Soufflerie, poids, budget : le triple casse-tête d’AlphaTauri F1

Egginton raconte les défis techniques de 2022

Par Alexandre C.

21 avril 2022 - 16:26

Si AlphaTauri connaît quelques pépins de développement en cours d’année, une des raisons majeures sera le passage à une nouvelle soufflerie.

En effet l’équipe a cessé d’utiliser sa vieille soufflerie de Bicester pour utiliser celle de Red Bull à Bedford passant d’un modèle à 50 % à un modèle à 60 % (le meilleur et celui utilisé par les autres équipes). Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes initiaux (voir notre article).

Mais aujourd’hui comme l’a confié Jody Egginton, le directeur technique de l’équipe, la transition a été bien menée, sans souci majeur de corrélation. Une bonne nouvelle pour la suite de l’année.

« De toute évidence, cette voiture a été conçue avec une soufflerie à 60 %. La corrélation entre la CFD, la soufflerie et la piste est donc assez bonne. Le domaine dans lequel nous n’avons pas toutes les réponses, et nous avons dû utiliser beaucoup de données de piste pour le résoudre, est le marsouinage. En soufflerie, ce n’est pas quelque chose qui est facile à activer. »

« Aujourd’hui, nous sommes en mesure de dire : Bon, voici ce que nous voulons du fond plat, voici les risques avec le marsouinage, voici comment nous pensons pouvoir les atténuer. »

« Tout le travail que nous avons effectué en arrière-plan a consisté à nous assurer que nous étions clairs sur la voie à suivre, avant de procéder à une évolution majeure. »

Et justement, AlphaTauri apporte un nouveau fond plat ce week-end à Imola. Une évolution qualifiée donc de majeure par le directeur technique de l’équipe.

Le défi du poids

L’autre grand défi technique de cette année, outre la transition vers la nouvelle soufflerie, c’est de réduire le poids de sa F1. L’équipe n’est pas encore au poids minimum mais la situation est bien meilleure que chez Aston Martin F1 par exemple, poursuit Egginton. Les chiffres connus (voir notre article) le confirment d’ailleurs.

« Potentiellement, nous sommes légèrement meilleurs que la moyenne des équipes. Vous ne savez jamais exactement où sont les autres équipes. Nous ne sommes pas aussi à l’aise que nous le voudrions, mais nous sommes raisonnablement bien. »

« C’est toujours un objectif, nous ne sommes pas détendus à ce sujet. Et nous voulons améliorer la situation. Et c’est à peu près la même chose pour toutes les équipes, à des degrés divers. Mais je suis assez confiant, nous sommes loin d’être les pires sur la grille en ce moment. »

« La limite de poids est certainement un défi avec ces nouvelles réglementations. Je veux dire, les exigences de sécurité pour le châssis, il y a une surcharge de masse là, les pièces standard, les roues, les pneus, il y a une surcharge de masse aussi. Il est très facile de perdre la contrôle. »

« Lorsque nous préparons la voiture, nous gardons un œil très attentif sur les principales masses de la voiture, et sur ce qui se passe. Et c’est en évaluation constante. Il y a eu de petites augmentations de la masse autorisée de cette voiture au fur et à mesure de la phase de conception. »

« Nous ne sommes pas à l’aise, personne n’est jamais vraiment à l’aise avec ça. Mais nous avons une bonne vue sur ce que nous devons faire pour apporter des améliorations. »

« C’est la même chose pour chaque équipe, vraiment, il est très facile de perdre le contrôle avec une évolution, ou avec une augmentation générale redoutée de la masse avec des mises à jour de fiabilité et d’autres choses au cours de la saison. »

Les budgets plafonnés obligent à maximiser les évolutions

Tous ces défis techniques doivent de plus se mener sous la contrainte des budgets plafonnés. Ils affectent Red Bull, on peut le penser ; mais même une plus petite structure comme AlphaTauri ?

« Avec le plafonnement des coûts, on n’a pas un porte-monnaie grand ouvert. Il faut être intelligent avec ce que l’on fait, parce que l’on doit faire travailler cet argent pour nous tout au long de l’année, et ne pas simplement l’utiliser pour des éléments [moins efficaces] et réaliser que l’on n’a pas été à la hauteur en termes de performances de la voiture plus tard dans l’année. »

« Je veux dire que le plafonnement des coûts vous oblige à vous assurer que tout ce que vous faites compte et rapporte [de la performance effective]. »

« Tout le monde s’efforce de faire fructifier son argent au maximum. Et si vous pouvez apporter des performances à la voiture, et faire un nouvel aileron avant, par exemple, et enlever un peu de poids, alors vous avez un avantage aérodynamique, et potentiellement un avantage de masse. »

« Si vous vous contentez de réduire le poids de la voiture sans aucune performance aérodynamique, c’est un peu douloureux à supporter, vraiment. Donc nous essayons toujours de combiner cela. »