Nyck de Vries, le plan B annoncé de McLaren si Norris déçoit ?

Les échecs des expériences Kevin Magnussen et Stoffel Vandoorne n’ont pas refroidi McLaren : une fois de plus, cette saison, l’écurie de Woking a décidé d’aligner un débutant dans la discipline, en la personne de Lando Norris, 2e du dernier championnat de Formule 2.

Même si Zak Brown a assuré que le jeune Britannique aurait du temps pour faire ses preuves, Lando Norris sait bien que la pression sera forte, dès sa première saison dans la discipline reine du sport auto. L’ancien champion de F3 n’ignore pas qu’il sera sur un siège éjectable, si ses performances, en cours d’année, ne sont pas à la hauteur des espérances.

La position de Lando Norris pourrait être d’autant plus fragilisée par l’existence, au sein de la filière jeunes de McLaren, d’un remplaçant potentiel tout trouvé : Nyck de Vries.

Même s’il n’était pas présent lors de la présentation officielle de la MCL34, Nyck de Vries risque d’être sous les radars de Zak Brown et Gil de Ferran durant cette année 2019.

Encore peu connu du grand public, Nyck de Vries (23 ans) a eu longtemps la F1 dans le viseur. Cette année 2019 sera, pour le Néerlandais, décisive sur bien des points. S’il gagne, ainsi qu’il l’entend, le championnat F2, McLaren pourrait bien être tentée de remplacer Lando Norris par son jeune rival en 2020…

Ce serait une belle revanche pour Nyck de Vries. En effet, au sein de la filière McLaren, certains pilotes (Stoffel Vandoorne et Lando Norris donc) lui ont grillé la politesse au fil des saisons.

De Vries partait pourtant sur des bases très prometteuses : dès janvier 2010, McLaren l’engage dans sa filière jeunes ; en septembre 2010, il remporte le championnat du monde de karting, confirmant ainsi les grands espoirs placés en lui (il est à nouveau sacré en 2011).

La suite, malheureusement, est plus laborieuse. En 2012 et 2013, il court en Formula Renault 2.0. et il termine, à deux reprises, 5e du championnat. Le temps commence à presser, McLaren exige des résultats. En 2014, la troisième tentative est la bonne : Nyck De Vries remet les pendules à l’heure et remporte le championnat avec Koiranen.

En 2015, il est logiquement promu en Formula Renault 3.5. et court avec Dams. Sa saison de rookie est satisfaisante (une victoire, une pole, six podiums), mais il échoue tout de même derrière Oliver Rowland et Matthieu Vaxivière

En 2016, Nyck de Vries file en GP3 et réalise une saison convenable, sans signer les performances qu’on attend tout à fait d’un futur grand pilote de F1. Cette année-là, c’est bien Charles Leclerc qui éclabousse le GP3 de son talent.

Une fois de plus, le Néerlandais ne redouble pas et passe directement en F2. Sa saison est heurtée, puisqu’il change d’équipe en cours d’année (il passe de Rapax à Racing Engineering). Il termine 7e du championnat, avec une victoire (Charles Leclerc est une fois de plus champion).

En 2018, De Vries redouble chez Prema, une des meilleures écuries du plateau. C’est la saison de la confrontation avec Lando Norris : le vainqueur du duel sera titularisé par McLaren l’an prochain. Et c’est donc le Britannique qui s’impose. Mais Nyck de Vries ne finit pas très loin au championnat (4e). Alors que Lando Norris se montrait très régulier, mais pas toujours très véloce, le Néerlandais a connu une saison à la physionomie inverse : très rapide par moments, il a connu trop d’avanies ou d’accidents en piste pour capitaliser.

C’est ainsi avec un sentiment d’inachevé, voire d’injustice, que Nyck De Vries a bouclé cette dernière saison de F2. « Je ne veux pas sembler arrogant, mais Norris et Albon n’étaient pas vraiment meilleurs que moi » a-t-il d’ailleurs récemment déclaré. « Norris n’a gagné qu’une course, Albon en a gagné quatre et j’en ai gagné trois. »

Si Nyck de Vries confirme sa pointe de vitesse en 2019, tout en se montrant plus régulier, il sera certainement bien placé pour la course au titre en F2. Il courra d’ailleurs avec ART Grand Prix, une autre équipe référence du plateau. Incontestablement, le Néerlandais fait partie des plus sérieux au prétendant au titre.

« Je suis le favori ? J’ai appris à ne pas trop m’avancer » tempère-t-il aujourd’hui.

Mais dans sa route vers la F1, de Vries aura un nouveau jeune rival dans la filière McLaren à battre cette saison : non plus Lando Norris, mais Sette Camara. L’ancien coéquipier de… Norris chez Carlin, a été recruté par Dams. L’enjeu est le même que l’an dernier : entre Camara et de Vries, celui qui finira la saison en tête ne perdra pas ses espoirs d’être titularisé un jour dans l’écurie-mère…

Nyck de Vries a une excellente carte à jouer cette année : si Lando Norris déçoit – et en deuxième moitié de saison dernière, en F2, le Britannique a effectivement déçu par rapport à son rival batave – McLaren sera certainement tentée de sortir le dernier as de sa filière jeunes.

En cette année 2019, De Vries est ainsi à la croisée des chemins. Il devra remplacer sa frustration par sa détermination et sa confiance en soi, deux qualités qui lui ont fait défaut l’an dernier.

« J’ai grandi avec environ 70 % de la grille actuelle en F1. Bien sûr, c’est parfois frustrant de voir qu’ils y sont maintenant et que je n’y suis pas, mais tout le monde n’a pas le même chemin. C’est plus facile pour certains que pour d’autres. Le fait que ça n’ait pas encore fonctionné n’a en rien entamé ma confiance en mes chances d’arriver en Formule 1 » déclare-t-il, à l’aune de l’année la plus importante de sa carrière.

Nyck de Vries, remplaçant de Lando Norris ? Le Néerlandais en rêve. A lui de rendre cette hypothèse non seulement réaliste, mais souhaitable pour McLaren.