Marko assume toujours son idée de ‘camp Covid’

N’est-il pas trop cruel avec les pilotes ?

Par Alexandre C.

5 novembre 2022 - 14:33
Marko assume toujours son idée de (...)

Au début de la pandémie de Covid, Helmut Marko avait suggéré l’idée de « camps Covid » afin que les pilotes Red Bull et AlphaTauri attrapent précocement le virus – de manière à être immunisé.

Cet épisode n’a rien fait bien sûr pour améliorer la réputation du Docteur – connu pour être assez froid, exigeant et impitoyable, mais aussi direct et honnête.

Helmut Marko regrette-t-il quelque part cette réputation de dure franchise ? Certains pilotes ont confié qu’ils étaient terrorisés quand ils voyaient le nom Marko s’afficher sur leur smartphone…

« Non. En course auto, il y a toujours une excuse pour ne pas gagner - le moteur, les pneus, le châssis, etc. Malheureusement, beaucoup de pilotes sont soutenus par des parents qui dépensent beaucoup d’argent, parfois plus d’argent qu’ils n’en ont, juste pour réaliser le rêve d’élever un fils qui soit un pilote de course célèbre. Il est de mon devoir de leur dire quand ils doivent prendre une autre direction et arrêter de gaspiller leur argent. »

« Nous rendons les championnats possibles. Bien sûr, il y a beaucoup de pression. Mais si vous ne supportez pas la pression, la course automobile n’est pas le bon métier pour vous. »

Et que peut dire en particulier Marko sur la polémique du camp Covid ? La regrette-t-il ?

« C’était sérieux. Les médecins pensaient qu’une fois que tu l’avais, c’était fini. On ne savait pas à l’époque qu’on pouvait l’avoir une deuxième et une troisième fois. Et on a des gens jeunes et forts. C’est comme une grippe. Imaginez si Verstappen l’avait eu l’année dernière au mauvais moment. Le championnat se serait envolé s’il avait dû manquer une ou deux courses. »

Helmut Marko appuie sa légitimité sur une longue expérience de sport auto : il a notamment gagné aux 24 Heures du Mans et en 1972, la course mythique de la Targa Florio. Marko a donc connu l’époque particulièrement dangereuse du sport auto. Trouve-t-il aujourd’hui justement que la F1 a trop sacrifié du spectacle au nom de la sécurité ?

« En 1972, à la Targa Florio, j’ai roulé assez vite, dangereusement vite. Mais c’est l’impulsion humaine : si vous voyez une chance de gagner, il y a tellement d’adrénaline. Les fans étaient certainement attirés par ce danger. Je suis heureux que cette époque soit révolue, où deux ou trois pilotes par an étaient tués et cinq autres gravement blessés, comme moi, qui ai perdu un œil et n’ai pas pu continuer à pratiquer ce sport. »

Une anecdote amusante sur Newey

Dans son autobiographie, Adrian Newey a aussi raconté une anecdote amusante sur la personnalité du Docteur.

La première fois que Marko avait rencontré Newey, il lui avait dit : « Je suis le Dr. Helmut Marko. Je travaille pour Red Bull. Vous m’appellerez. »

Marko revient sur cet épisode...

« Il m’a regardé d’un air un peu étrange. Ecoutez, quand Red Bull a décidé d’entrer en F1, les gens pensaient qu’on était juste une entreprise amusante qui faisait de plus grosses fêtes que les autres. Mon approche était d’être aussi compétitif que possible. Je suis direct sur ce que nous attendons, et au final, ça a marché. »

Comment être coéquipier de Max Verstappen ?

Marko ne supporte donc pas les pilotes gérant mal la pression. Cependant quand on est pilote Red Bull, face à Max Verstappen, n’est-il pas inévitable de subir une forme de pression liée à l’impossibilité d’obtenir de bons résultats face à un tel coéquipier ?

« Avoir Max comme coéquipier n’est pas une partie agréable de votre carrière. Max est si spécial. Il a été formé de manière très dure par son père, mais avec beaucoup de succès. Par exemple, quand il avait moins de 10 ans, ils étaient en Italie, et dès qu’il commençait à pleuvoir, tous les autres pilotes allaient à la cafétéria pour prendre un café ou un gâteau. Max devait rester dehors, parfois avec les doigts gelés. C’est pour ça qu’il est si bon sous la pluie. Il peut s’adapter immédiatement. »

« Ils comparent leurs voitures avec la sienne : "Est-ce que j’ai le même matériel ?" Ils se disent : "Comment je peux le battre ?" Ils n’y arrivent pas, alors ils essaient de changer les réglages de la voiture ou d’adapter leur style de conduite. Bien sûr, vous ne pouvez pas accepter que vous n’êtes tout simplement pas aussi bon que lui. À un moment donné, vous devez reconnaître, bah, il y a quelqu’un qui est spécial et il n’est tout simplement pas possible de le battre. C’est mon travail de leur faire comprendre ça. Est-ce que c’est cruel ? Je ne le pense pas. »

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