Les fils à papa, le mal du sport auto moderne selon Villeneuve

Jacques Villeneuve est bien connu des amateurs de F1 en France, puisqu’il est le consultant de Canal + en week-end de Grand Prix.

Le champion du monde 1997 est connu pour ne pas mâcher ses mots, en particulier à l’encontre de son ancienne écurie, Williams, et de son compatriote, Lance Stroll. Aujourd’hui, Jacques Villeneuve est « black-listé » du motorhome Williams dans les paddocks.

Villeneuve critique notamment le statut de pilote payant de Lance Stroll, qualifié à plusieurs reprises de « fils à papa ».

Or Jacques est lui-même un fils d’un ancien pilote de F1 : pourquoi donc ne pousse-t-il pas lui aussi un de ses quatre enfants à embrasser la carrière de pilote automobile ?

« Je ne les encourage pas vraiment à faire cela, parce que je ne pense pas que ce soit encore un bon choix de carrière. Car vous avez presque besoin d’avoir les moyens de la famille Stroll pour devenir un pilote de course. »

Jacques Villeneuve évoque ici le coût nécessaire pour se frayer un chemin vers les plus hautes sphères du sport auto.

« Ce n’est plus le talent qui propulse des pilotes dans la course auto aujourd’hui » regrette Villeneuve. « Ils dépensent 200 ou 300 000 euros, juste pour avoir un aperçu de la F1 en karting. »

« Et alors, l’argent fait plus de différence que le véritable talent. Donc si déjà à 12, 13 ans, l’argent fait la différence, alors, les pilotes talentueux ne perceront jamais. Donc en F2, vous n’aurez plus que les meilleurs jeunes pilotes riches – vous n’aurez pas les meilleurs talents disponibles sur la planète. »

Jacques Villeneuve avait l’avantage de la réputation de son père, lorsqu’il est parvenu à percer dans le sport auto, aux 500 Miles d’Indianapolis puis en F1. Mais l’environnement économique était aussi plus accommodant à l’entendre.

« A l’époque vous pouviez encore y arriver. Vous aviez toujours les entreprises de tabac qui pouvaient être vos sponsors, ce qui aidait. Je ne sais pas si vous vous rappelez toutes les écoles de pilotage qu’il y avait en France. La plupart des pilotes de F1 en France – Prost et Panis – sont arrivés en F1 grâce à ces écoles. Si vous gagniez, vous aviez un baquet en Formule Ford, en F3, et si vous continuiez à gagner, vous étiez toujours soutenu. Cela donnait aux gamins talentueux et passionnés, mais sans moyens, une occasion de percer – même si c’était une petite chance. »

« Et vous n’avez même plus cela aujourd’hui. Dépenser 300 000 € en karting ? Soyons sérieux. Ce ne devrait pas être Noël tous les jours. Il faudrait devoir vivre dans une tente jusqu’à ce qu’un sponsor vous prenne sous son aile ! »