Les perspectives 2013 championnat par championnat

Le flou dans pas mal de séries

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9 août 2012 - 09:07
Les perspectives 2013 championnat (...)

A l’heure où les championnats vont entamer la seconde partie de saison, il est temps de se projeter déjà dans le futur car les équipes préparent déjà 2013 même si pour le moment c’est un peu le flou dans pas mal de séries. Quel va être le futur de l’European Le Mans Series ? Quelles équipes vont répondre aux deux championnats GT mis sur pied par SRO ? Comment l’American Le Mans Series voit son avenir ? Qui va investir dans un programme en Championnat du Monde d’Endurance ? Que va donner l’arrivée du diesel en LMP2 ? Et si au final, les championnats GT nationaux n’allaient pas être les grands bénéficiaires de cette volonté d’aller toujours plus loin pour toujours plus cher. Il ne faut pas se leurrer les écuries ne sont pas prêtes de se voir reverser des droits TV, comme il faut aussi se faire à l’idée que ce ne sont pas les constructeurs qui font vivre actuellement les championnats, mais bien les fonds privés. Certes une marque comme Audi dépense chaque saison des millions d’euros dans ses différents programmes, mais on ne fait pas un championnat avec un seul constructeur. Il est donc temps de faire un état des lieux avant une saison 2013 qui s’annonce déjà comme une énième saison de transition.

Toyota sauveur du WEC...

On pensait assister à un match Audi/Peugeot pour ce Championnat du Monde d’Endurance Saison 1, mais le retrait de Peugeot a donné bien des sueurs froides à l’ACO et la FIA. Il aura fallu que Toyota accepte de s’engager à l’année pour que ce championnat tant attendu puisse avoir lieu. Après Silverstone, on va entrer dans le dure phase des déplacements lointains et il serait fort étonnant que le plateau ne se réduise pas de plusieurs unités. Les équipes présentes en LMP1 et LMP2 espèrent bien prolonger le bail en 2013 afin d’amortir les coûts même s’il va falloir répondre à plusieurs questions : les LMP1 « Essence » commencent à en avoir un peu marre de jouer les faire-valoir à près de dix secondes des Hybrides, Toyota commence à crier au loup pour 2014 en se plaignant d’un règlement que nous attendons toujours, les LMP2 vont devoir faire face à l’arrivée du diesel et de fait l’augmentation de coûts déjà bien trop importants compte tenu du peu de retombées d’une catégorie pourtant très relevée. Le règlement 2014 devrait être publié sous peu tout comme le calendrier 2013. On croit déjà savoir qu’il faut s’attendre à aller plus à l’Est qu’à l’Ouest. Les 12 Heures de Sebring seront-elles toujours au calendrier en même temps que l’ALMS est une question que l’on peut se poser même si la logique voudrait que la réponse soit positive. On espère également un retour du Petit Le Mans dans la boucle.

Du côté des forces en présence, il n’est pas exclu de voir de nouveaux arrivants en LMP2 tel Status GP ou Sébastien Loeb Racing. Le Starworks Motorsport pourrait également étendre sa présence, compte tenu du mécontentement de sa présence en Grand-Am. L’incertitude vient du côté de Lotus LMP2 qui compte faire rouler sa nouvelle T128. A l’heure actuelle, Jota ne semble pas spécialement intéressé pour une campagne mondiale, au contraire de Murphy Prototypes. On espère aussi que Pescarolo Team pourra en être, pourquoi pas en LMP2.

