Interview de James Allison

Si vous cherchez un regard vraiment acéré et une expression franche sur le monde de la Formule 1, vous ne trouverez pas mieux que ceux du Directeur technique de Lotus F1 Team, James Allison. Il nous livre ici son point de vue sur quelques histoires qui tournent dans le paddock cette semaine…

Quelle est votre réflexion à propos du débat actuel sur les cartographies moteur ?

Pour ma part, la situation était claire dès le début et elle l’est encore maintenant. Notre responsabilité est de rester dans les règles, mais en même temps de pousser les limites le plus loin possible. Procéder autrement serait gaspiller de la performance inutilement. Il existe des règles sur les cartographies moteur et Renault a exploré les limites de la même façon que tout autre constructeur.

Lors de la dernière journée à Barcelone la semaine dernière, nous avons roulé avec une cartographie expérimentale et nous avons prévenu la FIA de ce que nous faisions. Il s’est avéré que nous n’étions pas satisfaits de ce que nous avions proposé et par conséquent nous ne nous en servirons pas du tout.

Il a été beaucoup question du double DRS essayé en fin de saison dernière. Où en êtes-vous avec ce système ?

Comme chacun sait, nous avons expérimenté ce concept l’an dernier mais nous avons décidé de ne pas l’utiliser en dehors des essais libres. C’est un système terriblement complexe et c’est un vrai challenge de le faire fonctionner correctement. Mais si nous y parvenions, il pourrait apporter des profits très alléchants. Nous avons mené des travaux intermédiaires le concernant lors des derniers tests et nous ferons de même cette semaine. Néanmoins, je ne m’attends pas à le voir pleinement opérationnel avant la première course. Nous espérons avoir fait un progrès substantiel en quittant Barcelone et le voir débuter en course plus tard dans l’année.

A propos de solutions innovantes, des médias ont parlé d’équipes en train de s’espionner dans la pit lane cet hiver …

Aucune équipe n’a honte de copier les développements lancés par ses rivales si elle sent qu’elle peut y trouver un avantage. Beaucoup de photographes travaillent dans la pit lane pendant les essais et pendant les courses. Un de leurs moyens de vivre est de prendre des images des détails des voitures et de les proposer aux départements techniques de chaque équipe. Les teams comparent ensuite ces images de course en course et équipe par équipe ce qui leur permet de poursuivre la ligne de développement qui se fait jour. S’il devient de notoriété publique qu’une autre équipe a trouvé quelque chose d’intelligent, c’est donc une bonne idée de commencer à explorer votre propre interprétation le plus rapidement possible. Cela dit, une équipe qui se reposerait sur ce seul principe de fonctionnement n’irait pas bien loin. La majorité de vos concepts et de vos designs dans le détail doit être faite maison pour avoir une chance d’être compétitive.

Source : www.lotusf1team.com