Guillaume Moreau en route vers son 5ème Le Mans

Cette année, Guillaume Moreau va disputer ses cinquièmes 24 Heures du Mans consécutives. Pour la troisièmes fois, il est intégré au OAK Racing où il partagera le baquet de la OAK-Pescarolo n°15 en LMP1 en compagnie de Tiago Monteiro et Pierre Ragues. Le pilote de la Région Limousin est revenu sur ses quatre participations au double tour d’horloge sarthois. Entretien...

2007 : Courage LC70 - Courage Compétition (Abandon : moteur)

« Dès ma première participation, je voulais tout découvrir. Au final, je crois que je n’ai pu en voir que 30%. Tu veux tout voir, tout faire, mais la semaine passe à une vitesse incroyable. Je n’étais jamais venu aux 24 Heures du Mans et je m’étais toujours dit que la première fois que j’y viendrais, ce serait en pilote. Il fallait trouver la bonne équipe pour bien débuter. J’ai été gâté avec un volant partagé avec Jean-Marc Gounon et Stefan Johansson. Malheureusement j’ai connu une grosse sortie de piste lors des Essais Préliminaires au Virage du Karting. C’est un endroit qui ne pardonne vraiment rien. Cette sortie m’a mis un coup au moral, mais par chance je n’avais rien de cassé. Pas un seul moment je me suis dit que j’allais tout arrêter et ne pas prendre part à la course. Pourtant lorsque j’ai vu les images, je me suis dit que j’ai eu vraiment énormément de chance de m’en sortir. Même si ce n’est pas si loin, les prototypes marchaient bien mieux que maintenant. La vitesse était plus importante. Je dois dire que c’était impressionnant. Lorsque j’ai fait connaissance avec la piste, je me suis demandé comment j’allais pouvoir passer la Bosse à fond. Mais qu’est ce que je faisais là ? Je suis quelqu’un qui aime les sensations extrêmes et les choses difficiles. Au final, je me suis rapidement adapté et j’y ai pris beaucoup de plaisir. »

« En course, le moteur de l’auto a rendu l’âme, mais je garde un magnifique souvenir de mes premières 24 Heures du Mans. La Parade des Pilotes a aussi été un moment fort pour moi. Voir autant de passionnés est quelque chose que je ne connaissais pas. Il y a un vrai contact avec les gens. Yves Courage est celui qui m’a donné ma chance pour disputer les 24 Heures du Mans. J’étais dans une équipe officielle avec deux pilotes de renom, ce qui n’est pas rien pour un rookie. »

2008 : Corvette C6.R - Team Luc Alphand Avetnures (5ème en GT1)

« Après des débuts en prototype, je suis passé en GT1 qui était encore la catégorie GT reine au Mans. Luc (Alphand) était très motivé pour me faire rouler et nous avons disputé ensemble la saison Le Mans Series où j’ai décroché le titre, en compagnie de Patrice Goueslard. C’était mes débuts en GT. Comme l’année passée je mixais à nouveau l’Endurance et les World Series by Renault. C’était parfois des meetings compliqués car notamment à Monza, je roulais dans les deux séries le même week-end. Cela restera gravé dans ma mémoire car il fallait à chaque fois passer d’une GT à la monoplace en quelques minutes. Je garde un très bon souvenir de ma participation aux 24 Heures du Mans avec Luc. C’est un type en or pour qui j’ai beaucoup de respect. C’est aussi un grand pilote et un grand sportif. C’est quelqu’un de humble et très communicatif. La Corvette C6.R était une auto fantastique. C’était un vrai régal que de piloter cette GT1. Elle était fiable. Nous avons terminé au 5ème rang, derrière les quatre GT1 « Usine ». Terminer premier privé était plus qu’honorable pour un team comme Luc Alphand Aventures. De mémoire, nous avions pris la 17ème place au scratch. Piloter une GT t’apprend d’autres choses et tu deviens un pilote plus complémentaire, notamment au niveau des réglages. »

2009 - Pescarolo-Mazda LMP2 - OAK Racing (Abandon : moteur)

« Le team de Luc a eu quelques pépins financiers et nous n’avions pas trouvé d’accord pour les 24 Heures du Mans. Je croyais bien ne pas être au départ de l’édition 2009 mais j’ai trouvé refuge chez OAK Racing dans l’écurie de Jacques Nicolet. Le deal s’étant fait en dernière minute, je suis arrivé au Mans sans avoir piloté l’auto. La seule expérience que j’avais du prototype remontait à 2007 sur la Courage. Vu que j’ai une culture typée monoplace, je me suis vite adapté à la voiture. Malgré l’abandon sur casse moteur, j’en garde le souvenir d’une très belle aventure humaine. Je savais que ça ne pouvait pas s’arrêter là avec OAK Racing. Je vois les choses exactement comme eux. Nous n’avions pas pu concrétiser donc il fallait poursuivre avec le team. L’état d’esprit dans l’équipe était bon et je m’y suis vite senti à l’aise. »

2010 : Pescarolo-Judd LMP2 - OAK Racing (2ème)

« L’année passée était ma première année complète au volant d’un prototype. Compte tenu de la réglementation, je devais rouler avec un gentleman driver en Le Mans Series. Je partageais le baquet avec Richard Hein et nous avons fait de bons résultats avec trois podiums en cinq courses. Richard fait partie des gentlemen les plus rapides. Pour la petite histoire, je le connaissais auparavant car j’étais en contact avec lui pour qu’il devienne un de mes partenaires. Si je garde un souvenir incroyable aux 24 Heures du Mans avec cette belle seconde place, j’ai quelques regrets sur la saison Le Mans Series car la victoire au championnat était possible. Pour en revenir au Mans, nous n’avions clairement pas la voiture pour s’imposer. Notre course a été très intelligente et toute l’équipe a opéré la stratégie parfaite. La catégorie était très relevée et nous avons disputé un sprint de 24 heures. »

2011 : OAK-Pesacrolo LMP1

« En fin de saison dernière OAK Racing a souhaité s’engager en LMP1 et je suis ravi de faire partie de ce programme. Je sais que ma place est en LMP1 mais nous savons tous qu’il est très compliqué de bien y figurer car nous sommes dans la même catégorie que les Audi et les Peugeot. Il est impossible de se faire une place parmi les Usines vu la différence entre les diesels et les Essence. Notre début de saison a été assez compliqué. Dès les 12 Heures de Sebring, le potentiel était là, mais nous n’avons pas pu concrétiser en course. Ces 24 Heures du Mans sont importantes car nous allons montrer le potentiel du nouveau package de la OAK-Pescarolo. Le Mans, c’est LA plus grande course au monde. Le team reçoit environ 1200 invités sur toute la semaine. Chacun sait que la course peut réserver des surprises qui sont parfois bonnes parfois moins bonnes. C’est la dure loi du Mans. L’objectif est de terminer à la 1ère place des « Essence » et je sais que c’est possible. »

Propos recueillis par Laurent Mercier