Lowe place ses espoirs dans le règlement 2019 pour redresser Williams

Paddy Lowe a confié récemment qu’il traversait la pire période de sa carrière chez Williams. L’ancien de chez Mercedes ne se dit pas menacé directement – même si Dirk De Beer a récemment été renvoyé – mais sent tout de même la pression monter.

En quoi pourtant le défi que traverse l’ingénieur anglais est-il le plus difficile de sa carrière ? Et pourquoi un tel pessimisme aussi peu mobilisateur ?

« Au bout du compte, vous devez résoudre des problèmes qui ne concernent pas seulement une voiture, mais toute une organisation, pour comprendre comment effectivement mieux préparer votre équipe pour qu’elle soit plus compétitive. Ce sont des problèmes très, très difficiles à résoudre et cela demande beaucoup d’effort de ma part et de mes collègues. La F1, c’est un sport où la patience n’est pas de mise, et où tout se voit, donc quand les choses ne vont pas très bien, tout le monde le sait parfaitement, ça se voit à la TV. »

« Vous voyez par exemple, ce qui est arrivé à Silverstone… nos deux voitures partaient des stands, ce qui est certainement une nouvelle expérience pour moi. Et probablement que tout le monde dans l’équipe a perdu dans cette affaire. Ironiquement, ce résultat est arrivé alors que nous essayons de repousser nos limites. Nous devons continuer à apprendre rapidement beaucoup de choses. Nous faisons beaucoup de travail de développement les vendredis. Nous menions un test en essais libres à Silverstone, et les pièces testées n’étaient pas prêtes pour la course. Mais nous les avons mises sur la voiture trop en avance. Ce genre de problèmes arrive quand vous essayez de pousser très très fort. Mais finalement, votre problème s’affiche devant tout le monde, au grand jour, à l’occasion de votre Grand Prix à domicile… et certainement, ça vous rend la vie dure. »

Williams a certainement mis fin à ses espoirs initiaux pour cette saison… Mais la saison 2019 n’est-elle pas déjà compromise ? Quand est-ce que Williams pourra relever la tête ?

« La F1 est un environnement très compétitif de nos jours. Bob Bell a évoqué un programme de cinq ans pour Renault. Il avait raison. Même si de notre côté à l’arrière de la grille, en un sens, vu le niveau du peloton, nous ne faisons pas un mauvais boulot... Il est très très difficile de produire une voiture – même si cette voiture arrive dernière. Cela demande beaucoup d’effort et d’engagement de tout le monde, et un haut niveau de maîtrise technologique. Donc ce n’est pas facile. Nous aimerions revenir à l’avant, oui. Si nous pouvons le faire cette saison, ce serait formidable. »

« Mais clairement, le règlement va changer l’an prochain, c’est un nouveau défi, mais aussi une opportunité. Donc nous voyons ce changement comme une bonne opportunité pour davantage progresser par rapport à un hiver normal. Donc nous nous concentrons beaucoup sur ce point. »

Williams ne s’est pas facilitée la tâche en engageant, cette saison, deux pilotes inexpérimentés, Lance Stroll et Sergey Sirotkin…

« Tout le monde aimerait avoir un champion du monde dans son équipe » répond Paddy Lowe « mais ce n’est possible. Il faut travailler sur ces bases et se baser sur le mérite. Le mérite d’un pilote, ce n’est pas seulement son niveau, c’est aussi sa volonté de vouloir courir chez vous, parce que vous ne pouvez pas vous payer tous les salaires du monde. Donc nous ne pouvons pas avoir des pilotes champions du monde. »

« Nous sommes très heureux de nos deux jeunes pilotes, ils sont très talentueux et oui, ils fournissent un retour d’expérience alors même qu’ils n’ont pas une expérience formidable, ils n’ont gagné des titres… Mais je ne pense pas qu’ils soient le problème pour le moment. La voiture n’est pas assez rapide. Il y a beaucoup de choses à faire pour développer une meilleure plateforme de travail et c’est ce que nous faisons aujourd’hui. »

A l’image du chef stratégiste de Mercedes qui a reconnu publiquement ses erreurs à Silverstone, Paddy Lowe est-il lui aussi prêt à faire en public amende honorable ?

« Je suis toujours prêt à lever le doigt… Je serais le premier à admettre que les choses se sont mal passées. J’aurais certainement fait des choses différemment depuis l’an dernier, si je pouvais remonter dans le temps. Cela fait partie du processus de développement, d’apprentissage. Mais plus vous avancez ensemble en tant qu’équipe, plus votre équipe devient plus forte. Si les gens sont honnêtes et travaillent dans cet état d’esprit, ça me plait beaucoup. »