GP de Bahreïn : une honte pour la F1 ?

Le Conseil Mondial du sport automobile a donc décidé de réintégrer le Grand Prix de Bahreïn dans le calendrier 2011, et ce, malgré une situation politique très tendue dans ce petit royaume du Golfe. La contestation populaire est en effet toujours d’actualité, comme le sont les emprisonnements arbitraires et quelques cas de tortures signalés ici et là.

Le championnat du monde de F1 doit-il cautionner par sa présence les agissements de cette dictature ? Hugh Robertson, le ministre britannique des sports, avait déclaré la semaine passée que le Grand Prix de Bahreïn serait un désastre s’il devait être réintroduit dans le calendrier.

"On peut comprendre pour quelles raisons l’opposition s’est dite favorable au retour de cette course dans la saison 2011, car ils ont probablement l’intention d’organiser quelques manifestations et c’est là que se trouve le danger," déclare Hugh Robertson.

"Les gens sont très mécontents et ont déjà appelé le jour de la course comme celui de la colère," affirme Nabeel Rajab, le responsable du Centre bahreïni pour les droits de l’homme. "Ce jour-là, tout le monde sera appelé à sortir dans toutes les villes du royaume pour exprimer notre colère envers le gouvernement. Nous allons profiter de cet événement pour parler des violations des droits de l’homme à Bahreïn. Nous allons montrer au monde ce qui se passe ici."

Eric Boullier, le directeur de l’équipe Renault, ne semble pas plus rassuré que ça à l’approche de ce rendez-vous. Il affirme en effet que son équipe se rendra à Bahreïn, "seulement si notre sécurité et celle des habitants sont garanties."

Selon le journal Observer, certains sponsors pourraient ne pas suivre le Conseil Mondial dans sa décision contestable. "Il est temps pour les sociétés qui financent le Grand Prix de Bahreïn de faire un pas de côté et de montrer aux patrons des équipes de F1 que s’ils n’ont plus de conscience, eux ils en ont toujours une," peut-on lire dans ce journal.

Dans les colonnes du Guardian, le journaliste Richard Williams n’hésite pas à comparer ce futur Grand Prix de Bahreïn aux Jeux olympiques dans l’Allemagne nazie en 1936 et à ceux de Mexico qui avait eu lieux après le massacre de plusieurs dizaines d’étudiants.