Philippe Bianchi : Ce qui nous manque, c’est la justice, la vérité

Deux ans après l’accident

Par Franck Drui

5 octobre 2016 - 23:00
Philippe Bianchi : Ce qui nous (...)

Deux ans après l’accident qui a couté la vie à Jules Bianchi sur le circuit de Suzuka au Japon, son père, Philippe, se confie au micro de 19H30 SPORT.

Après l’accident de votre fils au Japon comment allez-vous ?

On va comme on peut aller. On apprend à vivre sans Jules, il y a un énorme manque et cette date est une date terrible, elle a complètement bouleversé notre vie et puis aujourd’hui plus rien ne sera pareil.

Est-ce que, deux ans plus tard, vous savez ce qu’il s’est passé ce dimanche 5 octobre ?

Il est évident que l’on a cherché à comprendre parce les éléments que l’on nous avait donnés n’étaient pas suffisants. Bien évidement on a identifié clairement qu’il y avait des erreurs importantes de faites. Pourquoi Jules est arrivé aussi vite ? Pourquoi il a eu une absence de réaction puisqu’il n’a pas cherché à prendre le virage du tout ? Ce sont des questions que l’on se pose qui sont importantes pour nous et pour arriver à un moment donné à essayer de faire un deuil de tout ça mais il y a trop d’interrogations.

Comment on avance ?

On se met des coups de pied dans les fesses. Jules c’était un battant, c’était quelqu’un qui ne lâchait jamais rien. On prend un peu exemple sur lui, on se dit qu’est-ce qu’il voudrait aujourd’hui ? Il voudrait nous voir en train de pleurer et boire deux litres de whisky par jour parce que je suis malheureux ? Je ne pense pas que c’est ce qu’il voudrait.

En mai dernier vous avez intenté une action en justice contre la FIA. C’en est où ?

Je pense que c’est pas un accident normal donc nous aussi on se doit que Jules ne soit pas salit dans cet accident parce qu’il n’a pas de responsabilité là-dedans. Et on veut également que ça n’arrive plus. Parce qu’il y a des pilotes qui aujourd’hui roulent et que c’est important pour tout le monde je pense de savoir exactement ce qu’il s’est passé. Ce n’est bon pour personne de partir dans une guerre longue et que je pense inutile pour tout le monde. Et la seule chose c’est qu’on veut juste que la mort de Jules soit respectée.

Est-ce que vous avez l’impression qu’aujourd’hui on vous cache quelque chose ?

Moi j’ai l’impression qu’on me cache quelque chose puisque on a demandé un certain temps les images de la caméra embarquée de Jules par exemple, les images officielles de la FOM, pour comprendre ce qu’il s’était passé et on n’a jamais réussi à avoir les images. Bien évidemment la toute petite enquête qui a été faite n’est pas suffisante.

Après l’accident, la FIA a mandaté des experts indépendants pour trouver des raisons, des causes à ce crash. Le rapport a dédouané la fédération et a rejeté la faute sur Jules.

Compte tenu de la gravité de ce qu’il s’était passé, j’étais surpris de la vitesse à laquelle cette enquête a été menée. Des enquêteurs indépendants, pour moi pas vraiment puisque les gens qui composaient cette commission ont tous un lien avec la FIA. Je ne suis pas d’accord du tout avec ce qui a été dit et c’est pour ça que je n’en reste pas là, j’aurais voulu d’autres explications que celle-là.

Est-ce que vous avez pu discuter avec Jean Todt, le président de la FIA ?

Alors j’ai discuté avec Jean Todt, le président de la FIA, et ce qui a beaucoup manqué dans les discussions que j’ai pu avoir avec lui c’est que je n’ai discuté qu’avec Jean Todt le président de la FIA et malheureusement ce que j’aurais voulu c’était parler plus à Jean Todt le papa de Nicolas (…) Et touchés comme on l’est j’aurais plus besoin d’entendre parler quelqu’un qui parle avec son cœur et qu’on essaie de trouver d’autres solutions que de la politique.

Dimanche dernier l’australien Daniel Ricciardo a remporté le Grand Prix de Malaisie. Victoire qu’il a dédiée à votre fils.

Ce sont des choses qui sont extrêmement touchantes pour nous, pour toute la famille. C’est vrai que c’est touchant comme l’avait fait Sebastian Vettel en Hongrie l’année dernière.

Qu’est-ce qui vous manque le plus aujourd’hui ?

Ce qui nous manque, c’est la justice, la vérité. Ça c’est le premier point car c’est difficile de faire un deuil de quelque chose dans les conditions dans lesquelles on nous demande de le faire aujourd’hui. C’est quasiment impossible. Après, je pense que la meilleure thérapie pour nous la famille c’est de se consacrer aux actions que l’on veut faire pour Jules. Je sais que Jules c’était toute sa vie le sport automobile et qu’aujourd’hui il aimerait que je fasse des actions dans le sport et qu’on continue de parler de lui. (…)

Est-ce que vous avez regardé un Grand Prix depuis ?

Non.

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