Technique F1 : Les secrets de la McLaren MCL36

Une monoplace 2022 qui ne dévoile pas tous ses secrets

Par Emmanuel Touzot

12 février 2022 - 14:06
Technique F1 : Les secrets de la (...)

Avec Nicolas D.Z

McLaren a présenté sa MCL36 ce vendredi, et bien que l’équipe ait révélé qu’elle gardait certains détails cachés, on a déjà pu découvrir de nombreuses choses au sujet de la F1 2022 de l’équipe de Woking.

De nouveau, on constate des différences assez marquées dans les concepts de ces monoplaces 2022, en dépit d’un règlement restrictif. Plus étonnant, on voit ici que la McLaren est très différente de l’Aston Martin, en dépit d’un moteur similaire.

Contrairement à l’Aston Martin AMR22 que nous avons étudiée hier, la McLaren MCL36 semble être une monoplace globalement conventionnelle dans l’esprit du règlement, à l’exception de quelques éléments étonnants que nous allons vous détailler dans ces lignes.

L’aileron avant de la McLaren MCL36

L’aileron avant de la McLaren 2022 est assez peu surprenant, puisqu’il est en de nombreux points similaire à celui de l’Aston Martin. On retrouve un museau toutefois plus fin, qui se prolonge lui aussi jusqu’au deuxième plan horizontal de l’aileron.

Comme sur l’AMR22, cela laisse un plan horizontal inférieur, le plus bas, pour diriger l’air vers le fond plat, tandis que les trois autres plans horizontaux supérieurs s’occupent de créer de l’appui sur le train avant.

La moustache de la voiture arbore un peu moins de formes, même si sa partie extérieure est très fine, afin de créer de l’outwash et envoyer l’air sur les côtés de la voiture. On retrouve néanmoins un phénomène limité à ce niveau par rapport à l’Aston Martin.

La forme de la moustache est un peu plus prononcée que sur l’Aston Martin, avec un retour plus marqué vers les roues avant, là où l’écart entre l’aileron et les pneus est plus important sur l’AMR22.

Les suspensions avant de la MCL36 de 2022

C’est l’un des points les plus surprenants de cette voiture. Contrairement à Haas et Aston Martin, McLaren a fait le choix de suspensions à tirants à l’avant. La voiture y gagnera en souplesse, mais l’effet pourrait être négatif en matière d’appui et de stabilité.

En effet, les suspensions pullrod, par opposition à celles à poussoir, sont un peu moins rigides et peuvent ainsi provoquer quelques variations de hauteur de caisse. Chez Aston Martin F1, Andrew Green expliquait avoir voulu éviter cela à tout prix.

Le bénéfice aérodynamique peut se retrouver sur la partie inférieure du flux d’air, car l’angle des suspensions est moins pénalisant avec cette configuration. Cela permet de mieux nourrir le plancher et les pontons en air.

James Key, le directeur technique, confirme que les choix de suspensions - à tirant à l’avant et à poussoir à l’arrière - sont en premier lieu guidés par l’aérodynamique : "A l’avant, c’est la seule chose avec laquelle vous pouvez jouer entre l’aileron avant et le début du plancher."

Au bout de ces suspensions, les écopes semblent intégrées directement à l’ailette qui surplombe la roue. Nous pouvons nous demander si nous avons vu les pièces définitives, car l’entrée d’air semble minime. Si c’est le cas, il s’agit là d’une solution technique très étonnante, et très bien intégrée à la roue.

C’est cependant possible, car les disques de freins sont plus gros et plus épais, et ils seront donc moins prompts à surchauffer. De plus, le travail sur les protections est colossal, avec des petites ailettes pour diriger l’air vers l’écope.

En revanche, on constate aussi que McLaren a ajouté une petite ailette sur la partie inférieure de ces protections en carbone, ce qui permet là aussi de rediriger le flux d’air venant de l’aileron, vers le plancher et les déflecteurs.

Les pontons et déflecteurs de la McLaren MCL36

On voit clairement que la McLaren 2022 possède un déflecteur permettant de rediriger l’air sous les pontons, et celui-ci est de taille modeste. On peine à voir comment est faite l’entrée du plancher, puisque les rendus de la voiture ne montrent pas plusieurs dérives verticales pour guider l’air vers les canaux sous le plancher.

