Le plan carbone de la F1 exclura les fans mais ne serait pas ‘un gadget marketing’

Le directeur de la stratégie de la F1 se défend

Par Alexandre C.

24 janvier 2020 - 17:41
Le plan carbone de la F1 exclura (...)

La F1 envisage de devenir un sport neutre, s’agissant de ses émissions carbone, d’ici 2030. Ce plan ambitieux a d’ailleurs récemment été validé par les Nations Unies, qui ont considéré que la F1 était en voie de devenir assez verte pour rejoindre le Cadre d’action de l’ONU pour le climat.

Compte tenu des enjeux économiques de ce plan écologique, Yath Gangakumaran, le directeur de la stratégie de la F1, était présent à Davos, lors du grand forum annuel qui réunit chefs d’entreprise, investisseurs et décideurs politiques, afin de présenter sa vision.

Devant un parterre plus spécialiste d’économie que de F1, Yath Gangakumaran a commencé par rappeler que la vision de Liberty Media s’inscrivait en rupture par rapport à celle de CVC, sous l’ère Bernie Ecclestone.

« Jusqu’à il y a 10-15 ans, le sport n’était pas géré de manière mature - il était géré généralement par d’anciens acteurs du monde de la F1, et non par des professionnels du monde des affaires. Aujourd’hui, ce monde de la F1 est devenu beaucoup plus professionnel et rattrape son retard sur les autres industries, y compris en matière de durabilité. »

Voici pour l’ambition ; mais la réalité concrète de ce plan doit être nuancée par plusieurs facteurs, comme l’a reconnu Yath Gangakumaran.

Tout d’abord, Liberty Media projette d’étendre le calendrier à 25 courses d’ici 2025 : ce qui implique plus de déplacements en avion, plus de logistique (le principal facteur expliquant les émissions du sport, à hauteur de 45 %), plus d’empreinte carbone in fine. En 2019, les équipes ont parcouru plus de 120 000 km en avion.

De plus – et la précision est notable – le plan vise à atteindre la neutralité carbone seulement pour la F1 elle-même : c’est-à-dire que toutes les émissions engendrées par les fans se rendant sur les circuits, ne seront pas comptabilisées. Evidemment, sous cet angle, atteindre la neutralité carbone sera plus aisée.

« Nous pensons qu’il est tout simplement trop difficile de contrôler ce que font nos fans, car ce qu’ils font les regarde en dernier ressort » se justifie Yath Gangakumaran. « Nous pensons donc qu’il est plus approprié et réaliste de se concentrer sur ce que nous contrôlons. »

« Nous sommes un sport mondial et nous avons des fans dans le monde entier qui veulent voir la F1. Cela nécessite de voyager. »

La F1 devrait tout de même inciter ses fans à se rendre, sur les circuits, par le biais des transports publics, et à compenser leurs émissions ; la F1 bannira également les plastiques à usage unique sur les circuits.

Du même coup, l’objectif de neutralité carbone ne devrait-il pas être grandement relativisé pour Yath Gangakumaran ?

« Il ne sert à rien de se contenter de lancer un objectif et de l’utiliser comme un gadget marketing. En fin de compte, vous serez tenu pour responsable, et vous devriez l’être. »

« Nous prenons la décarbonisation très au sérieux, ce sera une transition à long terme pour notre sport. Ce n’est pas une campagne de marketing à court terme, ce n’est pas un gadget à court terme, c’est un changement fondamental dans la façon dont nous fonctionnons en tant que sport. »

« Au lieu d’être sur la défensive et de s’excuser d’avoir des voitures avec des moteurs à combustion interne, nous voulons prendre le leadership, pour montrer qu’avec une technologie de pointe incroyable, en ligne avec un objectif, nous pouvons en fait aider à décarboniser non seulement notre sport, mais aussi, espérons-le, avoir un impact plus important en dehors de notre sport. »

Le professeur Mark Jenkins, spécialiste de la F1 à l’université de Cranfield, a été à son tour invité à donner son avis sur le plan carbone du sport. Selon lui, ce plan serait ambitieux, salutaire… « Mais sa réalisation effective est une autre question. »

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