Force India s’inquiète du poids budgétaire des projets de Liberty

Les écuries vont-elles supporter seules le poids des réformes ?

Par Alexandre C.

24 mai 2018 - 15:43
Force India s'inquiète du (...)

L’an prochain, afin de faciliter les dépassements, la FIA a soutenu la modification du règlement aérodynamique au niveau des ailerons. Cette décision, tardive, aura de plus des conséquences financières importantes sur le budget des écuries. Otmar Szafnauer, le directeur des opérations de Force India, est d’autant plus concerné par ce problème – car Force India manque de plus en plus de moyens pour soutenir la concurrence de McLaren ou Renault.

« Il y a toujours ce risque [que ce changement de règlement ne soit pas si positif]. Mais j’espère que cette décision a été prise intelligemment. Ce ne peut pas être pire qu’aujourd’hui. Le seul risque que je vois est que ce changement n’apporte pas de modifications particulièrement importantes, tout en coûtant beaucoup d’argent. Mais nous devrions accepter ce risque pour le bénéfice des fans, qui doivent passer en premier. »

Les principales modifications aérodynamiques seront néanmoins introduites en 2021, date du prochain renouvellement des Accords Concorde. Liberty Media entend niveler le niveau entre les écuries, là encore pour favoriser le suspense et le spectacle, et a présenté ses premiers plans en ce sens aux écuries.

« C’est la définition d’un compromis » relève Otmar Szafnauer. « Nous sommes satisfaits de ce compromis. Maintenant, je ne peux pas parler au nom des plus grandes équipes. C’est à elles [de répondre à Liberty Media]. »

Liberty Media entend encore introduire des budgets plafonnés. Cette mesure est la plus populaire parmi les petites écuries comme Force India. Otmar Szafnauer est d’ailleurs satisfait de l’ensemble des points présentés par les Américains sur le plan budgétaire.

« Oui, je suis heureux. C’est la définition d’un compromis. On peut toujours dire qu’on aurait pu aller plus loin, mais il faut trouver un bon équilibre et un bon compromis. De mon côté, je suis heureux. Si nous ne nous éloignons pas de ces propositions, alors, nos chances à long terme seront meilleures. »

Réduire la charge sur les petites écuries, passe aussi par la distribution de revenus supplémentaires. C’est dans cet esprit que Liberty Media entend ajouter des courses au calendrier. Un Grand Prix à Miami est plus que jamais d’actualité.

« C’est une destination formidable » se réjouit le dirigeant de Force India. « J’adore la ville, elle est fantastique. Et la F1 va du coup être populaire en Amérique, bien sûr. Aujourd’hui, un Grand Prix qui a lieu en Europe commence à 4 heures du matin sur la côte Ouest [de l’Amérique]. Donc plus vous avez de courses dans ces fuseaux horaires – que ce soit en Amérique, à Mexico, au Canada, au Brésil – plus vous aurez de fans. C’est difficile d’avoir une majorité de courses situées dans des fuseaux horaires qui ne conviennent pas à tout le monde, puisqu’il faut parfois, pour certains, se lever le dimanche matin pour regarder le Grand Prix en direct. »

Cependant, rajouter encore et encore des rendez-vous au calendrier – jusqu’à 25 – pourrait aussi accroître la charge financière et la fatigue pesant sur les personnels.

« Bien sûr, ça aura un impact sur le personnel se rendant sur les Grands Prix » reconnaît Otmar Szafnauer. « Donc c’est peut-être aller un peu trop loin que de penser que ces gars pourront voyager sur 25 Grands Prix et travailler sur les voitures entre les courses. Nous sommes proches du point de rupture aujourd’hui. »

Les projets de Liberty Media ne sont-ils pas enfin contradictoires ? Pour augmenter les revenus des équipes, il faudrait d’abord accroître les charges !

« C’est un peu le casse-tête de ce business model. Le coût en cas de course supplémentaire est marginal par rapport au revenu reçu par Liberty Media. Ce sont les équipes qui supportent la charge financière : par exemple, nous ne supportons pas seulement le coût induit par la fatigue des gars. Car si nous ajoutons cinq autres courses, nous allons avoir besoin d’un nouveau moteur, de plus de radiateurs, de composants au niveau de la suspension, d’ailerons, car tous vont s’user. Ils sont conçus avec précision, si bien qu’ils ne durent pas longtemps avant de perdre en performance. »

« Nous allons devoir acheter beaucoup plus de composants et il y a donc un seuil à partir duquel nous allons perdre de l’argent si nous passons à 25 courses. Il faut donc s’assurer que cette solution soit profitable, parce que Liberty Media ne supporte pas les charges financières : c’est nous. »

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