Symonds enthousiaste à propos des règles de 2014

Les futures règles de la saison 2014 sont redoutées par beaucoup dans le paddock de Formule 1 mais pas par Pat Symonds. Le directeur technique de Marussia y voit là un énorme challenge technique, même si les dépenses à faire, notamment pour le futur moteur, ne vont pas aider les petites équipes comme la sienne.

"Le temps va venir dans le monde où vous ne pourrez plus utiliser de copieuses quantités de carburant fossile. Pour cela j’applaudis la FIA d’avoir anticipé ce problème et je pense qu’elle a eu une approche très pragmatique. Récupérer de l’énergie grâce à la chaleur en plus de la vitesse est une super idée. La F1 peut vraiment développer ce genre de choses et être un leader technologique pour l’automobile," se réjouit Symonds dans une interview accordée à Sky.

"Mais ces moteurs vont coûter cher," admet-il. "Les nouvelles équipes sont arrivées en F1 avec Cosworth (en 2010) et honnêtement, connaissant le coût d’un moteur de mon temps passé chez Renault, je ne sais pas comment ils font avec l’argent qu’on leur donne. C’est absolument fantastique. Alors nous allons passer d’un extrême à l’autre avec les V6. Caterham paye certainement bien plus cette année que nous pour leur moteur et leur KERS (Renault) mais en 2014 cela montera d’un sacré cran. Pour nous ce sera une part très, très significative de notre budget."

Les choses auraient pu être plus simples si le V6 turbo était boulonné aux châssis actuels mais la FIA a également décidé de revoir les règles, notamment concernant l’aérodynamique.

"Oui, ajoutez à tout cela une énorme charge de travail. Elle est immense déjà pour les grosses équipes, encore plus pour nous. Et qu’on le veuille ou non cela signifie que nous devrons arrêter de développer notre MR02 d’ici quelques semaines, avec les évolutions qui sortiront pour Silverstone. Nous n’utilisons pas la soufflerie (de McLaren) continuellement. Deux semaines par ici, deux semaines par là. Mais dans quelques semaines, ce sera l’arrêt du programme 2013 et nous serons à fond sur 2014 parce que nous n’avons tout simplement pas assez de personnes pour repousser la conception. Et la voiture 2014 sera très différente de l’actuelle, beaucoup de domaines nécessitent de la recherche fondamentale."

"C’est absolument fascinant. La stratégie va devenir à nouveau très intéressante l’an prochain parce que vous n’allez pas avoir toute l’énergie souhaitée pour faire toute la course à fond, que ce soit l’essence ou l’électricité. Ce sera très stratégique et il y a des choses fascinantes à élaborer derrière tout cela. J’espère juste que cela n’ennuiera pas les fans parce que je pense pas qu’ils veuillent des choses trop compliquées. Je suis passionné de F1 et d’ingénierie mais j’ai conscience qu’il s’agit d’un sport qui se base sur le fait que les gens le regardent."

La Formule 1 avait prévu une aérodynamique très extrême pour 2014. Finalement l’aspect des voitures de l’an prochain restera proche de l’actuel. Symonds détaille cela.

"L’évolution des règles aérodynamiques a été jusqu’à un extrême avant que la FIA ne revienne en arrière. Les règles pour 2014 en la matière sont, disons-le comme ça, raisonnablement différentes de celles de cette année. A première vue, cela ne semble pas être grand chose : un aileron avant un peu moins large et à l’arrière l’aile inférieure de l’aileron est supprimée. Pour l’observateur qui n’est pas habitué, cela ne représente pas beaucoup de différences mais pour nous c’est vraiment fondamental. L’aileron avant détermine le flux total d’air autour de la voiture, tout commence là. Et la chose la plus importante c’est de bien gérer ce flux. Cela fait réfléchir. Nous l’avons fait en 2009 quand l’aileron avant s’est élargi. Il y a eu beaucoup de discussions sur les double diffuseurs mais avoir un bon aileron avant, qui répartit bien le flux d’air, était encore plus important. Tout le monde travaille donc là-dessus. Les voitures auront moins d’appuis et moins de traînée. Ce n’est pas une mauvaise chose."

"L’aérodynamique restera importante, il y a eu beaucoup d’idées comme revenir à l’effet de sol mais l’idée était d’avoir des voitures avec moins de traînée. Avec les premières règles de 2014 nous étions allés trop loin dans la réduction des appuis mais nous avons corrigé cela," conclut-il.