Jordan F1 championne en 1999 ? ’Le seul à y croire’ était Frentzen

La saison 1999 de Heinz-Harald Frentzen et Jordan reste un exemple de réussite d’un outsider en F1. Souhaitant rebondir après un passage décevant chez Williams, l’Allemand avait trouvé refuge dans l’équipe irlandaise, qui venait elle-même de fêter son premier succès l’année précédente.

Sam Michael, ingénieur de HHF à l’époque, se souvient d’une saison qui a d’abord été marquée par des podiums, puis par deux victoires du pilote allemand à Magny-Cours (photo) et Monza. L’ingénieur se souvient que Frentzen était le seul à croire à la possibilité d’un titre, face à un Mika Häkkinen distrait par l’absence de Michael Schumacher, et à un Eddie Irvine pas au niveau.

"Je pense qu’à plusieurs moments, la seule personne qui y croyait était Heinz, parce qu’il pilotait la voiture et qu’il en connaissait donc la compétitivité dès le début des essais. Je me souviens de son retour lors des premières séances. Nous étions bons, mais nous n’étions pas assez bons pour gagner" a-t-il dit dans le podcast Beyond the Grid.

"Mais il savait que la voiture était au niveau. Il avait donc plus confiance en nous. Mais je pense que pour l’équipe que nous formions, gagner un Grand Prix avec Damon [Hill] et Ralf [Schumacher] en deuxième position était une situation très délicate."

"En début d’année précédente, nous n’avions même pas réussi à marquer des points. Pourtant, nous étions potentiellement en train de nous battre pour le championnat des pilotes. C’était donc un changement radical" poursuit-il, se rappelant d’avoir été accusé d’opportunisme vu la situation.

"La saison est faite de beaucoup de choses différentes et ce qui est probablement le plus triste, c’est que je me souviens que tout le monde m’a dit ’vous exploitez un système’. C’est ce que tout le monde fait en F1, n’est-ce pas ? Mais le pire, c’est que je ne pense pas que nous ne valions pas ces résultats, mais ce sont des choses qui arrivent, n’est-ce pas ?"

La fin des espoirs au Nürburgring

Mais lors du Grand Prix d’Europe, au Nürburgring, et alors qu’il avait signé la pole position, Frentzen a abandonné après le déclenchement du système anti-calage à cause d’une erreur de manipulation.

L’équipe avait enclenché le système et a oublié de le désactiver en sortant des stands, ce qui a provoqué l’arrêt de la Jordan 199. De là, Frentzen a dû se contenter d’une troisième place néanmoins très solide, compte tenu des moyens dont disposait Jordan.

"Il existait un logiciel appelé logiciel anti-calage. À l’époque, le règlement ne le définissait pas de manière très précise. Ce que nous avons réalisé, c’est qu’il était possible d’utiliser le mécanisme anti-calage pour le déclencher à certains régimes, et de régler la position de l’accélérateur en fonction de l’anti-calage."

"C’était la première fois que cela se produisait. Je pense que c’est environ 10 secondes plus tard que nous avons réalisé ce qui s’était passé et que le système s’était déclenché alors qu’il n’était prévu que pour les départs de Grand Prix."