Rokit accuse Williams F1 de tromperie et réclame… 150 millions de dollars
Williams aurait menti sur sa réelle compétitivité en 2019
La saga judiciaire entre Williams et Rokit vient de rebondir.
En début d’année, nous vous avions relaté comment Williams avait récupéré une trentaine de millions d’euros de la part de son ancien sponsor-titre : l’équipe de Grove avait fait condamner Rokit, qui n’avait pas tenu ses obligations et promesses de versement, en désertant en pleine pandémie de Covid.
Les sentences ont été confirmées par des tribunaux britanniques comme américains (dont dépend Rokit), et l’affaire semblait donc entendue.
Mais Rokit ne désarme pas aujourd’hui. L’entreprise de services téléphoniques et numériques a décidé de réattaquer Williams devant un tribunal de district en Floride, pour lui demander pas moins de… 149 millions de dollars de dommages et intérêts ! Une somme supérieure aux budgets plafonnés annuels en F1.
Sur quelles bases ? Des bases qui semblent bien fragiles.
Rokit assure en effet que Williams lui aurait donné, en 2019, l’assurance de produire une voiture compétitive pour la saison. On sait ce qu’il en advint : l’équipe finit bonne dernière au classement des constructeurs en ratant les essais hivernaux.
Rokit estime donc que sa réputation avait été endommagée par la très faible compétitivité de Williams – l’équipe de Grove n’aurait donc pas tenu ses promesses.
Et Rokit a même demandé à ce que les anciens dirigeants de Williams, dont Claire Williams et Mike O’Driscoll (ancien PDG) et Doug Lafferty (ancien directeur financier) se défendent nommément dans cette affaire, à la barre ou non.
Williams aurait menti à Rokit sur sa compétitivité...
En détail, Rokit assure que ces représentants de Williams auraient assuré, « le ou vers le 18 janvier 2019 au siège de Williams Engineering à Grove » que leur nouvelle voiture pour 2020 « avait des capacités de performance à la pointe de l’industrie, y compris un moteur Mercedes-Benz, et aurait d’excellentes chances d’être compétitive. »
L’équipe aurait aussi assuré à Rokit que Williams « se classerait dans la partie supérieure du classement et ne serait pas plus lente que la voiture Williams F1 de 2018. »
Toujours selon Rokit, Williams aurait aussi promis que le recrutement de Paddy Lowe, en provenance de Mercedes, comme directeur technique, aiderait le développement en cours d’année.
Et pourtant, toujours selon Rokit, Williams aurait « intentionnellement et frauduleusement caché le fait que Williams Engineering n’avait tout simplement pas assez d’argent pour développer une voiture de F1 [suffisamment compétitive] pour faire l’objet d’accords de sponsorings à un niveau de pointe dans l’industrie. Les défendeurs savaient donc que la voiture de F1 qui ferait l’objet des accords de sponsoring n’avait aucune chance d’être compétitive, ou au moins de se placer dans la partie supérieure du tableau de classement, et ont activement caché ce fait aux filiales des plaignants ROK et RMI [Rokit]. »
Par conséquent, Rokit assure avoir « subi des pertes financières significatives et des dommages à leur bonne volonté et à leur réputation commerciale. »
Des dommages et intérêts en termes d’image que Rokit chiffre précisément : 149 528 550 dollars pile-poil !
Il est difficile tout de même de penser qu’un tribunal puisse vraiment juger que la compétitivité d’une équipe – qui dépend de la performance de toutes les autres équipes relativement – soit un argument juridique valable objectivement. Autrement, on se doute que les tribunaux se rempliraient vite de sponsors insatisfaits !
Si Williams n’a pas donné de promesse ferme sur le plan contractuel avec une clause de performance (par exemple, remboursement du sponsoring si l’équipe ne finit pas à telle ou telle place au classement des constructeurs), on ne voit pas comment non plus Rokit obtiendrait gain de cause. Après tout, un sponsoring est un investissement qui implique forcément une part de risque, en raison de la glorieuse incertitude du sport…
D’autre part, il demeure à voir si Rokit a des preuves tangibles des ‘promesses’ faites par Williams sur sa compétitivité (par écrit ou oral ?). Bref, cette attaque en justice ressemble à un contre-feu allumé qui aurait, a priori, bien peu de chances de passer pour autre chose que de la rancœur ou de la mauvaise foi.
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