12H Sebring : Analyse d’une course par élimination...

Les « Essence » ne pouvaient espérer qu’un faux pas des Anneaux

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26 mars 2012 - 08:38
12H Sebring : Analyse d'une (...)

Cela faisait tellement longtemps que l’on attendait un Championnat du Monde d’Endurance qu’il faut remonter une bonne vingtaine d’années en arrière pour trouver trace d’un tel championnat. Trois ans après l’arrivée de Jean Todt à la présidence, le World Endurance Championship est bien en place, après une année 2011 passée sous l’entité Intercontinental Le Mans Cup. Pour ce coup d’envoi, 30 concurrents étaient à Sebring pour les 12 Heures du même nom, l’épreuve faisant également office de première manche American Le Mans Series de l’année, si bien que l’on a eu droit à 64 concurrents sur un tracé de 5,954 km. Pour ce lancement, Jean Todt avait fait le déplacement en Floride, histoire de rappeler l’importance de l’Endurance au sein de la FIA. Le Président a découvert un paddock « full » sur un circuit à cent lieues des standards F1. Ici point de dégagement et bitume au millimètre, mais un vrai circuit d’hommes qui ne laisse aucune place à l’erreur. Plusieurs pilotes peuvent en témoigner...

Avant l’arrivée de Toyota Racing dès le prochain round de Spa-Francorchamps, Audi a déroulé avec une dixième victoire à son compteur, le trio gagnant Capello/Kristensen/McNish totalisant 15 victoires en Floride. A aucun moment la suprématie de la marque aux anneaux n’a été contestée. Restait à savoir quelle R18 TDI allait s’imposer, sachant que la #3 de Dumas/Bernhard/Duval ne dispute pas l’intégralité du championnat. Malheureusement pour eux, André Lotterer et ses coéquipiers n’auront pas été récompensés de la pole décrochée par l’Allemand, puisque la #1 a perdu tout espoir de victoire à mi-chemin, suite à un problème électronique. Au final, la #1 termine aux portes du top ten. Tout allait donc se jouer entre la #2 et la #3, mais la R18 TDI de Dumas/Bernhard/Duval était retardée en fin de course suite à un contact, obligeant le team à changer l’extracteur arrière. Il aura manqué 4 tours au trio franco-allemand pour rafler la mise. Quant à la #2 des « papys », elle a connu un course tranquille, même si Tom Krsitensen débutait la semaine en harponnant une des deux voitures sœur. Le Dr Ullrich débute donc la campagne mondiale en récoltant 26 points, de quoi voir venir pour la suite... A l’issue de l’épreuve, Audi est resté à Sebring pour plusieurs jours de tests avec les nouvelles R18 ultra et R18 e-tron quattro. Malheureusement, ces essais se sont traduits par une sortie de piste de Timo Bernhard au volant de la R18 ultra dans le Turn 17. Le pilote Audi s’en est sorti avec un problème aux cervicales, avec une journée passée à l’hôpital par mesure de précaution. Timo est depuis resté en Floride faire un peu de tourisme avec sa femme Katharina.

Avec seulement trois Audi en lice pour la victoire, les « Essence » ne pouvaient espérer qu’un faux pas des Anneaux pour monter sur le podium. Tour à tour, chaque équipe a pointé aux avant-postes. C’est d’abord OAK Racing qui a raflé la « pole Essence » aux mains de Guillaume Moreau. Après une très belle fin de saison 2011, le team de Jacques Nicolet a montré qu’il fallait compter avec lui. Sans ce maudit problème moteur, la #15 de Moreau/Baguette/Kraihamer pouvait jouer une place sur le podium. Même constat chez Rebellion Racing avec deux autos bien affûtées, tout comme les pilotes, mais la malchance n’a pas épargné l’équipe suisse. C’est d’abord la #13 de Belicchi/Bleekemolen/Primat qui se voyait longuement arrêtée pour un problème de connectique jouant sur la boîte de vitesses. La #12 de Prost/Heidfeld/Jani pouvait elle aussi jouer une très bonne place finale, mais Nico Prost devait abdiquer peu avant le Turn 17 sur panne d’essence. Le pilote aura eu beau rentrer au démarreur, en vain... Dommage car la performance était bien là, sachant que Nick Heidfeld s’est très bien acclimaté à son nouvel environnement. Dès Spa, les Lola-Toyota seront équipées du kit 2012, ce qui devrait leur permettre de retrouver des couleurs.

