Retour sur... le GP d’Europe 1997

Le Grand Prix d’Europe s’est disputé sur plusieurs circuits avant de s’installer récemment à Valencia. Longtemps organisé sur le Nürburgring, il a permis à Renault de remporter quelques uns de ses plus beaux succès.

Mais le plus mémorable Grand Prix d’Europe reste sans doute l’édition 1997. A Jerez, au bout du suspense, Jacques Villeneuve s’assurait du titre de Champion du Monde de Formule 1 avec Williams-Renault en montant sur la troisième marche du podium.

Cette couronne mondiale, la quatrième en six ans pour le tandem franco-britannique, venait récompenser tout le travail réalisé par Renault. C’était aussi la dernière course de Renault en tant que motoriste, avant son retrait de la discipline pour plusieurs saisons.

Villeneuve était arrivé en Formule 1 en 1996. Dès ses débuts, le Canadien se montrait à la hauteur du défi qui lui était proposé. Equipier de Damon Hill, il signait sa première pole dès sa première séance d’essais qualificatifs et s’imposait dès son quatrième Grand Prix. La saison suivante, il devenait la pièce maîtresse de l’écurie avec Heinz-Harald Frentzen comme équipier. Grâce à sept victoires au moment d’aborder la dernière course de la saison, il se retrouvait nez à nez avec son dernier rival, le pilote Ferrari Michael Schumacher, avec l’objectif de conquérir le titre mondial.

Ce duel a marqué la F1 des années 90. Lors de l’avant-dernière course de la saison, au Japon, Jacques Villeneuve était disqualifié pour ne pas avoir respecté des drapeaux jaunes durant une séance d’essais libres. Au départ du Grand Prix d’Europe, à Jerez, Jacques se présentait en deuxième position, à un point de Michael Schumacher.

Pour ce final à suspense, les qualifications donnaient le ton de l’évènement : Schumacher, Villeneuve et Frentzen réalisaient le même temps, au millième près, en 1’21’’072. Villeneuve et Schumacher partageaient la première ligne alors que Frentzen, dernier à avoir réalisé ce chrono, partait de la troisième position.

Schumacher prenait les rênes de la course à la faveur d’un meilleur départ, devant les deux pilotes Williams-Renault. Villeneuve, troisième derrière Frentzen durant les premiers instants de la course, passait au deuxième rang au huitième tour. La course devenait alors tactique. Schumacher faisait le plein d’essence au 22e tour, Jacques au tour suivant. Même scénario au terme du second ravitaillement : Schumacher stoppait au 43e tour et Villeneuve juste après.

Celui qui terminait devant son rival devenait Champion du Monde. Villeneuve n’avait d’autre solution que de passer Schumacher en piste. Après le second arrêt, la Ferrari était en ligne de mire de la Williams-Renault. Plus rapide, Jacques Villeneuve se portait à la hauteur de Michael Schumacher à l’intérieur d’un virage à droite. L’Allemand, ne pouvant se permettre de terminer derrière le Canadien, donnait un coup de volant pour fermer la porte.

Les deux voitures se touchaient et la Ferrari terminait sa course dans le bac à sable. Au volant d’une monoplace apparemment intacte, Jacques n’avait plus qu’à terminer dans les points pour être titré.

Dans les derniers tours, Jacques Villeneuve ne s’acharnait donc pas à défendre sa première position. Il laissait passer les deux pilotes McLaren David Coulthard et Mika Häkkinen. L’Ecossais recevait la consigne de laisser passer son équipier finlandais en fin de course. Häkkinen remportait ainsi son premier Grand Prix.

Tous les yeux se tournaient alors vers Villeneuve, qui terminait troisième au volant de sa FW19 devant la Benetton-Renault de Gerhard Berger.

La troisième place de Jacques signifiait qu’il pouvait fêter son titre sur le podium. A ses pieds, toute l’équipe Williams s’armait de perruques blondes en hommage à la coupe de cheveux peroxydée du Canadien. Renault Sport fêtait un nouveau succès avec Williams au terme d’un partenariat fructueux de neuf ans.

En compagnie d’une grande partie des membres du paddock, Jacques fêtait son titre lors d’une soirée d’adieu organisée par Renault dans une discothèque aux abords de Jerez. En retournant à son hôtel près du circuit, il tombait nez à nez avec Michael Schumacher et son entourage qui revenaient d’une autre soirée. Une autre fête pouvait alors commencer… Et Michael finissait avec une perruque blonde « JV » sur la tête !