Spa : Analyse d’une catégorie LMP2 toujours aussi indécise !

Bien malin qui aurait pu prédire le vainqueur

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9 mai 2012 - 11:22
Spa : Analyse d'une catégorie (...)

Avec 18 LMP2 au départ des 6 Heures de Spa, on avait de quoi s’attendre à de belles bagarres. Suite à l’annulation du meeting European Le Mans Series de Zolder, plusieurs concurrents ont rejoint ceux du WEC et ne manquaient à l’appel que Thiriet by TDS Racing et Sébastien Loeb Racing. Gérard Neveu, Directeur Général du Championnat du Monde d’Endurance, confiait avant le départ que toutes les équipes qui avaient souhaité venir rouler à Spa étaient bien là. Si en LMP1 tout semblait plié avant le départ, bien malin qui aurait pu prédire le vainqueur. Tout s’est finalement joué entre ADR-Delta, Jota et Pecom Racing. La catégorie a malheureusement perdu dès les essais la Lola B12/80 du Status GP suite à une violente sortie d’Alexander Sims.

On attendait une ORECA 03, une Lola B12/80 ou une Morgan 2012 LMP2, mais c’est finalement une Zytek Z11SN qui a raflé la mise avec celle du team Jota. Sam Hancock et Simon Dolan se sont joués de la concurrence malgré une pénalité de 30 secondes pour une vitesse excessive dans la voie des stands. Il aura fallu un très bon Sam Hancock pour ramener la Zytek sur le devant avant que Simon Dolan ne termine le travail. Le team britannique géré par Sam Hignett a parfaitement réussi sa reconversion pour décrocher une victoire dès sa deuxième course dans la catégorie, ce qui n’est pas sans ravir Sam Hancock : « Waouh, quelle fin de course ! Nous soupçonnions que le leader devrait s’arrêter pour un splash&dash mais nous ne voulions pas y croire. La voiture était vraiment bonne et j’ai fait tout mon possible en piste. C’est avant tout un effort d’équipe avec des arrêts parfaits et une bonne stratégie. Mon coéquipier a tout bonnement été étonnant, motivé encore plus certainement parce que nous étions en tête. Je suis très fier de ce que nous avons réalisé et de faire partie de cette équipe magnifique. »

La victoire semblait pourtant promise à la ORECA 03 alignée par ADR-Delta mais il aura manqué 6s sur la ligne d’arrivée. Le dernier ravitaillement éclair en carburant a coûté la victoire à l’équipe d’Alan Docking, sans oublier un changement de capot avant consécutif d’une touchette avec une GT. Pourtant John Martin mettait tout le monde d’accord lors de la séance qualificative, ce qui laissait présager d’une belle course. Malgré une deuxième place, Tor Graves est pleinement satisfait : « C’est un résultat fantastique. Depuis le lancement de la saison, nous n’avons pas réalisé tant d’essais que cela et si l’on considère le travail fourni depuis le début de l’année, nous avons fait une excellente performance aujourd’hui. Nous avons montré de quoi nous étions capables. Je suis un peu déçu d’être passé si près de la victoire, mais ce podium est déjà magnifique. Les gars ont vraiment fait du bon boulot et cette prestation est intéressante avant d’aller aux 24 Heures du Mans. »

On trouve une autre ORECA 03 sur le podium, avec celle du Murphy Prototypes partagée par Hartley/Firth/Hughes. Onzième sur la grille, le trio n’a cessé de cravacher avec un très bon Brendon Hartley, qui pour ses débuts en Endurance a brillé. On regrettera la pénalité quelque peu inexpliquée après une bonne heure de course, sans quoi le team de Greg Murphy pouvait espérer l’emporter en terminant à 40 secondes des vainqueurs. Arrivant tout droit de la monoplace, Brendon Hartley est satisfait de sa performance : « Après une séance qualificative décevante, je suis ravi d’avoir disputer une telle course avec Murphy Prototypes, surtout quand on voit le résultat final. Ce podium est de bon augure pour la suite. »

Avec deux Morgan 2012 LMP2, le OAK Racing avait lui aussi de quoi nourrir de grandes ambitions surtout après la pole d’Olivier Pla décrochée à Sebring. Une nouvelle pole était largement à la portée du Champion LMP2 2009 mais gêné par les Audi dans son tour rapide, il ne pouvait faire mieux que 4ème. En début de course, le Toulousain a fait parler la poudre en prenant rapidement les commandes mais un stupide accrochage avec une autre LMP2 en perdition au beau milieu de la piste a mis à mal la progression de la #24. C’est ensuite un changement de démarreur qui a retardé Pla/Lahaye/Nicolet. Malgré une 8ème place finale, le potentiel était bien là comme l’indique Matthieu Lahaye : « C’est dommage que nous ayons eu un problème démarreur car nous avions le potentiel pour gagner aujourd’hui. Cependant ce n’est pas si mal car nous avons engrangé des points précieux et nous pouvons continuer à nous battre pour le Championnat, ce qui est notre principal objectif. Nous savons que la performance est là et nous avons tous bien travaillé aujourd’hui. Maintenant nous devons nous concentrer sur Le Mans puisque les points comptent double. »