En GTE, c’est un peu plus compliqué avec de moins en moins d’autos en piste. Si les Viper GTS-R débutent en compétition, il n’est pas prévu un quelconque engagement en WEC. Même si Porsche prépare une descendante à sa 911 GT3-RSR avec une 991 qui roule à Weissach et Oschersleben, on ne voit pas arriver d’autres GTE. Il faut dire qu’à 2,5 millions d’euros l’engagement en GTE-Pro, pas sûr que les autos se vendent comme des petits pains. Le Dr Ullrich nous confiait au Mans qu’Audi n’avait pas l’idée de sortir une R8 LMS GTE, et si tel devait être le cas ce ne serait pas une vraie GTE mais une GT3+. Si les constructeurs se sont spécialisés dans le domaine Compétition-Client, il y a bien une raison. Par les temps qui courent, l’objectif est de vendre des autos. Un émissaire proche d’un constructeur présent actuellement en GT3 et pressenti pour arriver en GTE nous expliquait encore il y a encore quelques jours qu’avant de construire une GTE, il fallait être certain d’en vendre. Les championnats où peuvent s’exprimer les GTE sont de plus en plus rares, ce qui limite la marche de manœuvre. En revanche, l’ACO pourrait bien reprendre à son compte l’idée de Stéphane Ratel, c’est-à-dire de donner de l’air aux GT3 avec une aéro spécifique, des freins carbone, un peu plus de puissance, d’où l’idée des GT3+ rebadgées GTE. On entend que Mercedes va arriver, tout comme BMW, McLaren ou Nissan. Avec cinq GTE-Pro prévues à Silverstone, la catégorie se meurt à petit feu, comme s’est éteint le GT1 quelques années auparavant. Par chance, le GTE-Am fait encore recette, mais pour combien de temps car là on doit faire face à des investissements privés.

Tout le monde voyait le WEC sauveur de l’Endurance mais la conjoncture économique étant toujours ce qu’elle est, on ne va pas pouvoir se permettre n’importe quoi au risque d’ébranler le château de cartes qui ne tient que par la présence des 24 Heures du Mans et le ticket d’entrée via l’engagement en WEC. A un moment où il faut réduire les coûts, on apprécie les bonnes vieilles tentes mises en place à Sebring ou la restauration commune entre les teams. Nous ne sommes pas en Formule 1, alors gardons cette proximité.

Quid de l’European Le Mans Series ?

La série Le Mans européenne vit sa pire saison depuis ses débuts. On est bien loin de la cinquantaine d’autos des débuts pour un championnat qui se veut être le fleuron européen de l’Endurance. La mayonnaise n’a pas pris malgré l’exclusion des LMP1. Le championnat 2012 se résumera finalement à trois courses dont la dernière se déroulera aux Etats-Unis. Si par miracle cela ne devait pas coûter un centime aux équipes, on peut se dire que c’est un moindre mal et plutôt une belle porte de sortie. Quel pilote n’a pas rêver de rouler un jour à Road Atlanta... On en saura plus à la rentrée sur l’avenir de la série, et nous croyons en la viabilité d’un championnat européen, les équipes n’ayant pas toutes les moyens d’aller en WEC. Les LMPC sont inexistantes, tout comme les GTE. Ouvrir aux GT3 ne sert pas à grand-chose en l’état actuel des choses vu qu’il n’y a aucune carotte 24 Heures du Mans au bout. L’ACO reprendra-elle la promotion de la série, nous en saurons plus sous peu. Pour ne pas faire fuir les éventuelles équipes intéressées, il va aussi falloir mettre le nez dans le prix des pièces pour les LMP2 car le fameux « cost capped » n’est valable que sur un règlement. Quelle auto à part la Norma respecte ce coût maîtrisé ? Attention à ne pas prendre les équipes pour des banques. Même constat pour la catégorisation des pilotes qui touche le fond car on commence à voir tout et n’importe quoi, le but étant de se faire dégrader, ce qui est à l’opposé de tout sportif. Une chose est sûre, c’est que les teams présents actuellement en ELMS sont bien embêtés pour le futur et elles ont un peu l’impression d’être les dindons de la farce, si bien que les partenaires pourraient bien réfléchir à deux fois avant de renouveler les contrats publicitaires pour 2013. Sur les 30 équipes présentes au Nürburgring en 2009, 16 ont tiré définitivement le rideau ou sont sur des programmes bien moins prestigieux.

L’American Le Mans Series poursuit sa route...

