Gérard Neveu : Tout est pensé et calculé pour l’avenir !

Le feu est au vert pour le WEC

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25 août 2012 - 17:55
Gérard Neveu : Tout est pensé et (...)

Le Championnat du Monde d’Endurance entre dans sa deuxième partie de saison après le gros morceau 24 Heures du Mans. Les 6 Heures de Silverstone marquent le dernier rendez-vous européen avant des déplacements lointains avec le Brésil, Bahrain, Japon et Chine. Il est encore un peu trop tôt pour se projeter sur le calendrier 2013, mais en coulisses on travaille d’arrache pied sur la « Saison 2 » du WEC, tout comme l’ACO peaufine le règlement 2014 en étroite collaboration avec la FIA. On ne va pas trahir de secret en révélant des noms, mais quand on voit le nombre de personnes du monde du sport automobile en visite ce week-end dans le paddock de Silverstone, cela en dit long sur l’indicateur. On y voit des propriétaires d’équipes, des teams managers ou des pilotes. On regarde, on discute, on prend des notes, on observe, on se renseigne. De quoi préparer l’avenir avec plus de sérénité. Avant d’aborder les pays « overseas », il est temps d’avoir le premier ressenti de Gérard Neveu, Directeur Général du Championnat du Monde d’Endurance.

Laurent Mercier : Gérard, à mi-saison, quel est le premier bilan du WEC Saison 1 ?

Gérard Neveu : « Le départ de Peugeot n’a pas été facile à gérer et la situation économique n’est toujours pas favorable. Pour moi, le WEC démarre réellement à Silverstone. Au sein des teams, le début de saison était en partie consacré aux 24 Heures du Mans. On peut dire que la saison 2 débute à partir de maintenant. Nous allons rouler sur des tracés de légende pour la plupart. Les pilotes pourront s’exprimer pleinement avec l’arrivée de locaux comme ce sera le cas au Brésil. On est à mi-saison et on entre véritablement dans le cœur de cette saison. Il faut permettre à nos teams de s’exporter dans le monde. »

Beaucoup d’observateurs s’attendaient à une réduction des effectifs à l’issue du Mans et le WEC fait partie des séries sûres. C’est une belle satisfaction...

« On a perdu trois unités et je le regrette fortement. C’est très dommageable de ne pas avoir Pescarolo Team et Luxury Racing ici. Henri est une figure du sport automobile en général et de l’Endurance en particulier, et le team dirigé par Christopher Campbell est un candidat important pour décrocher des victoires en GTE. Le but initial était de repartir avec 30 autos après Le Mans. Ici nous en avons 35 et une trentaine à Interlagos. »

Qu’en est-il de l’arrivée de nouvelles équipes pour 2013 ?

« (Sourire) Des teams extrêmement solides souhaitent nous rejoindre. Déjà, ceux qui sont présents sont d’un haut calibre. La qualité des pilotes en piste est aussi un signal intéressant. Il suffit de voir combien de pilotes F1 sont en Endurance. Il y a quelques années, ils seraient allés plus facilement du côté du DTM ou des Etats-Unis. Le temps est juge de tout en sport automobile. Des équipes veulent venir ou revenir en Endurance avec le socle ACO. »

« Des pays sont candidats à organiser des courses. La qualité des gens présents, des partenaires et des officiels est de plus en plus haute. Nous n’avons pas le sentiment d’avoir pris une voie sans issue. De plus le nouveau règlement 2014 se veut ambitieux et c’est un challenge très lourd. Mazda arrive avec un moteur diesel, Porsche sera là en 2014, OAK Racing vient de signer un partenariat avec HPD. Nous discutons avec un tas de gens aussi bien en protos qu’en GTE. »

Cette cohabitation protos/GT se doit de perdurer ?

« Déjà il faut des Usines et des Privés, des Protos et des GT. Il n’y a pas à revenir là-dessus. Cela apporte une richesse au sein du paddock. On ne doit pas les opposer, mais les protéger. Si l’on remonte 30 ans en arrière, le championnat des voitures de sports tenait le haut de l’affiche. Le sport auto est quelque chose de cyclique, il ne faut pas l’oublier. Notre paddock est en total connexion avec notre monde. La scène de l’endurance permet aux constructeurs de s’exprimer. Si l’on prend l’exemple d’Audi, leur stratégie du sport et du marketing est efficace. L’arrivée du « Stand 56 » au Mans va aussi dans le bon sens afin de pouvoir mettre en avant le travail fourni. C’est une vitrine technologique. Peu de courses autorisent une telle initiative. »

L’avenir s’annonce donc sous de bons auspices ?

