La F1 doit retrouver ses fondamentaux selon Coulthard
Le pilote n’est plus suffisamment poussé à la limite
Après chaque Grand Prix, l’ancien pilote de F1 David Coulthard, aujourd’hui consultant, donne son sentiment sur la course dans une chronique dédiée à la BBC.
L’Écossais regrette comme beaucoup d’observateurs que la manche de Montréal se soit résumée à une gestion de la consommation d’essence et de la tenue des freins.
"Le nombre de messages radio évoquant la gestion de l’essence m’ont vraiment posé problème. Il me semble que les plus grosses plaintes concernent le fait que la F1 n’est pas ce qu’elle devrait être, le pilote ne pouvant plus pousser sa machine à la limite.
Le sport n’est plus ce qu’il était à l’époque des Ayrton Senna, Alain Prost ou Nigel Mansell. Tout réside désormais dans le fait de gérer un système, ce qu’Alonso a comparé au pilotage d’un avion de ligne.
La triste réalité est que les pilotes ne s’amusent pas dans la Formule 1 actuelle. Ils ne sont pas suffisamment mis à l’épreuve. Bien sûr, les voitures sont toujours difficiles à piloter. Elles restent les voitures les plus rapides et les plus sophistiquées du monde.
Mais elles ne sont pas assez violentes, que ce soit sur le plan physique ou mental. Fernando Alonso fait partie des tous meilleurs au monde, un pilote qui aurait été au sommet du sport quelle que soit la discipline qu’il aurait choisie. Il a exprimé deux choses qui en disent long durant les deux dernières courses.
La première est que la dernière fois qu’il a été testé à la limite mentalement et physiquement, c’était il y a 10 ans. La seconde était que les voitures actuelles demandaient davantage de management des systèmes que du pilotage pur.
Lewis Hamilton est du même calibre. Il a dit après la course au Canada qu’il n’a jamais été sous tension, que cela n’avait pas été difficile.
Mais que faudrait-il changer alors ?
Posez la question à 10 personnes différentes et vous aurez 10 réponses différentes. Personnellement, je pensais que l’époque des ravitaillements était bonne, car les voitures étaient rapides et les pilotes étaient toujours à la limite.
Mais en même temps, il est difficile de contredire les faits. Entre 2009 et 2010, rien n’avait changé concernant les ravitaillements, les pneus Pirelli et le DRS n’avaient pas encore été introduits, mais malgré tout cela les dépassements avaient doublé en un an. C’est un argument qui peut être utilisé contre le retour des ravitaillements, même si j’aimerais les revoir.
Il me semble que la F1 n’a plus ce qui la rendait incroyable par le passé. Des sports tels que le football n’ont pas vraiment changé et son attrait s’est transmis de génération en génération. De son côté, la F1 est devenue trop proche de catégories comme le GP2, il est donc trop facile pour les pilotes de faire la transition, ce qui diminue l’arrivée de futures stars.
La F1 doit donner l’impression que l’on regarde des pilotes avec des compétences incroyables. Il est vraiment dommage que les changements qui soient prévus n’aillent pas assez loin dans ce sens.
Il faut que l’on retrouve les fondamentaux de la F1, que l’on sente à nouveau que l’homme et la machine sont poussés à la limite. Des demi-mesures ne sont pas suffisantes. Rester éloigné de cela diminuera l’aspect impressionnant du sport."