Interview de David Heinemeier-Hansson (Conquest Endurance)

La première fois que nous avons entendu parler de David Heinemeier-Hansson, c’est pour l’entendre dire que son rêve était de prendre part aux 24 Heures du Mans. Quand on connaît le nombre de pilotes qui veulent en être et ceux qui y son réellement il y a un fossé, surtout que le Danois n’avait quasiment aucune expérience en sport automobile il y a encore peu de temps. Son vœu de prendre part à la classique mancelle a été exaucé en juin dernier au sein du OAK Racing sur une Morgan 2012 LMP2. Auparavant, on l’avait vu sur une Lotus Evora en fin de saison dernière. Changement de cap cette année avec une participation en American Le Mans Series sur la Morgan 2012 LMP2 du Conquest Endurance aux côtés de Martin Plowman. En peu de temps David Heinemeier-Hansson s’est vite acclimaté au pilotage d’une LMP2, si bien que pour nous il est la révélation de l’année. Rapide, constant, opportuniste quand il le faut, le Danois a bien aidé aux deux victoires du Conquest Endurance, si bien que maintenant l’objectif est ni plus ni moins que le titre. Ce week-end, c’est chez OAK Racing qu’on le retrouve, avant de traverser l’Atlantique une nouvelle fois pour rejoindre Baltimore dans quelques jours. Le programmateur danois en informatique (il est l’un des associés de 37Signals) est devenu en peu de temps un pilote à part entière.

Laurent Mercier : David, pour une première saison en Endurance, le contrat est déjà rempli ?

David Heinemeier-Hansson : « (sourire) Disons que j’ai appris rapidement. Pour moi tout était nouveau en début d’année : le team, l’auto, le championnat, les circuits, les pilotes. La Morgan 2012 LMP2 est une nouvelle auto et il a fallu un peu de temps pour tout mettre en place. Le Conquest Endurance fait aussi ses grands débuts en Endurance. Dès le début de saison nous avons été dans le coup et je pense sincèrement que nous aurions pu gagner d’autres courses, notamment à Long Beach. Le week-end dernier à Road America, tout s’est déroulé sans le moindre accroc. L’équipe est très bonne et tout le monde travaille main dans la main. »

L’objectif est maintenant le championnat ?

« Le but est de ne pas faire d’erreurs et de garder le cap. Je pense sincèrement que l’on peut gagner le titre. Nous savons que ce ne sera pas facile car Level 5 Motorsports est un sérieux adversaire et au Petit Le Mans il y aura le renfort des autos de l’European Le Mans Series. Même si elles ne marqueront pas de points en ALMS, cela rajoute un peu de piment. Eric (Bachelart) veut remporter le championnat et il mettra tout en œuvre pour cela. Pour le Petit Le Mans, le troisième pilote n’est pas encore désigné, mais il faudra quelqu’un de rapide car le niveau de la catégorie est tellement relevé qu’il ne faut rien lâcher. Nous sommes à cinq points de Level 5, ce qui fait que tout reste possible. La Morgan 2012 LMP2 est une très bonne auto. Le châssis est certainement le meilleur qui puisse exister et l’auto est facile d’adaptation, ce qui est très important. Quant à la combinaison avec le moteur Nissan, il n’y a rien à redire. »

En cas de titre, il faut donc s’attendre à voir le Conquest Endurance au Mans en 2013 ?

« Absolument ! C’est le rêve d’Eric et il y tient. »

On sait que tous les pilotes prennent leur pied en ALMS. C’est aussi ton cas ?

« J’aime bien les deux championnats (WEC et ALMS) mais les courses américaines c’est quelque chose de spécial et de particulier. Il y a l’ambiance, des tracés hors du commun, des batailles dans toutes les catégories, une stratégie qu’il faut sans cesse revoir. Bien sûr ce serait bien qu’il y ait plus d’autos en LMP2. Ceci dit, les bagarres contre Level 5 sont intenses et tout est fait avec fair-play. Il faut aussi se faire une place parmi les GT qui sont en pleine lutte et là aussi ce n’est pas évident, mais c’est tellement vibrant pour un pilote. La gestion du trafic aux Etats-Unis est particulière car la majorité des circuits ne se prête pas aux dépassements. Il faut donc trouver sa place sans prendre trop de risques. L’ALMS, c’est une vraie communauté où tout le monde vit ensemble. C’est aussi serré dans le paddock que sur la piste. L’état d’esprit est vraiment bon. En ALMS, on vit quasiment tous ensemble. »

A tes débuts, ton rêve n’était que de faire Le Mans. Au final tu prends goût à l’Endurance...

« Oui mais je dois composer avec mon métier même si cela ne me pose pas trop de problèmes de rouler tous les week-ends. La semaine passée, j’étais à Road America, là c’est Silverstone et dans quelques jours Baltimore. Mon premier rêve était de participer aux 24 Heures du Mans et maintenant je veux gagner. Ma première vraie saison en sport auto remonte à 2011. Auparavant, j’avais roulé à quelques reprises sur une Porsche GT4. Je me rends bien compte qu’à chaque course cette saison, nous avions le potentiel pour l’emporter et pour ma part je progresse au fil des courses. »

Tu as déjà des projets pour 2013 ?

« C’est un peu tôt pour annoncer quoi que ce soit mais je compte poursuivre en LMP2. Je pense que pour un gentleman, c’est la meilleure catégorie. Mon but est d’être le plus professionnel possible. De plus, le LMP2 correspond bien à mon style de pilotage. Tout reste possible pour l’avenir. J’aime la Morgan 2012 LMP2, je suis bien chez Conquest Endurance et j’aime OAK Racing. Tous les ingrédients sont là. Poursuivre avec OAK Racing est une possibilité. Mais avant cela, le but sera de les battre au Petit Le Mans (sourire). Je roule pour gagner ! »