Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Autriche

Ferrari gagne mais inquiète, Haas rassure, AlphaTauri déprime

Par Alexandre C.

12 juillet 2022 - 18:31
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Le sang-froid de Leclerc, le rythme de Ferrari

Après 5 courses sans podium, Charles Leclerc obtint dimanche aux alentours de 16h30 non seulement une victoire, mais aussi un immense soulagement. Le Monégasque semblait presque maudit depuis sa victoire de Melbourne, enchaînant déboires stratégiques sur problèmes de fiabilité. Ce week-end au Red Bull Ring, il remit les pendules à l’heure en faisait preuve de plusieurs de ses qualités certaines.

La première de ses qualités était bien sûr la vitesse. Charles Leclerc ne finit qu’à 29 millièmes de la pole de Max Verstappen, en raison de sous-virage en particulier. Mais en course, il était nettement plus rapide que le Néerlandais et d’ailleurs plus véloce aussi que son coéquipier. La deuxième qualité fut son sang-froid. Sang-froid en dépassant par trois fois, excusez du peu, Max Verstappen durant la course, dont deux fois certes avec l’avantage des pneus. On put alors voir le respect (mais jusqu’à quand ?) des deux hommes sur la piste. Sang-froid aussi en fin d’épreuve, lorsqu’il fallut gérer ce problème de pédale d’accélérateur avec les difficultés immenses qu’on pouvait deviner dans le ton, et l’angoisse, de la voix de Charles Leclerc. Sa troisième qualité fut enfin la gestion des gommes, tant durant le Sprint qu’en course.

Charles Leclerc fut certes aidé en cela par les qualités de sa monture : il faut le dire, la Scuderia inversait la tendance en Autriche des précédents Grands Prix, en semblant reprendre le dessus sur Red Bull surtout en rythme de course. De surcroît, la Ferrari usait bien moins ses gommes, et permit ainsi aux monoplaces de déployer une stratégie de 13 tours décalée sur celle de Red Bull, avec donc une bonne fraîcheur de gommes. C’est bien simple, quelle que soit la stratégie déployée, Max Verstappen paraissait impuissant à empêcher un doublé Ferrari. Tout cela peut bien sûr rendre optimiste pour Charles Leclerc pour la suite. Même s’il ne reprend, en un week-end, que 5 points à Max Verstappen. Il en faudrait encore 6 ou 7 de ce type pour revenir à égalité…

Top n°2 : Ocon solide comme un roc

Le boss du milieu de grille, c’était lui ! Ocon a dominé le peloton ce week-end en Autriche. Il n’aurait pu mieux faire après l’arrivée et en était conscient à la radio, le sourire sous son casque. 5e en qualifications le vendredi, 6e au Sprint après les remontées de Sergio Pérez et de George Russell, 5e le dimanche : Ocon capitalisait sur tout ce qu’il pouvait. Avec un rythme très satisfaisant, il ne commit non plus aucune erreur, ne bataillant pas inutilement face à Sergio Pérez durant le Sprint ou face à Lewis Hamilton ou George Russell en course.

Sa course fut certes aussi discrète qu’excellente, mais cette discrétion dans l’efficacité est justement ce que recherche Ocon avec Alpine, en étant à peu près là où était Lando Norris l’an dernier : bien devant le milieu de grille, bien derrière les écuries de pointe. Seul dans son île, et content de l’être.

Si Ocon put aussi dominer le peloton, ce fut aussi grâce aux évolutions Alpine qui prouvent leur efficacité. Le bémol reste toujours le même dans l’équipe française : la fiabilité. Des problèmes affectaient Fernando Alonso durant le Sprint, et Ocon passa à quelques hectomètres aussi d’une défaillance critique de pompe à essence le samedi… Mais enfin, Alpine a toujours privilégié la performance à la fiabilité cette année : ça rapporte ; mais ça se voit.

Top n°3 : Mick Schumacher et Haas enclenchent la vitesse supérieure

Ce qu’on tenait pour une coïncidence est en train de devenir une loi de la nature : après une saison et demie de souffrances et d’apprentissage dans une discipline, Mick Schumacher, soudainement mis sous pression, enclenche la vitesse supérieure et donne de clairs et francs signes d’amélioration. Cela se voit encore cette année.

