Interview de Philippe Girard (Total F1)

Délégué scientifique du Groupe et responsable du programme F1

Par Franck Drui

10 janvier 2013 - 10:27
Interview de Philippe Girard (Total F1)

Hormis l’essence, quels autres produits TOTAL trouve-t-on sur les Formule 1 motorisées Renault ?

Nous développons actuellement tous les lubrifiants utilisés pour protéger les différentes pièces mécaniques qui ont un contact entre elles, que ce soit les huiles moteurs ou pour la boîte de vitesses, les hydrauliques de commande, mais aussi des graisses, pour les roulements comme les roulements de roue et les joints « tripodes » de transmission. Nous avons également développé des liquides de refroidissement pour le moteur, ainsi que des fluides hydrauliques et des fluides de freins. En 2011, nous fournissions du liquide de refroidissement pour le KERS. Les véhicules sont aussi équipés d’un aileron arrière ajustable en position (le DRS), qui peut être à commande hydraulique ou électrique.

Concrètement, quel est le rôle de TOTAL pendant un week-end de course ? Vous disposez d’un mini-laboratoire à l’arrière du garage Renault.

Oui, nous avons effectivement un laboratoire d’analyse mis a disposition de chaque équipe utilisant un moteur Renault . Nous prenons des échantillons avant et après chaque arrêt du moteur ainsi, bien sûr, qu’à l’issue de chaque essai sur piste afin d’analyser les différents fluides. Les volumes prélevés sont infimes – pas plus de quelques centimètres cubes, et nous permettent de suivre les métaux d’usure, générés par le frottement des pièces mécanique en cours de fonctionnement. Pour les carburants, chacun des fûts doit également être analysé à des fins de conformité réglementaire. Si un composant manquait à l’appel, ou se trouvait en quantité réduite par suite d’évaporation, par exemple, Les écuries motorisées par Renault risqueraient l’exclusion. Il est donc essentiel de tout vérifier, de manière à pouvoir détecter immédiatement un éventuel problème. Deux outils de contrôle sont utilisés : le chromatographe, pour le carburant, et le spectromètre, pour les lubrifiants.

La F1 constitue-t-elle un banc d’essai pour améliorer les performances des lubrifiants des gammes commerciales et des carburants disponibles à la pompe ?

Absolument. Notre philosophie consiste à mobiliser les mêmes équipes de spécialistes pour la conception des produits de gamme et de compétition. Nous nous attachons à développer des méthodes innovantes en Formule 1, que nous transposons ensuite dans le domaine grand public pour faire évoluer les mises au point des produits. Tout repose sur les hommes, leurs compétences, leur réactivité, leur motivation, très souvent sur leur passion pour les sports automobiles. Le fait que ce soient les mêmes cerveaux qui aient à mettre au point les produits de gamme et à résoudre les problèmes venant de la mise au point de moteurs hyper performants utilisés en compétition, crée un brassage d’idée et en permanence des transferts de solutions, d’un domaine à l’autre ; Chaque domaine enrichit donc l’autre de son expérience, et cette fertilisation croisée au sein des mêmes équipes accélère la concrétisation des solutions et leur mises en place dans les produits finis. Ce qui se traduit par des carburants, des lubrifiants, des graisses, plus performants pour les usagers de la route – en termes d’entretien du moteur, de fiabilité, de consommation et d’avantage global.

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