Il est probable que cette zone fasse partie des parties que McLaren et Key ont voulu cacher. Mais c’est au-dessus de cette zone que l’on peut constater des choix plus conventionnels effectués par McLaren.

Contrairement à Aston Martin, qui a énormément avancé les entrées d’air de ses pontons et les a surélevées pour créer un canal sur la partie inférieure du ponton, McLaren a opté pour des pontons plus classiques.

Au-dessus des pontons, sur les côtés du Halo, on remarque pour la première fois l’incorporation d’ailettes horizontales. McLaren est la première équipe à ajouter une telle solution à cet endroit.

La redirection du flux d’air sur la partie inférieure est plus minime que sur l’AMR22, et l’on voit que les pontons sont moins larges que sur cette dernière. Le packaging du moteur et du refroidissement se fait de manière très serrée, y compris à ce niveau de la monoplace, puisque l’on remarque une bosse sur le ponton.

Sans être aussi larges que ceux de la Haas, et sans être aussi longs que ceux de l’Aston, les pontons de la McLaren se réduisent rapidement vers leur partie arrière, mais la voiture conserve tout de même la forme de bouteille de coca-cola en allant vers la partie arrière.

On ne retrouve pas, contrairement à l’Aston Martin, une large zone horizontale et des ouïes de refroidissement. La zone du capot moteur et les contraintes du V6 hybride Mercedes ont ainsi été abordées très différemment sur les deux monoplaces.

Le capot moteur de la McLaren de 2022

La première chose que l’on remarque, c’est que McLaren a fait le maximum pour abaisser le centre de gravité. Hormis une entrée d’air classique, qui est là pour amener de l’air au turbo et générer du refroidissement, la partie haute est la plus fine possible.

En revanche, la partie inférieure à celle-ci est plus large que sur l’Aston Martin. Alors que l’AMR22 a un capot sculpté autour du moteur, ce qui fait notamment ressortir les plenums avec des bosses sur la carrosserie, la McLaren arbore des formes plus fluides qui incorporent cette partie.

Et alors que l’AMR22 possède des pontons qui s’étendent vers l’arrière et se resserrent sur l’arrière du capot, la McLaren conserve une carrosserie large jusqu’à l’aileron arrière.

Il semblerait que l’équipe de Woking ait fait le choix d’évacuer l’air chaud du capot par l’arrière, à l’image des anciennes monoplaces, là où Aston Martin F1 le fait avec ses imposantes ouïes sur le capot.

Cela permet certainement d’avoir un comportement plus sain du train arrière, avec un centre de gravité plus bas, au détriment du flux aéro qui sera surement moins guidé vers le diffuseur.

Un packaging moteur très différent de l’Aston Martin AMR22

La simplicité des formes des pontons de la MCL36 est marquante, en tout cas par rapport à celle de l’Aston Martin, alors que les deux voitures ont le même moteur. Les suspensions arrière sont à poussoir, ce qui est là aussi entièrement différent des deux autres monoplaces présentées jusqu’ici.

On constate des formes très différentes, comme dit précédemment, sur l’ensemble des pontons et du capot. Vu de haut, la différence entre les deux monoplaces est frappante, avec un arrière beaucoup plus large sur la McLaren, en dépit de pontons plus fins.

Le diffuseur et l’aileron arrière de la McLaren MCL36

McLaren n’a montré aucune image du diffuseur de sa nouvelle monoplace, ce qui laisse penser qu’il comporte des solutions innovantes. L’an dernier, l’équipe avait été la seule à trouver une faille autour du diffuseur, et il se pourrait que la philosophie de sa partie arrière en dépende encore cette année.

En effet, les pontons semblent moins servir de guide aux flux d’air, ce qui laisse penser que l’appui au niveau du diffuseur pourrait provenir d’ailleurs que de la partie inférieure des pontons. Sur ce point précis, c’est évidemment de la spéculation, puisque l’on a vu aucune image.

L’aileron arrière de la McLaren 2022 est conventionnel, avec des formes arrondies. Le système du DRS n’est pas installé sur la voiture présentée, mais on voit quand même que l’ailette supérieure possède une découpe similaire à celle des autres équipes.

En revanche, là où l’Aston Martin a un flap supérieur plat, l’aileron arrière de la McLaren est plus arrondi, y compris sur cette partie mobile.

Signe que la partie arrière est totalement différente de celle de l’Aston, l’aileron arrière repose sur un seul mât central, contrairement aux deux qu’utilise l’AMR22.

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