Prost revient sur sa rivalité avec Senna

"Senna était un peu mystique, il avait un côté fascinant"

Par Franck Drui

4 mai 2014 - 08:24
Prost revient sur sa rivalité avec Senna

Les commémorations du 20ème anniversaire de la mort d’Ayrton Senna et Roland Ratzenberger se terminent aujourd’hui, sur le circuit d’Imola. Alain Prost, quadruple champion du monde français et grand adversaire du Brésilien, ne s’est pas rendu sur le circuit qui accueillait le Grand Prix de Saint Marin.

"Je n’ai pas besoin de passer quelques jours à Imola pour me rappeler cet accident. Le souvenir est là. Je ne peux pas ne pas m’en souvenir. De toute façon, il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne me parle pas de Senna," explique Prost au journal Le Monde.

"Senna était un peu mystique, il avait un côté fascinant. C’était une sorte de héros. A l’inverse, moi je faisais office d’anti-héros. Quand on était ensemble en course, qu’on soit adversaires ou coéquipiers, je ressentais ça auprès du public. Mais ce n’était pas grave, je l’assumais tout à fait, et je le comprenais."

Prost se souvient évidemment de la rivalité exacerbée entre les deux hommes, qui est née chez McLaren et s’est prolongée jusqu’en 1993. Mais ce n’est qu’après son dernier titre et son retrait de la F1 que le Français a pu comprendre certains volets de cette rivalité.

"Quand j’ai fini ma carrière, en 1993, Senna m’a dit, redit, expliqué que, d’une certaine manière, j’étais sa motivation première. Il voulait me battre. Quand il me l’a dit, j’ai pris ça comme un compliment. A partir du moment où j’ai arrêté de courir, on s’est beaucoup plus parlé que durant notre carrière. J’ai appris à l’apprécier humainement et à comprendre rétrospectivement son comportement face à moi.

Le Français était présent à Imola le 1er mai 1994, en tant que consultant pour TF1. Il a donc pu assister au dernier Grand Prix de Senna.

"Je ne l’avais jamais vu autant perturbé et préoccupé par la sécurité des pilotes en général. Ça correspondait à son état d’esprit du moment. Il semblait bien différent de celui que j’avais connu quand je courais encore, six mois plus tôt. Quelqu’un de plus fragile, beaucoup moins serein. Avant, on avait l’impression que rien ne pouvait détruire Senna. Et puis là, d’un coup, on sentait qu’il était un peu moins bien."

"Avec les nouveaux éléments de sécurité comme le HANS, Ratzenberger ne serait sans doute pas mort. Et dans le cas d’Ayrton, il s’agit de malchance, car si une pièce de suspension n’avait pas pénétré son casque, la gravité de l’accident n’aurait pas été la même."

Quant à savoir si Senna est le meilleur pilote de tous les temps, Prost a une réponse : "Chacun se fait sa propre opinion. Oui, on peut porter un jugement sur une saison, mais de là à établir un classement définitif… En tout cas, Senna était un talent brut. Ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit sûrement du meilleur coéquipier que j’aie jamais eu."

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