Après avoir démoli des voitures durant les 8-9 premiers Grands Prix, et recadré par Günther Steiner qui questionnait son avenir, Mick Schumacher s’est mis à plutôt démolir le chronomètre en milieu de grille, en creusant un véritable écart avec des voitures comme les Aston Martin F1 ou les AlphaTauri, ce qui était loin d’être évident auparavant. Troisième Q3 de l’année, belle résistance face à Lewis Hamilton durant le Sprint, sursaut d’orgueil suite à ce qu’il estimait un traitement injustifié de son équipe par rapport à son coéquipier (il voulait que Kevin Magnussen pour lui donner le DRS pour défendre), rapide, et surtout irréprochable sur la piste, Mick Schumacher donna la meilleure image de lui-même ce week-end. Celui du champion de F3 et de F2 qu’il est. Il n’a pas tout à fait encore sauvé sa place pour l’an prochain, mais avec de tels week-ends…

Ce week-end du Red Bull Ring, qui permet à Haas de retrouver la 7e place au classement des constructeurs, valide aussi la stratégie de développement de l’équipe : Günther Steiner a assumé n’apporter que peu d’évolutions à la F1, pour se concentrer sur le développement de l’an prochain. Il s’agissait plutôt de maximiser le package existant, en jouant sur les réglages et les circuits favorables à l’équipe, comme justement en Autriche (avant Silverstone, Haas avait marqué 15 points en neuf courses ; l’équipe américaine vient d’en inscrire 19 points en deux courses dont 14 en Autriche). D’ailleurs, Haas n’avait récolté pareille moisson depuis les 22 points marqués ici en 2018 par Romain Grosjean et Kevin Magnussen.

Les flops

Flop n°1 : Même en gagnant, Ferrari inquiète

Que ce week-end fut doux-amer pour Ferrari. Pourrait-on même parler de victoire à la Pyrrhus pour Charles Leclerc ? En effet, le samedi comme le dimanche, des problèmes chroniques à la Scuderia se sont répétés. Le samedi, il s’agissait de l’indécision du haut-management, dont le prénom est Mattia et le nom Binotto, à trancher pour avoir une hiérarchie claire au sommet de l’équipe. Chez Red Bull, on sait, Sergio Pérez est au service de Max Verstappen. Chez Mercedes, on savait aussi comment Toto Wolff avait qualifié Valtteri Bottas. Chez Ferrari en revanche, on ne sait pas. Et donc on s’embrouille. Le Sprint en fut témoin : Carlos Sainz voulut dépasser Charles Leclerc, alors que le Monégasque économisait ses mediums pour attaquer au 90e kilomètre. Résultat : les deux Ferrari perdirent du temps, frôlèrent l’accrochage, et permirent à Max Verstappen de construire son petit matelas. Grazie mille.

Le lendemain, même avec la Ferrari la plus rapide, et alors que le doublé eût pu et dû relever de la sérénité, Ferrari fit claquer les dents des tifosi. D’abord avec l’explosion du moteur de Carlos Sainz, et l’incendie dangereux qui en a résulté. Cette nouvelle défaillance fait perdre de précieux points au classement des constructeurs ; et octroiera sans aucun doute une pénalité à Carlos Sainz plus tard dans l’année. Rien ne rassure pour la fiabilité chez Ferrari puisque Valtteri Bottas partait aussi en fond de grille en raison d’un stock moteur épuisé ; tandis que Kevin Magnussen rencontrait aussi une alerte moteur en course chez Haas.

Quant à la victoire de Charles Leclerc, elle aurait dû être plus simple et moins chargée de suspense… et pourtant ! Le cœur des tifosi a battu à mille à l’heure en fin d’épreuve – Mattia Binotto lui-même a avoué qu’il n’avait pas regardé les trois derniers tours de course, en raison de ce mystérieux problème de pédale d’accélérateur. Quand ce ne sont pas les freins, ou le moteur, c’est la pédale : comme il y a plus de 15 000 pièces sur une F1 et seulement 22 Grands Prix, Ferrari ne devrait pas avoir trop de mal les prochaines courses à trouver des motifs d’inquiétude. Et d’ailleurs, Binotto a déjà prévenu : il n’y aura pas de solution miracle avant de longues courses...

