Renault F1 sur les talons de Mercedes GP
Interview de James Allison, directeur technique du Renault F1 Team
James, l’équipe a marqué 30 points en trois courses – vous devez être ravis de ce début de saison…
Je pense que nous avons pris un excellent départ. Nos résultats, en effet, ont quelque peu dépassé nos espérances compte tenu du niveau de compétitivité de la voiture en début de championnat. Nous avons profité des opportunités qui se sont présentées à nous et nous en avons tiré de bons résultats. C’est une bonne manière de débuter la saison.
L’équipe a fait les louanges des efforts de Robert Kubica par rapport à son éthique de travail. De quelle manière a-t-il revigoré l’écurie ?
J’ai été impressionné par son attitude et par le fait qu’il ait autant soif que nous de remonter l’équipe en haut de la hiérarchie. Il se tient constamment informé des nouveautés qui arrivent pour la voiture et il travaille très dur. Cela aide à motiver l’équipe tout entière.
Vitaly continue d’impressionner. Comment évaluez-vous son début de saison ?
Je pense que sa plus grande force est mentale surtout lors des moments cruciaux. Sa performance en début de course, ainsi que son approche de la séance de qualifications, sont un bon exemple de cette qualité. Vitaly ne laisse pas la pression l’emporter. Il a manqué de chance et n’a pas terminé de course et nous sommes vraiment désolés de l’avoir déçu par deux fois avec des problèmes qui lui ont coûté deux bonnes courses. Il se rapproche un peu plus de Robert chaque weekend en termes de rythme et je pense que cela va continuer toute la saison. Je suis confiant que si nous lui donnons une plateforme fiable, il fera du bon boulot pour nous et sera en mesure de marquer des points chaque weekend.
La R30 est très proche de Mercedes en termes de performance : pourrez-vous les dépasser dans les prochaines semaines ?
Je le pense car, pour le moment, les Mercedes sont juste devant nous en rythme de qualifications alors que nous avons semblé posséder un petit avantage en rythme de course à Sepang. Nous aurons quelques nouveautés en Chine avec notamment l’arrivée d’un nouvel aileron avant et d’un fond plat. Même si cette évolution n’était pas suffisante pour dépasser Mercedes en qualifications, elle devrait nous permettre de nous lancer à leur poursuite. Et, si nous pouvions être devant en début de course, je pense que nous avons la performance pour le rester.
Quel est le degré d’agressivité du programme de développement 2010 comparé à 2009 ou aux années précédentes ?
Nous n’avons pas caché le fait que notre intention était d’être agressif dans le développement de la voiture en 2010. Un développement agressif veut dire avoir des idées efficaces et de les mettre sur la voiture aussi rapidement que possible. Notre rythme de développement aérodynamique actuel est plus intense que jamais ; il est au moins le double par rapport à l’an passé. De plus, l’usine fait tout son possible afin de produire les éléments, en à peu près deux fois moins de temps par rapport à 2009.
Quel atout le centre CFD de simulation numérique représente-t-il dans le développement de la R30 ?
C’est un élément fondamental de tout département aérodynamique aujourd’hui et sans lui, nous ne pourrions tout simplement pas développer la voiture au même rythme. Actuellement, plus de la moitié des gains aérodynamiques réalisés sur la voiture proviennent de la CFD.
L’équipe prévoit-elle des améliorations d’ordre mécanique en plus des nouveautés aérodynamiques ?
Pour toute équipe, le design et le développement d’une voiture durant la saison sont dominés par des améliorations d’ordre aérodynamique car c’est ce secteur qui a le plus d’impact sur la performance. Des projets d’ordre mécanique sont cependant en cours, notamment au niveau de la suspension et du système de freinage. Ceux-ci sont en général assez discrets car ils sont souvent une accumulation de plusieurs douzaines de petites choses et ne sont pas aussi visibles que les nouveautés aérodynamiques.
Parlez-nous du challenge technique que représente le circuit de Shanghai. La R30 y sera-t-elle performante ?
La plus grande différence à laquelle les voitures peuvent s’attendre à Shanghai, ce sont les conditions climatiques bien plus fraîches qu’en Malaisie et en Australie. Nous devrons nous assurer que les pneumatiques fonctionnent de manière correcte dans ces conditions. Nous espérons faire un autre petit pas en avant à Shanghai et je pense qu’un objectif réaliste est de faire entrer les deux pilotes dans les points.