Thierry Neuville était en apprentissage

Un abandon sur une erreur

Par Franck Drui

2 mai 2010 - 11:19
Thierry Neuville était en apprentissage

Plus courte que la première, la deuxième et dernière étape du Rally Islas Canarias était formée de deux boucles de trois spéciales. Tout au long de la première d’entre elles, Thierry Neuville a confirmé la rapidité de son apprentissage en continuant de réduire l’écart le séparant des meilleurs chronos.

« En début de rallye, son handicap moyen par rapport au plus rapide se situait aux alentours d’une seconde au kilomètre, analyse Marc Van Dalen, team manager de l’équipe Peugeot Belgique-Luxembourg. Hier soir, il en était à deux-tiers de seconde au kilomètre. Ce samedi matin, au total de la première boucle, il se rapproche à une demiseconde au kilomètre de Kris Meeke, alors que celui-ci est « en pleine attaque » pour remonter au classement. »

En un seul rallye, la moitié du chemin – chronométrique – a été accompli, mais chacun sait que les derniers dixièmes sont les plus durs à conquérir.

« Je vois où j’ai progressé, mais je sais aussi tout ce que j’ai encore à apprendre, confirme Thierry à son retour au parc, samedi aux alentours de midi. J’applique du mieux que je peux la méthode suggérée par Kris Meeke. Je joue sur les transferts de masse pour inscrire l’auto dans la courbe, mais cela manque encore de précision. Parfois, je lâche les freins trop tôt, ou je laisse trop longtemps l’auto dériver sur son poids. Les spectateurs apprécient. Les chronos beaucoup moins. Par contre, je commence à bien doser mon accélération. Je sens que je sors des courbes plus vite. Cela vient. J’ai seulement besoin d’accumuler les kilomètres. »

Ce ne sera pas le cas jusqu’au bout. Dans l’avant-dernière spéciale, un arrêt brutal rend le pilote inconsolable.

« Je ne comprends pas ce qui s’est passé, déclare Thierry par téléphone, alors qu’il est toujours immobilisé dans la spéciale. J’avais décidé de me « laisser glisser » jusqu’à l’arrivée. Est-ce cela qui m’aurait déconcentré ? La voiture a sous-viré jusqu’au rocher. Elle est intacte, mais un bras de suspension est cassé. Je n’ai pas la pièce pour réparer. Je suis vraiment triste. Je m’en veux à mort ! Je voulais tellement offrir cette première présence à l’arrivée, ces premiers points à tous mes mécanos, à Peugeot Belgique-Luxembourg, à tous mes supporters belges et étrangers... »

Gageons que, avec le temps, les aspects positifs de cette première participation en IRC 2010 reprendront le dessus.

« Tout d’abord, cette seule erreur lui est imputable, rappelle Marc Van Dalen. Nous savons aujourd’hui que Thierry ne porte aucune part de responsabilité dans la crevaison qu’il a subie hier. Jusqu’à son abandon, il disputait un rallye parfait : pas un « tout droit », pas un tête-à-queue, pas une griffe sur la voiture. Ensuite, nous avons tous, chez Peugeot Belgique Luxembourg et Kronos, la certitude que Thierry « y arrivera ». L’amélioration de ses chronos n’est pas seule à le prouver. Le professionnalisme de son approche, sa volonté de s’améliorer, la qualité de son analyse, sa souplesse dans l’adaptation de son pilotage à la personnalité d’une voiture sont des atouts qui finiront pas payer... à condition de ne pas trop attendre trop tôt de lui. »

Dans un mois, en Sardaigne, le défi à relever par l’équipe Peugeot Belgique-Luxembourg sera encore plus difficile : pour la première fois, Thierry Neuville y pilotera sa 207 S2000 sur la terre.

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