Le casse-tête de Pirelli pour développer des maxi-pluie efficaces

Pirelli fait des heures sup’ : dans la foulée du Grand Prix du Japon, le manufacturier de la F1 était resté à Suzuka pour des essais privés. Valtteri Bottas et Daniel Ricciardo avaient été mobilisés pour tester les prototypes de pneus pour 2025, qui arrivent dans la dernière phase de développement.

Dans cette saison de transition que sera 2025 pour la F1, qu’attendre des pneus de l’an prochain ? Marqueront-ils une nette évolution par rapport à cette année ?

A Shanghai, Mario Isola, le responsable de Pirelli pour la F1, a livré quelques détails sur ces tests de Suzuka et les plans de Pirelli pour 2025…

« Nous voulions finaliser une nouvelle construction pour 2025, car nous savons que toutes les équipes développent leurs voitures et que la pression sur les pneus sera plus importante à la fin de l’année et l’année prochaine, avant le grand saut vers 2026. »

« L’étape suivante consiste à développer de nouveaux composés pour réduire la surchauffe. Ce sont les deux principaux objectifs pour 2025. »

Pirelli poursuit aussi son développement pour 2025, notamment pour les pneus intermédiaires et pluie, poursuit l’Italien. Et cela lui donne quelques migraines !

« C’est le plus gros problème pour nous en ce moment, car nous voulons finaliser le développement d’un pneu intermédiaire, capable de fonctionner sans couvertures chauffantes, ainsi que d’un pneu maxi-pluie avec une meilleure performance. »

« Nous savons que nous devons améliorer le maxi-pluie, mais nous n’avons pas beaucoup d’options pour rouler en conditions humides. Nous pouvons faire des essais au Paul Ricard et à Fiorano, mais il n’y a pas beaucoup d’autres possibilités. Le premier jour à Suzuka, il pleuvait mais pas assez pour le maxi-pluie. Nous n’avons donc pas eu assez de chance. Nous avions un plan de secours pour le maxi-pluie, mais le niveau d’eau sur la piste n’était pas suffisant. C’est le plus gros problème pour moi. »

« Nous avons maintenant un test pour les pneus pluie au Paul Ricard. Nous avons un certain nombre de tests après les courses où c’est possible, ainsi que des tests isolés, jusqu’en octobre au Mugello. Nous avons un test après Monza. Nous avons un test après Silverstone. Nous avons déjà prévu plusieurs séances. Mais nous savons que le temps passe vite et que nous devons tout finaliser autant que possible à l’avance, car il se peut que les conditions météorologiques ne soient pas assez bonnes sur certains tests. Les possibilités d’essais des pneus pluie ou intermédiaires sont très limitées. »

Pourquoi la F1 a refusé les 16 pouces pour rester aux 18 pouces

Le gros chantier pour Pirelli se situe néanmoins pour l’année 2026 : car le changement de règlement moteur et châssis aura aussi des conséquences sur les pneus.

Il y a deux semaines, on apprenait que les pneus resteront en 18 pouces (après une réduction à 16 pouces envisagée). Le diamètre des pneus se réduira légèrement, de 720 millimètres à 705 millimètres à l’avant et 710 millimètres à l’arrière. Les roues avant seront donc légèrement plus petites que les roues arrière. Mais il n’y aura pas d’immense chambardement.

Où en est donc Pirelli dans le développement des pneus 2026 pour Isola ? Le travail est-il bien entamé ?

« Nous voulons aussi anticiper le début du développement des pneus 2026 qui seront différents en termes de taille et de caractéristiques. Nous espérons donc pouvoir commencer les essais d’ici septembre, octobre de cette année, et essayer d’obtenir quelques informations à partir de cette zone. »

« Nous sommes convenus avec la FIA et les équipes que nous voulions rester sur des pneus 18 pouces, pour un certain nombre de raisons - capacité de charge du pneu, caractéristiques du pneu. Nous pensons que le premier pneu de 16 pouces, qui était l’idée initiale, n’était pas suffisant. Si je regarde les performances estimées des voitures de 2026, avec le risque d’avoir beaucoup plus de surchauffe et aussi des problèmes de durabilité, cela signifie que nous devons augmenter la pression trop. Et c’est pourquoi nous avons fait une analyse avec les données fournies par les équipes et la FIA. Nous sommes arrivés à la conclusion que rester sur le 18 pouces, avec un pneu plus étroit et un diamètre plus petit, en particulier à l’avant, est la bonne approche pour 2026. Et les équipes se sont mises d’accord à la fin. »

Une grosse évolution de piste ce week-end en Chine ?

Après avoir évoqué le long terme, Mario Isola a enfin été ramené au très court terme et à ce week-end de course en Chine.

La refonte de la piste ne risque-t-il pas de compliquer la donne pour la durée de vie des pneus ? Quelles en sont les conséquences pour les pilotes en Grand Prix ?

« Ce qui est nouveau, c’est cette couche de bitume qu’ils ont mise sur la piste. Il n’y a pas eu de resurfaçage, pas de changement, quelques changements au niveau des bordures mais pas au niveau de la piste. Comme d’habitude, nous mesurons la rugosité de la piste et le niveau d’adhérence avec notre système et nous avons trouvé quelques, disons, incohérences dans l’adhérence autour du circuit. Je pense que les pilotes l’ont également souligné. »

« Et l’information la plus importante est que la piste va beaucoup changer au cours du week-end, parce que cette couche de bitume est en train de disparaître, surtout sur la trajectoire de course, et pas sur les autres lignes. Lorsqu’ils roulent sur cette couche, le niveau d’adhérence est bon. Je m’attends donc à ce que l’adhérence soit un peu moins bonne sur la trajectoire de course que sur les autres parties de la piste. Mais ce n’est qu’une hypothèse, car nous n’avons pas été informés de ce type de travaux sur la piste. Nous essayons donc de comprendre nous-mêmes ce qui va se passer, mais nous nous attendons à une forte évolution de la piste. »