Sakhir, le Grand Prix de Bahreïn sera la quatrième manche du Championnat du Monde de Formule Un FIA 2012. La course se disputera sur le circuit de 5,412 km utilisé en 2009, et non pas le tracé plus long emprunté en 2010.

Sur les sept éditions déjà disputées, le Renault F1 Team compte deux victoires avec Fernando Alonso en 2005 et 2006. En 2010, Sebastian Vettel (Red Bull Racing-Renault) s’était élancé depuis la pole position.

Quelques éléments-clés sur Bahreïn

Les moteurs sont utilisés à pleine charge sur 50% d’un tour, et même 57% en qualifications. Longue de 1000 mètres, la ligne droite des stands est la plus importante. Trois autres sections rectilignes relient les virages 3 et 4, 10 et 11 et enfin 13 et 14. Le circuit de Sakhir est donc dans la moyenne en ce qui concerne la sollicitation des moteurs. Cette année avec le DRS, la vitesse de pointe dans la ligne droite des stands devrait être de 310 km/h.

Les portions techniques entre les virages 4 à 8 et 11 à 13 nécessitent du couple à moyen régime. Une courbe de couple assez pleine est utile dans ces secteurs, car elle offre plus de latitude aux pilotes en ce qui concerne le choix des rapports de boîte de vitesses. Un moteur offrant une courbe de puissance plus large fonctionnera correctement sur différents rapports, et pas uniquement sur le plus adapté. Les équipes pourront ainsi choisir un jeu de rapports de boîtes valable pour les qualifications et la course. Les remises de gaz à basse vitesse seront importantes en sortie des virages 1, 4 et 8.

La température ambiante élevée a son importance non seulement sur le refroidissement, mais aussi sur le réglage acoustique du moteur. Quand la température monte, la vitesse du son augmente également. La longueur des trompettes d’admission (qui régulent l’entrée d’air dans le moteur à partir de la boîte à air) doit également être augmentée pour que le moteur fonctionne parfaitement. La réglementation autorise les équipes à homologuer trois longueurs de trompettes. Les plus longues seront utilisées ce week-end, permettant ainsi aux ondes de pression d’atteindre les soupapes d’admission au meilleur moment, engendrant un surplus d’air dans le moteur, et donc plus de puissance, tout simplement...

Les températures rencontrées à Sakhir dépassent généralement les 30°C. Mais contrairement à Sepang, il s’agit d’une chaleur sèche. Ces conditions sont moins néfastes pour la puissance moteur, mais elles compliquent le refroidissement. Les carrosseries devront donc être légèrement ouvertes pour participer aux échanges thermiques. Il va sans dire que les ingénieurs châssis flirteront avec les limites pour ne pas dégrader les performances aérodynamiques des monoplaces...

Le circuit est situé au milieu du désert, ce qui signifie que la poussière et le sable viennent souvent recouvrir la piste. Ces saletés peuvent être aspirées par le moteur et causer d’importants dégâts. La réglementation imposant l’utilisation du même type de filtre à air pour l’ensemble de la saison, Renault Sport F1 en a développé un qui couvre l’ensemble des circuits de l’année. Ce filtre a été développé pour fonctionner sur les circuits les plus ‘sales’, comme Abu Dhabi, Bahreïn et le Hungaroring, sans perte de performance.

Les fortes températures de Bahreïn devraient également se traduire par une dégradation des pneumatiques plus rapide qu’en Chine. Il est donc essentiel que le pilote puisse contrôler finement le couple moteur afin de limiter le patinage ; il prolongera ainsi la durée de vie de ses gommes. Face à cette dégradation, les pilotes préfèrent souvent moduler le frein moteur pour stabiliser l’arrière de la monoplace dans les phases de freinage. Cela ménage les pneus en évitant le blocage des roues mais augmente légèrement les températures moteur et sensiblement la consommation de carburant et donc le poids de la monoplace en début de course.

Vitaly Petrov, Caterham F1 Team : "Bahreïn est un circuit à part pour moi, car c’est là que j’ai débuté en F1 en 2010. Pour les pilotes, il s’agit d’un tracé très technique. Il faut parvenir à faire délivrer au Renault RS27 le bon niveau de couple dans les virages et à l’accélération. C’est vraiment crucial quand on veut viser chaque point de corde ! La moitié du tracé étant constituée de longues lignes droites, c’est indispensable de pouvoir compter sur la puissance du moteur et l’efficacité du KERS pour gagner des places."

Rémi Taffin, responsable des opérations piste Renault Sport F1, livre son sentiment sur Sakhir :

"Ce circuit est compliqué pour les pilotes à cause de la chaleur et du tracé en lui-même. Dans certains virages qui suivent les lignes droites, ils doivent encaisser des accélérations latérales très élevées. La section sinueuse nécessite des réglages très précis et il n’y a finalement pas beaucoup d’occasions de se relaxer lors d’un tour. Pour le moteur, en revanche, ce n’est pas trop compliqué. Avec 50 à 60% de pleine charge — en course ou en qualifications — ce circuit se situe dans la moyenne des sollicitations. Ce sont les conditions atmosphériques, comme le manque d’humidité dans l’air ou le sable qui recouvre la piste, qui compliquent les choses pour nous.

Cela dit, la journée du vendredi pourrait être une des plus intenses de l’année. Nous avons vu lors des premiers Grands Prix que les vendredis nécessitent plus de travail qu’auparavant. L’an passé, les échappements soufflés amélioraient la facilité de pilotage. Désormais, nous devons quasiment régler les moteurs pour chaque virage et nous devons passer plus de temps sur les niveaux de couple attendus par le pilote. En outre, la nouvelle réglementation a restreint le nombre de paramètres sur lesquels nous pouvons agir. Il faut que nous soyons plus ‘malins’ pour exploiter les possibilités qui nous sont offertes. Ce sera d’autant plus difficile sur un tracé que nous n’avons plus utilisé depuis trois ans.

Tous les pilotes motorisés par Renault utiliseront les mêmes moteurs qu’en Chine, à l’exception de Vitaly Petrov qui utilisera son moteur de la Malaisie. Nous sommes confiants face à ce challenge et nous espérons offrir les meilleures prestations à nos partenaires."

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