« Disons que tout ce que j’ai précédemment est autant de signaux positifs. Il faut conserver cette ambiance et garder le lien. Nous n’avons pas le pouvoir de la Formule 1. On veut quelque chose de populaire pour les spectateurs. On surveille les signaux en préparant 2013. La situation économique ne nous permet pas de demander des efforts supplémentaires. Nous devons réfléchir aux solutions à mettre en place afin de permettre aux teams de poursuivre le développement tout en contrôlant les coûts et les réduire autant que possible, le tout sans abîmer le développement de la série. »

Le calendrier 2013 sera publié sous peu ?

« Nous avions dit qu’il serait dévoilé en septembre et il le sera. Il faut un calendrier cohérent en étant mesuré, mais ambitieux. Il faut donner un sens à l’Endurance, et c’est le but à atteindre. D’autres choses seront mises en place en 2013. Nous cherchons à améliorer la diffusion des courses par exemple. Nous offrons déjà un streaming de six heures et on sait que l’on peut toujours améliorer. La qualité des affiches de chaque course est aussi quelque chose que nous soignons car il faut respecter les pays où nous allons. Je m’expliquerai en temps voulu concernant le choix du calendrier. »

Justement, qu’en est-il d’une manche en Afrique ?

« J’ai pris connaissance qu’un promoteur souhaitait organiser une manche du WEC en Afrique du Sud, mais pour le moment il n’y a pas de discussions engagées à ce sujet. Je n’ai rien contre mais il n’y a rien à dire de plus. »

Peut-on voir à l’avenir des manches du WEC organisées en ville ?

« Disons que c’est techniquement possible. C’est une piste à étudier, mais cela demanderait une très longue préparation car on ne peut pas faire n’importe quoi sur une course urbaine. Pour le moment lorsque le WEC va sur un continent, il faut qu’il le fasse en partenariat avec la série continentale. On ne s’écartera pas de cela ! »

Le WEC ferme donc la place aux GT3. C’est définitif ?

« La question a le mérite d’être posée. Il faut avoir beaucoup d’humilité sur le sujet. Il faut écouter et observer. De nouveaux constructeurs vont faire augmenter la grille. Nous espérons voir de nouvelles autos et de nouvelles marques. Il est vrai que la catégorie GTE est un peu une déception cette année, pas sur le plan qualitatif, mais quantitatif. On ne peut que regretter le départ de BMW, mais qui sait... »

L’année 2013 sera une année de transition pour le championnat ?

« Comme je l’ai dit la grosse réforme sera pour 2014 avec le retour à l’ingéniosité, la stratégie et la part belle au pilotage. Ce sera toujours le plus vite qui l’emportera, mais ce sera différent sur la façon de gagner. De toute façon, la copie n’est jamais parfaite. Tout est une affaire de compromis. Il y a des championnats continentaux et les 24 Heures du Mans. On ne peut jamais contenter tout le monde. Le calendrier 2013 tiendra compte de la situation économique, de nos partenaires et des calendriers continentaux. Ces derniers sont nos fonds de commerce. Pour aller en WEC et au Mans, il faut passer par là pour s’aguerrir et apprendre l’Endurance pour ceux qui débutent. On peut alors avoir un vrai business plan et monter en World Endurance Championship. On vit dans un monde réel et pas virtuel. L’ACO fait des efforts colossaux, dépense beaucoup d’énergie et de moyens. Il convient d’harmoniser le tout. Pierre Fillon fait un tas de déplacements pour être sur le terrain et au contact d’un maximum de monde. Vincent Beaumesnil dépense beaucoup d’énergie sur le plan sportif et il en est de même pour la partie technique. Il y a une véritable osmose. Toute l’équipe du WEC est très appliquée et je tiens à remercier tout le monde. Tout est fait avec passion et enthousiasme avec un volume de travail colossal. De plus je suis très fier du paddock où les gens peuvent déambuler. La manche du WEC est le deuxième plus gros événement de l’année du circuit de Silverstone. Je ne peux pas en dire plus mais il faut s’attendre à une surprise pour l’année prochaine en Angleterre. Nous n’avons pas à rougir de quoi que ce soit. Tout est pensé et calculé pour l’avenir. On ne pourra réussir que si toute la famille Endurance joue son rôle... »

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