Flop n°2 : La déprime chez AlphaTauri

Ce n’est peut-être pas le pire week-end de sa carrière, mais ça n’en est pas très loin. Pierre Gasly et plus globalement AlphaTauri avaient la tête des mauvais jours, tous les jours en Autriche. Peu performantes en qualifications, les AlphaTauri ont déchanté durant le Sprint. En particulier Pierre, le maudit des Sprints, qui fut victime (mais peut-être plus coupable que victime) d’un incident au premier virage le samedi. Le lendemain, tandis que Yuki Tsunoda n’avait absolument aucun rythme, Pierre Gasly se rendit coupable d’autres boulettes : 5 secondes de pénalité pour franchissement des limites de piste, 5 autres pour avoir envoyé valser Sebastian Vettel dans le gravier. Le Normand assumait ses erreurs d’ailleurs à 100 %.

La lumière est-elle au bout du tunnel ? Peut-être : les évolutions AlphaTauri, les premières, enfin, devraient arriver pour la France… ou promis, pour le Grand Prix suivant. Longtemps annoncées, longtemps attendues, ces évolutions doivent absolument permettre à AlphaTauri de redresser la barre : autrement, la fin de saison risque d’être très longue.

Flop n°3 : Harcèlements, insultes et racisme dans les tribunes du Red Bull Ring

Ce week-end au Red Bull Ring ne laissera pas que de bons souvenirs – loin de là. En effet, dans les tribunes, ou autour du circuit, ont été rapportés de nombreux faits de harcèlement : insultes sexistes, injures homophobes, propos racistes… Les témoignages se sont faits nombreux sur Twitter et ont poussé la F1 à réagir (voir notre article). Il est même permis de se demander s’il ne serait pas temps d’agir, en Autriche comme en ailleurs, en allant un cran plus loin : s’il ne sera jamais possible de repérer chaque fait dans la masse de 300 000 spectateurs, peut-être peut-on, doit-on, au moins faire quelques exemples…

La F1 pourrait également faire la pression sur tous les promoteurs pour qu’ils agissent plus en ce sens – la FOM le fait déjà bien pour les embouteillages par exemple à Barcelone. Plus largement, la question d’un engagement soutenu de la F1 se pose aussi pour l’inclusivité, comme le soulignait Lewis Hamilton en conférence de presse : « Il est temps d’agir. "We Race as One", c’était bien beau, mais ce n’était que des mots. Il n’y a pas eu de financement pour quoi que ce soit, il n’y a pas eu de programme pour créer un changement et nourrir cette conversation. Donc, il faut absolument utiliser nos plateformes, mais nous devons vraiment faire un pas en avant et vraiment commencer à agir sur certaines des choses que nous disons. Se contenter de prononcer quelques mots... ce n’est pas suffisant. C’est inacceptable. Ce n’est pas suffisant. »

Enfin, déplorons les sifflets d’une partie du public contre Lewis Hamilton, après la sortie de piste pourtant violente du Britannique en qualifications. Bien entendu, ces sifflets n’étaient le fait que d’une petite partie du public – il n’en demeure pas moins que c’est une très mauvaise image que la F1 a renvoyée.

On demande à voir…

Williams de retour dans le peloton ?

Williams put enfin mesurer au Red Bull Ring ce que valait le package d’évolutions amené à Silverstone (mais avec le gros crash d’Alexander Albon en début de course, il n’était pas possible de l’évaluer sereinement, car le Thaïlandais était le seul à en disposer, de même qu’en Autriche d’ailleurs).

Et il y a du bon, voire du très bon : avec ce package, Alexander Albon a réalisé sa co-meilleure qualification de la saison (12e place). Tandis qu’en course, il put longtemps entrevoir le top 10, n’étant débordé par Valtteri Bottas qu’en fin d’épreuve. Surtout, le pilote Williams confiait, avec son package aérodynamique, avoir le rythme des McLaren en course. Bottas s’inquiétait aussi de voir une Williams plus rapide que lui... Williams trublion pour les top 10 et détaché des Aston Martin F1 (et des AlphaTauri…) en queue de peloton ? Et pourquoi pas ?

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