25 canaux et des choix permanents : les coulisses de la radio en F1

Davide Brivio, passé de la Moto GP à la F1 cette année, a été il y a quelques jours interrogé sur la plus grande différence existant entre les deux et les quatre roues. Et l’ancien directeur de Suzuki a eu une réponse pouvant paraître de prime abord étonnante : l’utilisation intensive de la radio en F1.

A quel point alors la radio est importante en F1 ? On se souvient de l’épisode tragi-comique de l’interdiction des messages radio en course à la mi-saison 2014, vite retirée. La radio demeure en effet l’une des valeurs ajoutées de la F1, notamment dans les diffusions par la FOM à la télévision.

« C’est fascinant pour les fans et quand ils ont ces conversations, quand ils entendent le type d’échanges entre les pilotes et le mur des stands, je pense que c’est très intéressant » commente à ce sujet Laurent Mekies, directeur sportif de Ferrari.

« C’est génial que ce soit [les radios] maintenant totalement ouvert et diffusé. Je ne suis pas sûr que nous devrions réduire ou supprimer cela. Il est frappant de voir la capacité des pilotes à échanger avec leurs ingénieurs alors qu’ils roulent aussi vite qu’ils le peuvent sur la piste. Cela fait partie de leurs compétences. C’est probablement aussi le cas de la prochaine génération, avec les jeunes qui sont capables de le faire tout en conduisant la voiture. »

« Nous avons essayé par le passé de réduire cette communication radio, mais nous avons tous très vite pris du recul, car c’est enlever une petite partie du spectacle aux spectateurs. »

Marcin Budkowski, directeur exécutif d’Alpine F1, pense aussi que la radio constitue une vraie valeur ajoutée de la F1.

« Le fait que nous ayons un lien, si vous voulez, entre les ingénieurs, le mur des stands et le pilote signifie qu’il y a un certain nombre d’autres conversations qui se déroulent en arrière-plan avant que nous communiquions ou demandions au pilote de faire quelque chose et c’est une partie de ce à quoi Davide fait référence. »

Et l’ancien directeur technique de la FIA rappelle qu’il n’y a pas un seul fil radio au sein d’une équipe, bien au contraire - c’est d’ailleurs cette interférence entre les canaux qui avait été à l’origine de la confusion aux arrêts aux stands de Mercedes, au Grand Prix de Sakhir l’an dernier.

« Nous communiquons avec les pilotes pendant la course et nous leur donnons donc des indications ou des échanges sur des choses comme les pneus et la stratégie, mais il y a aussi énormément d’autres canaux qui passent. Vous voyez sur le mur des stands, il y a tous les canaux d’intercom - je pense que j’ai 24 canaux sur mon réglage du mur des stands – et sur ces canaux, on discute pour voir comment faire mieux les choses en opérationnel. Puis ces conversations sont canalisées en des messages très courts et très peu nombreux qui vont en fait aux pilotes, ça fait partie de la Formule 1. »

« Comme Laurent l’a dit, nous avons essayé dans le passé de restreindre tout cela et c’était un peu artificiel, si vous voulez, ce n’était pas naturel de faire ça. Il a été suggéré que nous devrions rendre plus de canaux disponibles plutôt que moins et certaines de nos conversations internes et pour nous, nous ne sommes pas vraiment à l’aise avec parce qu’il y a beaucoup de choses qui se passent en arrière-plan. Mais explorons comment nous pouvons impliquer davantage le public parce que je pense que les gens, les fans, les fans hardcore qui suivent tout, ils aimeraient entendre certaines des conversations qui se passent en arrière-plan. »