Les débutantes HPD ARX-03a ont elle aussi bien figuré, notamment Muscle Milk Pickett Racing (ALMS) avec la dream team Pagenaud/Graf/Luhr. Un abandon en fin de course a ôté tout espoir de podium. Du côté des deux équipes européennes, c’est JRM qui s’en est sorti le mieux, les troupes de James Rumsey pouvant espérer monter sur la dernière marche du podium, jusqu’à ce que la suspension arrière en décide autrement. Ce n’est à coup sûr que partie remise pour Brabham/Dumbreck/Chandhok. A noter que Karun Chandhok a fait le job que l’on attendait de lui. Chez Strakka Racing, la course aura été assez calme, avec une belle 4ème place finale (WEC LMP1). Comme chez JRM, le manque de tests hivernaux a mis à mal la préparation. C’est donc Pescarolo Team qui arrivera à Spa en tête du championnat Equipes, après avoir terminé 3ème (WEC LMP1). La « grand-mère » a fait preuve d’une course tranquille, sans le moindre problème. Malgré un total de 25 kg supplémentaires, Collard/Jousse/Boullion se sont contentés de rouler sans connaître le moindre pépin mécanique. En performance pure, la Pescarolo-Judd 01 ne peut plus lutter face à la concurrence, mais côté fiabilité, pilotage et stratégie, rien à redire. Il va maintenant falloir travailler d’arrache pied dans le Technoparc pour mettre sur la pied la Pescarolo 03.

Avant le départ, nous n’avions pas hésité à dire qu’il n’était pas utopique de voir une LMP2 sur le podium final, et c’est bien ce à quoi nous avons eu droit. On aurait pu penser cette place ne revienne à la Morgan 2012 LMP2 alignée par OAK Racing, surtout après la pole décrochée de main de maître par Olivier Pla. Une chose est sûre, la dernière arme développée cet hiver par Onroak Automotive est belle et bien née, si bien que la concurrence a de quoi s’inquiéter. C’est finalement une HPD ARX-03b qui s’est imposée avec un tour d’avance sur la Morgan. Débutant en LMP2 mais pas en Endurance, Starworks Motorsport a fait la nique aux habitués de la catégorie LMP2, après avoir brillé aux 24 Heures de Daytona fin janvier. Le team de Peter Baron s’est adjoint les services de Stéphane Sarrazin, et bien lui en pris. L’Alésien découvrait l’équipe et la HPD, mais l’ancien sociétaire Peugeot n’a pas mis longtemps à se mettre dans le rythme. Il faut dire que Sarrazin/Dalziel, c’est du solide, et que Enzo Potolicchio a également bien roulé.

La meilleure des ORECA 03 finit troisième avec celle du Pecom Racing et un Soheil Ayari toujours au top de sa forme. Les autres équipes ORECA ont elle aussi bien figuré, que ce soit ADR-Delta ou Signatech-Nissan, même si le team de Philippe Sinault n’a pu rejoindre l’arrivée, Olivier Lombard glissant sur de l’huile bien malgré lui. Jordan Tresson devra attendre Spa pour enfin débuter en course au volant d’une LMP2. Dans les Ardennes belges, Signatech-Nissan pourra s’appuyer sur une seconde auto. Après avoir tout raflé en Le Mans Series la saison passée, Greaves Motorsport a fait ses débuts en Mondial, avec sa Zytek Z11SN, débuts sanctionnés par une place au pied du podium pour Julian/Gonzalez/Zugel. Chez Gulf Racing Middle East, aligner deux Lola B12/80 était un sacré pari, l’équipe émiratie ayant reçu ses montures peu de temps avant de les envoyer à Sebring. Seule la #28 de Giroix/Jousse/Johansson a pu prendre le départ, la #29 de Deletraz/Fatien/Ihara n’ayant pu rouler suffisamment durant les essais de nuit. Le but était de prendre de l’expérience et d’accumuler les kilomètres. Au fil de la saison, il faudra surveiller de près les performances de Maxime Jousse, qui pourrait bien suivre les traces de son frère Julien. Notons la belle performance de la HPD ARX-03b du Level 5 Motorsports de Bouchut/Barbosa/Tucker, malgré une sortie du Français dans le Turn 1 durant la qualification, pour éviter un concurrent sortant de la voie des stands. Au final, le trio termine dans le même tour que la HPD/Starworks avec à la clé la victoire de catégorie en ALMS. Les mots « cost capped » commencent à s’entendre dans pas mal d’équipes, si bien que l’on ne sait plus trop qui est dans les clous pour le coût maîtrisé, notamment au niveau du développement. On notera toutefois des brides plus avantageuses (12%) sur les HPD.

