Les pilotes de F1 n’ont plus peur de la mort et cela agace Stewart
Il revient sur l’évolution de la sécurité en F1
Alors que la F1 va célébrer le 13 mai son 70e anniversaire, une de ses personnalités les plus marquantes, Sir Jackie Stewart, a été interrogée pour l’occasion par le podcast « F1 Nation ». L’Ecossais, au-delà de ses trois titres de champion, a surtout eu de l’influence du point de vue de la sécurité. L’éloignement de la mort – même si l’actualité tragique de l’an dernier nous a rappelé qu’elle n’était jamais loin – a ainsi profondément changé le sport selon Stewart.
Lorsqu’on lui demande quel a été le point de rupture entre la F1 moderne et la F1 de son temps, Stewart répond ainsi...
« Quand la mort a disparu ! Les blessures sont une chose, la mort en est une autre. C’était un monde différent, mais c’était exactement le même. »
« Nous sommes dans une époque où les voitures de course sont plus sûres pour les pilotes, le sport est plus sûr par exemple que pour les joueurs de cricket, ou les tennismen, en raison de la structure de déformation des F1, de la cellule de survie. C’est un progrès merveilleux. Nous sommes passés par des jours dangereux, nous avons connu parfois la mort, elle était proche de nous tous. De nos jours, c’était différent. »
« Le plus difficile au monde, c’était conduire une F1 sur le Nürburgring, avec tant de virages et de bosses partout. C’était le plus grand défi. Cela dit, c’était horriblement dangereux, ça n’aurait dû jamais être permis. »
« Les circuits étaient terriblement dangereux au début de ma carrière. Et même à la fin de ma carrière, les pilotes ne reconnaîtraient pas aujourd’hui les circuits sur lesquels nous courions. »
Stewart a dû endurer la mort de nombreux de ses amis, à l’image de son ancien coéquipier François Cevert. Peut-on jamais s’y habituer ?
« La mort peut être endurée, c’est parfois embarrassant. Et la course reprend, vous conduisez au sommet de vos capacités. Dans mon cas personnel, quand Jochen Rindt est mort… c’était un très grand ami pour moi. J’étais là, à ses côtés. Il est mort à mes côtés, Dieu en est mon témoin, c’est la pire chose à laquelle j’aie jamais été confronté. Je n’ai jamais oublié, c’était une March, j’étais en larmes. C’était ainsi que la F1 était. »
De nos jours, les pilotes prennent bien des risques, étant donné la sécurité des voitures, ce qui interpelle Sir Jackie.
« Les pilotes prennent aujourd’hui des libertés que nous ne nous serions jamais permises, autrement, nous aurions été sérieusement pénalisés. Si quelqu’un se comportait mal, le GPDA aurait secoué la personne devant tout le monde et elle aurait été si fortement menacée qu’elle ne ferait plus jamais rien de cette nature. »
« Les risques que le pilotes de nos jours prennent, parce qu’ils savent que c’est plus sûr aujourd’hui... Le pire exemple, c’était sans doute Lewis Hamilton et Nico Rosberg, en Espagne [2016], quand ils se sont percutés au premier tour. Ils tentaient toujours de conduire la voiture même sur l’herbe. Cette liberté ne pouvait exister autrefois. »