La seconde Morgan 2012 LMP2 a quant à elle terminé au pied du podium, avec un Bas Leinders des grands jours et un David Heinemeier-Hansson très solide. Le pilote belge n’avait plus roulé en prototype depuis Le Mans 2011 mais il n’a pas mis longtemps à retrouver ses marques. « Je n’ai pas voulu prendre de risque au départ mais j’avais un bon grip, ce qui m’a permis d’attaquer tout en gardant mes pneus à bonne température lorsque la piste a commencé à sécher » confiait-il à l’arrivée. « J’ai pu ainsi progresser jusqu’à la fin de mon relais avant de changer pour un autre type de pneus, des intermédiaires, pour le second. C’était un très bon choix et je suis remonté à la deuxième place de la catégorie LMP2 et la onzième au général. David a fait un très bon travail malgré un contact , qui nous a amenés à changer le capot avant, ce qui nous a sans doute éloignés du podium. Mais dans l’ensemble je suis vraiment très heureux de cette course. »

Chat noir depuis quelques courses, le Boutsen Ginion Racing a enfin laissé le chat à la maison pour rallier l’arrivée à une belle 5ème place avec sa ORECA 03, de quoi donner du baume au cœur au team d’Olivier Lainé. Le duo Bastien Brière et Jack Clarke étaient rejoints pour l’occasion par Jens Petersen, ravi de sa course : « Quel bon résultat ! Toute personne qui veut mieux comprendre cette catégorie, doit regarder la liste des pilotes inscrits à Spa, en LMP2 : avec 20 voitures, cette catégorie très compétitive, ne comptait pas moins de 16 pilotes gold et 12 pilotes platine ! On regarde souvent les pilotes, mais si vous comprenez bien l’Endurance, vous savez que c’est tout l’effort d’un team qui est récompensé, et je tiens à remercier chaque membre de l’équipe Boutsen Ginion, qui a fait un job parfait ce week-end ! Etant le dernier arrivé dans l’équipe, Spa ne fût pas un week-end facile pour moi, car j’avais beaucoup de choses à apprendre, et je sais que le team va continuer à travailler dur en vue de la course des 24 Heures du Mans. » L’équipe belge va maintenant s’attaquer aux 24 Heures du Mans, avant de revenir à Spa pour le double tour d’horloge avec deux McLaren MP4-12C.

En retrait à Sebring, le Gulf Racing Middle East poursuit sa montée en puissance avec une probante 6ème place pour la Lola B12/80 de Johansson/Giroix/Jousse. En passant du GT3 au LMP2, l’équipe basée dans les Emirats Arabes Unis continue l’apprentissage de la catégorie parmi une meute d’équipes bien plus anciennes. Les récents essais de Magny-Cours sont allés dans le bon sens, et le tandem Johansson/Giroix fait parler l’expérience, tandis que Maxime Jousse fait quant à lui parler la jeunesse, avec une très belle pointe de vitesse. Le cadet des frères Jousse fera parler de lui à l’avenir c’est certain. Sur la seconde auto du team, on notera l’absence de Fred Fatien qui s’est cassé la jambe, si bien que Jean-Denis Deletraz et Keiko Ihara ont roulé à deux.

Très en verve la saison passée en Le Mans Series avec le titre LMP2 à la clé, le Greaves Motorsport a un peu plus de mal cette saison, même si Julian/Zugel/Gonzalez ont fait une course sage au volant de la Zytek Z11SN en terminant 7ème et 3ème des concurrents WEC. L’équipage a perdu trois tours en début de course pour réparer l’auto suite à un contact, ce qu’explique Elton Julian : « Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. Il n’y avait aucune visibilité puis il y a eu un contact mais je ne sais pas comment ni avec qui. Je suis vraiment heureux de ce résultat pour mes coéquipiers et pour toute l’équipe qui travaille si durement. Cette 3ème place est un bon résultat surtout dans le contexte du championnat. »