Depuis ses débuts il y a maintenant plus de dix ans, la série américaine est bien en place avec des courses toujours aussi disputées, et ce dans les quatre catégories. On doit se dire du côté de l’IMSA qu’il n’y a pas besoin d’avoir 50 autos pour que les courses soient belles et on ne peut qu’acquiescer. Une HPD et une Morgan sont capables de rester dans la même seconde durant près de trois heures. On attend encore l’arrivée des GT3 en plus des Porsche 911 GT3 Cup, ce qui ne saurait tarder. Il se murmure également que le GTE-Am pourrait faire son arrivée. La recette est simple et connue : mettez une trentaine d’autos sur des petits tracés, rajoutez y des neutralisations et saupoudrez d’une communication impeccable. Là où l’Europe peine à communiquer, les Etats-Unis ont tout compris. Là où l’Europe n’arrive pas à s’entendre pour faire de beaux meetings complets, les Etats-Unis réunissent ALMS et IZOD IndyCar Series et la NASCAR peut rouler avec le Grand-Am. A l’issue de chaque course, vous êtes inondés de communiqués de presse de toutes les équipes, et toutes font la promotion de la manche suivante. Vous pouvez vous abonner aux « Pit Notes » où vous recevez les infos en temps réel par mail. Même à 7000 km il devient facile de relater l’événement. Rien de tout cela n’est prévu en Europe où il faut le plus souvent galérer pour aller à la pêche aux infos. Il suffit d’assister à une conférence de presse donnée par Scott Atherton pour comprendre que l’ALMS sait promouvoir sa série et trouver des sponsors titres. De plus on ne va pas sur de grands circuits avec de grands dégagements, mais à Lime Rock Park, Mid-Ohio ou Long Beach. Qui s’en plaindra ? On ne reviendra pas sur les magnifiques bagarres en GT, et ce depuis des années. Pour nous, l’ALMS est un exemple sur bien des domaines et il suffit de voir une course sur place pour le comprendre. Demandez donc à Christophe Bouchut, Patrick Pilet ou Marco Holzer ce qu’ils en pensent.

Pour ce qui est du plateau 2013, le Dyson Racing commence à trouver le temps long face à Muscle Milk Pickett Racing. Personne n’a encore réellement dévoilé ses projets pour 2013 où à l’heure actuelle seul SRT Motorsports a annoncé son souhait de poursuivre l’aventure pour un programme complet. Compte tenu des bons résultats de la Morgan 2012 LMP2/Conquest Endurance, on espère que cela va donner des envies à d’autres.

Certains ont pensé que le Grand-Am avec l’arrivée des nouveaux Daytona Prototype allait dénuder son concurrent le plus direct, mais il n’en est rien puisque le plateau DP ne décolle pas sachant que plusieurs équipes commencent sérieusement à se demander si elles vont poursuivre en 2013. Par chance, le GT fonctionne plutôt bien et les 24 Heures de Daytona sont le moment fort de la saison.

L’Asian Le Mans Series en route vers le renouveau...

On aura droit en 2013 à une nouvelle série Le Mans où tout reste à faire. Il va falloir construire un plateau composé de LMP2, LMPC, GTE et GTC. Des contacts sont déjà en cours plusieurs équipes étant intéressées. Chez OAK Racing, on prend les choses au sérieux, le planning d’Olivier Quesnel devant être chargé ces mois-ci. On sait bien que ce n’est pas la meilleure période pour mettre sur pied un nouveau championnat, mais l’ouverture à l’Est est certainement une bonne chose. Il reste maintenant à garnir les grilles. Des équipes roulant en SUPER GT (GT300) peuvent y trouver un intérêt, tout comme certains teams présents actuellement dans des coupes mono-marques.

On sait bien que rouler en LMP1 ou LMP2 est le must, mais se lancer dans un tel défi n’est pas chose facile compte tenu du peu de possibilités proposées. Là où une GT3 peut rouler partout dans le monde, un prototype n’a que peu d’options, ce qui au final a toujours été le cas, sauf que ça c’était avant la crise.

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