La stabilité du règlement moteur prolongée jusqu’en 2023 ?

Horner veut tout changer mais est prêt à patienter

Par Alexandre C.

26 août 2018 - 09:28
La stabilité du règlement moteur (…)

Comme Ross Brawn le laissait récemment suggérer, il est possible que, faute d’accord, les nouvelles règles moteur prévues à l’origine pour 2021 soient décalées. On parle de 2022 dans le paddock maintenant, et même plutôt 2023 selon le directeur de Red Bull Racing.

Pourtant il y aurait urgence à changer au plus vite selon Christian Horner : aujourd’hui, « 70 % » de la performance en F1 est dictée par le moteur, alors que la performance des ingénieurs, des pilotes, du châssis, ne compterait que pour « 30 % ».

« La F1 est aujourd’hui un peu déséquilibrée » confirme Christian Horner à Spa. « Mon point de vue, c’est que le moteur joue un rôle trop important dans la réglementation actuelle. La F1 doit être un mélange de trois facteurs qui doivent jouer un rôle égal : le pilote, l’équipe et le châssis, et enfin le moteur. Si vous avez deux de ces trois éléments qui sont performants, vous devriez pouvoir toujours vous battre. Mais pour le moment, nous sommes dans une position moins solide parce que le moteur est un facteur si décisif, que vous ne pouvez compenser votre retard dans ce domaine, même en ayant les deux autres éléments de votre côté. »

« Nous discutons pour le moment du prochain règlement pour 2021. C’est l’opportunité parfaite pour essayer de rééquilibrer la situation. Au bout du compte, la F1 doit être un sport d’équipe. Mais ce qui pour nous compte le plus, c’est les pilotes. Et nous voulons voir les meilleurs pilotes courir entre eux plus fréquemment. »

Christian Horner, dans ses propos, visait évidemment la faible compétitivité supposée du moteur Renault. Red Bull, frustrée, a ainsi décidé de faire alliance avec Honda l’an prochain.

Le règlement 2021, espérait Christian Horner, devait être l’occasion de rendre le moteur moins important dans la performance finale. Or, les derniers échos des négociations des Accords Concorde, laissent supposer qu’une certaine stabilité réglementaire l’emportera.

Cyril Abiteboul, pour Renault, a déjà déclaré être en faveur de cette stabilité prolongée de quelques années, et le répète à Spa, en avançant d’autres arguments.

« Ce que la F1 essaie de faire pour 2021, c’est extrêmement ambitieux. C’est la première fois dans l’histoire de la F1 je crois, qu’il y aura en même temps un changement de règlement châssis, un changement de règlement moteur, un changement de gouvernance, et des budgets plafonnés. C’est beaucoup, beaucoup en même temps ! Donc il pourrait y avoir un risque en essayant de changer trop de facteurs à la fois, sans succès au final. »

« Notre opinion, c’est qu’il faudrait être un peu pragmatique et se concentrer sur ce qui est la principale urgence en F1 aujourd’hui : le spectacle, l’inégalité des revenus entre les écuries, et l’écart trop grand entre les équipes du point de vue de la performance. C’est la principale priorité. »

« Les coûts sont certainement trop élevés. Nous ne pensons pas que le règlement moteur soit la première priorité. Est-ce que je suis satisfait de la situation actuelle avec les moteurs ? Non, il faut l’améliorer. Mais c’est surtout une question de labeur, de dur labeur, pour y arriver. Nous avons fait pour le moment des changements organisationnels, nous avons investi, et il y a plus encore à venir pour nous permettre de rattraper notre retard. Parce que c’est notre problème, c’est un problème Renault, ce ne devrait pas être un problème pour le sport. »

« C’est pourquoi je crois que peut-être, nous devrions réduire l’influence de ce sujet [le règlement moteur]. Bien sûr, c’est un problème, mais il y a toute une liste de priorités en F1. La stabilité devrait être par définition et par défaut, le scénario à privilégier dans ces circonstances. »

Cela fait donc un désaccord de plus entre Christian Horner et Cyril Abiteboul : le premier veut révolutionner les règles moteur, le deuxième veut les préserver. Horner est prêt à patienter un peu toutefois, à certaines conditions.

« J’ai compris ce qu’a dit Cyril ! » réagit Christian Horner. « Pour le moment notre situation est différente d’il y a deux ou trois mois. La stabilité est importante. Nous partageons quelques vues générales avec Cyril. Il n’y a pas de nouveau manufacturier qui va pouvoir arriver avec le règlement actuel. Donc au lieu de faire un petit changement à moitié, sans y croire vraiment, et sans régler totalement le problème, il vaut mieux prendre un peu plus de temps pour vraiment réfléchir sur le moteur qu’il faut vraiment à la F1. Si cela requiert un peu de temps, deux ans de plus par exemple, alors, c’est une approche raisonnable. Pour le moment, je ne peux pas voir arriver un changement avant 2023, pour être honnête. »

Christian Horner va donc devoir supporter une F1 déséquilibrée pendant de nombreuses saisons encore. Le changement, ce n’est pas maintenant…

Enfin, pour Frédéric Vasseur, chez Sauber, il faudrait au moins deux ans de délai.

« Ce serait une erreur de repousser le nouveau moteur à 2022. Cela n’aurait aucun sens de concevoir de toutes nouvelles Formule 1 pour 2021 avec un moteur qui change l’année d’après. Il faut au moins 2 ou 3 saisons avant qu’on greffe un nouveau moteur et tout refaire. »

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