Le Pecom Racing pouvait espérer imposer sa ORECA 03 mais un tête à queue puis la perte du capot avant a ralenti la progression de Ayari/Perez-Companc/Kaffer, même si Soheil Ayari a été l’auteur d’un premier relais de très bonne facture. Au final la #49 n’a pu faire mieux que 10ème. Les Lola B12/80 du Lotus LMP2 se sont elles aussi illustrées mais une seule a rallié l’arrivée avec Moro/Weeda/Rossiter, la seconde (Holzer/Schultis/Van Der Zande) abandonnant sur sortie de piste. James Rossiter revient sur son meeting : « C’est très dommageable d’être parti des stands après un changement tardif de moteur. J’ai bouclé trois relais consécutifs afin de remonter une partie du handicap. Nous avons réussi à revenir 6ème. Nous n’avons pas pu montrer notre potentiel compte tenu de notre pénalité mais nous avons beaucoup appris. »

Malgré deux autos à l’arrivée, Signatech-Nissan n’a pas été épargnée par les problèmes durant le week-end. Malchanceux à Sebring, Mailleux/Tresson/Lombard n’ont guère été vernis puisque Jordan Tresson a terminé sa course en bord de piste, perdant dans l’affaire beaucoup de temps. On notera la belle performance du tandem Tresson/Lombard pour sa belle chevauchée en passant de la 14ème place à la 5ème en 4 heures de course. Franck Mailleux a eu beau terminer le travail, la ORECA 03 a franchi la ligne d’arrivée dans les profondeurs du classement. Philippe Sinault dresse le bilan : « Le week-end a été chaotique à tous les niveaux. C’est une grosse déception. Les essais libres n’étaient pas significatifs car nous bossions les set up. Olivier Lombard partait en 14ème position sur la grille, et effectuait une superbe remontée, malgré sa crevaison du 1er tour, et passait la voiture à son équipier 5ème. Jordan, maintenait son rythme, mais en passant sur la réserve pour rentrer aux stands, il désactivait le Traction Control et perdait le contrôle de la voiture. Il tapait le mur et endommageait le côté gauche, ce qui nous faisait perdre plus de 48 minutes aux stands. Franck reprenait le volant mais plus rien n’était jouable. Sans toutes ses embûches nous aurions pu, une nouvelle fois, jouer le podium en LMP2. »

Quant aux débuts de la seconde ORECA 03 alignée sous la bannière G-Drive by Signatech-Nissan, elle a elle aussi terminé malgré quelques pépins. Pierre Ragues n’a guère été chanceux en partant à la faute afin d’éviter un accrochage, avant de perdre la roue arrière gauche durant son relais suivant. Le rookie Nelson Panciatici est quelque peu frustré : « J’ai fini la course, mais un peu frustré. D’autant plus que pendant mon relais je n’avais plus d’embrayage et que les vitesses ne passaient pas. Mon job était de ramener la voiture entière à l’issue de la course et d’engranger du roulage avec du trafic en piste, avec des GT et des protos. Ce premier week-end a été pour moi un examen de passage que je pense avoir pas trop mal réussi. J’ai hâte d’être aux essais des 24 Heures du Mans. »

Le Starworks Motorsport débutait sa carrière en Europe et il est peu de dire que la HPD ARX-03b n’a jamais été dans le coup. A aucun moment le trio Dalziel/Potolicchio/Sarrazin n’a été en mesure de jouer les trouble-fêtes. La HPD s’est classée dernière, bien attardée. Manque de chance pour la Norma MP200P/Extreme Limite ARIC avec une grosse sortie pour Philippe Haezebrouck à pleine vitesse dans la Raidillon. Si le pilote s’en est sorti sans le moindre bobo, l’auto a quant à elle bien souffert. Le compte à rebours est lancé en vue des 24 Heures du Mans même si sa présence est confirmée en juin. Quant à la ORECA 03/Race Performance de Hirschi/Frey/Meichtry, elle a bouclé 44 tours avant d’abdiquer sur une fissure du support moteur. Michel Frey est mainteant focalisé sur Le Mans : « C’était un terrible week-end pour nous » confie Michel Frey. « Mais nous avons appris d’où proviennent nos problèmes sur la voiture et nous allons trouver une solution avant Le Mans. Je suis en contact avec ORECA pour trouver une bonne solution très rapidement. Maintenant il nous reste un mois pour préparer au mieux la voiture mais grâce à notre week-end de Spa nous avons un axe de travail bien précis. »

Si la catégorie LMP1 manque de saveur, il en est tout autre en LMP2 avec une bonne partie du plateau qui peut jouer la gagne. C’est d’ailleurs du côté des LMP2 que les 24 Heures du Mans pourraient être les plus intéressantes, avec le renfort du Thiriet by TDS Racing et du Level 5 Motorsports. Il va aussi falloir attendre de voir ce que va donner l’European Le Mans Series, suite à l’annulation du meeting de Zolder. On espère juste que le championnat pourra aller à son terme, faute de quoi plusieurs équipes pourraient connaître de gros problèmes.

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