Si en LMP1 Audi avait une voie royale pour la victoire, Ferrari avait de quoi voir venir en GTE-Pro, même si l’apport des concurrents de l’ALMS comme BMW Team RLL, Corvette Racing, Extreme Speed Motorsports ou les Lizards laissaient présager une nouvelle fois d’une baston d’enfer. La foire d’empoigne a bien eu lieu, mais surtout en toute fin de course, grâce à un Olivier Beretta déchaîné au volant non pas d’une Corvette mais bien d’une Ferrari 458 Italia/AF Corse. La lutte avec la BMW M3 GT de Joey Hand a tenu tout le monde en haleine, si bien qu’on en oubliait presque la victoire Audi. Le Monégasque a montré qu’il n’avait rien perdu de sa hargne au volant et son association avec Andrea Bertolini a de quoi faire des étincelles. Cette saiosn, la voiture sœur de Bruni/Fisichella devra cravacher pour rester au contact des deux dernières recrues. Bruni/Fisichella/Vilander n’ont d’ailleurs pas été récompensés avec un problème d’alternateur dès le début, puis une disqualification pour un comportement jugé anti-sportif en fin d’épreuve. Avec deux équipages au top chez AF Corse, Amato Ferrari va devoir surveiller ses pilotes de près, les deux voulant à tout prix gagner.

Si BMW s’est imposé aux 12 Heures de Sebring, c’est donc Beretta/Bertolini/Cioci qui termine en tête du WEC, Ferrari prenant la tête du championnat pour un point d’avance sur Porsche. Lieb/Lietz/Pilet ont pris une belle deuxième place pour le compte de Felbermayr-Proton, devant l’Aston Martin Vantage GT2 de Mücke/Turner/Fernandez, la Vantage échouant tout de même à 15 tours de la Ferrari/AF Corse victorieuse. Sans un problème de roue arrière, la Vantage développée par Prodrive aurait pu sans aucun doute jouer encore plus sur le devant. Quant à la Porsche #77, elle devait partir en fond de grille (température trop élevée dans l’habitacle), ce qui n’a pas arrangé sa marche en avant. Luxury Racing a pour sa part vu ses espoirs partir en fumée alors que les victoires en GTE-Pro et GTE-Am étaient largement à la portée du team managé par Christopher Campbell. La #59 de Makowiecki/Melo/Vernay caracolait en tête du GTE-Pro quand elle terminait sa course dans la ORECA 03/Signatech-Nissan, en glissant sur la fameuse flaque d’huile. Quant à la #58, elle n’a même pas pu rouler un seul mètre en course. Dominik Farnbacher avait pourtant réalisé une belle pole GTE-Am, mais l’Allemand n’a pu éviter le contact avec la Porsche/Lizards de Bergmeister dans le tour de formation. Luxury Racing débute donc sa saison par un score vierge (un point tout de même en GTE-Am pour la pole), et aura à cœur de se refaire en Belgique. C’est Proton Competition qui récolte les points de la victoire en GTE-Am, avec Ruberti/Roda/Ried, devant les deux Corvette C6.R/Larbre Compétition de Belloc/Bourret/Gibon et Lamy/Bornhauser/Canal. La C6.R du trio franco-portugais s’acheminait vers une victoire de classe quand Pedro Lamy connaissait un problème de différentiel.

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